Le petit chaperon rouge

Forcément en fouillant dans les bacs la couverture a fait tilt dans mon (petit) cerveau. « Ohhh mais ça me rappelle… Le Mot Interdit… bon sang mais c’est bien sûr ! » (vieux cerveau).

Vous avez sûrement lu ce fameux J’aime Lire écrit par Nicolas de Hirshching et été tourmenté vous aussi comme Thierry face à la société Tout-Gratis. Un univers fantastique dérangeant et qui marque la vie d’un jeune lecteur…

Ici, l’illustrateur passe au texte et revisite le conte traditionnel avec ce qu’il faut d’inquiétant. Pour se faire doucement peur mais sûrement…

J’ai été très troublée par la dédicace à l’ouverture « A la petite fille qui ne viendra pas… »

Ce livre m’a appelé.

Auteur / Illustrateur : Jean CLAVERIE
Edition : Mijade – Album – 32 pages – 5,20 euros
Année : 1994

 
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Mon stress monstre

(edl)

La frousse, la trouille, les miquettes, les jetons, les chocottes, les foies, les grelots… Ça vous parle à vous ? Parce que question peur, Max, il en connait un rayon, lui, et pas qu’un peu. D’ailleurs, il l’affirme haut et fort : « Moi, Max, je n’ai pas peur de le dire : j’ai peur. Le roi du stress, le prince de l’angoisse, ne cherchez pas : c’est moi. » Tiens, tiens… ça me rappelle quelqu’un… vaguement hein… (non pas que moi, j’ai des noms…)

Bref, dans la vie de ce jeune garçon de 10 ans, rêveur et nerveux, une peur indicible a pris bien trop de place et cela ne peut plus durer : il lui faut un remède. Devant cette urgence, un matin au petit-déjeuner à l’heure où la tartine tente le plongeon du 10m avec effroi, Max décide de s’ouvrir (non pas les veines) et d’en parler à ses parents. Mais voilà, quand on est considéré par ses géniteurs comme « un stressé de la vie depuis sa naissance », pas commode d’être écouté sérieusement, ils dédramatisent toujours tout. Surtout avec des parents à fond dans leur travail, dont les mains se sont transformées en smartphone à force de les tripoter en permanence et qui sont obnubilés par les devoirs. Passeraient-ils à côté de leur enfant ?

– Si tu travailles d’arrache-pied, m’assure mon père, tu iras loin, toi aussi.
Cette histoire de pieds arrachés m’a longtemps, elle aussi, paru mystérieuse. Et contradictoire avec le fait d’aller loin. 

Max a du mal à se concentrer, il a la tête ailleurs, il pense à des choses, des choses préoccupantes. Son monde est peuplé de monstruosités en tous genres, de questions apparemment insolubles sur le sens de l’univers, et il n’arrive pas à en parler. Même à l’école, c’est la catastrophe dès qu’il tente de se confier. Et dès que la nuit arrive, le cortège d’Angoisse & Cie se pointe sous la forme de sanglots terrifiants venant du grenier. Rien à voir avec une question d’isolation défectueuse, Max est persuadé que ce sont des fantômes. Son imagination lui jouerait-elle des tours ? 

 
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Charlotte et moi (Tome 1)

Très belle pépite découverte en bibliothèque !

Première BD d’Olivier Clert, qui a auparavant réalisé les story-boards des dessins animés « Un monstre à Paris » et « Le Petit Prince », et qui propose, ici, une histoire très bien rythmée, si bien… qu’IL FAUT VITE LE TOME 2 !!! Car cela s’arrête en plein suspens… (A priori en avril… patience, patience…)

Gus vient de déménager avec sa mère. Dans l’immeuble, il craint de passer à l’étage inférieur où se trouve une imposante femme qui l’impressionne beaucoup, Charlotte. Ce changement ne lui plait pas et fâché contre sa mère, il décide de partir à l’aventure.

De son côté, Charlotte est seule, après la mort de sa grand-mère qui l’a élevé un peu en ermite. Retranchée d’une certaine manière du monde réelle, Charlotte est introvertie et ne parle pas ou très peu. C’est une enfant dans un corps d’adulte bien trop grand pour elle.

Par un coup du sort incroyable, Gus et Charlotte vont se retrouver ensemble sur la route de Paris, l’un pour retrouver son père, l’autre pour connaître l’histoire de sa mère.

Une complicité commence à naître… Un traité graphique efficace, beaucoup de pudeur et de sensibilité, avec un vrai talent de coloriste. Gros coup de coeur !

À suivre…

 
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Alexandrin ou L’art de faire des vers à pied

Une jolie rencontre encore une fois… Au détour d’une table présentant quelques nouveautés à la Médiathèque Marguerite Yourcenar (Paris 15e, ehhh oui je suis une grande voyageuse… 😉 ), mon regard tombe sur ce personnage intrigant.

Un profil cyranesque (si, si, j’ai le droit, si je veux), ce rouge-gorge attentif posé sur cette épaule fatiguée, compagnon de route et d’infortune semble-t-il. Et ce doigt pressant une sonnette… L’action semble comme figée et pourtant j’entends presque le ding dong…

Un titre flamboyant présentant en un mot l’homme et son art… « L’art de faire des vers à pied »… Forcément, j’ai eu envie de pousser la porte de cette histoire… Et j’ai bien fait.

Alexandrin de Vanneville, poète des campagnes et des villes, arpentant les chemins et les villes, de terre ou de bitume, par vent et par la pluie, sans me taire et sans amertume, je survis en proposant ma poésie.

Poète ambulant, Alexandrin survit en faisant commerce des vers qu’il compose. Grand échalat au style aristo et sans le sou, il sonne aux portes, parfois chanceux d’une piécette, parfois chassé d’un coup de pied. Une vie qui ne rime à rien bien qu’il ne puisse pas faire autrement que parler en vers, même pour lui-même.

La chronique d’un vagabond au destin ordinaire ?

Sur sa route chaotique pour survivre, il croise Kévin, un jeune garçon qui vient de fuir sa famille. La faim rapproche les deux vagabonds, puis le dialogue commence, les mots de l’un tentent de soigner les maux de l’autre, ils s’apprivoisent. Une amitié nait doucement : Alexandrin décide d’initier ce jeune fugueur aux arts de la poésie et de la débrouille.

 
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La retraite de Nénette

Les enfants parisiens connaissent bien ce lieu un peu étrange, hors du temps, qu’est la ménagerie du Jardin des Plantes. Un endroit où les petits urbains peuvent découvrir différentes espèces animales, malheureusement enfermées et avec peu d’espace libre. Depuis que je suis enfant, j’ai toujours été aimantée par l’enclos entièrement vitré des orangs-outans. Rien que l’évocation du nom de l’animal, énigmatique, me projetait dans un univers imaginaire très riche… On collait son nez sur la paroi, et si, par chance, l’un d’eux était près de vous, il était alors possible de poser, délicatement, sans geste brusque, sa main à plat sur la vitre en espérant qu’il ou elle pose aussi la sienne. Et l’on entrait ainsi en contact, en silence. Impressionnant échange compte tenu de la taille imposante de ces mammifères.

Nénette était l’une de ces orangs-outans, j’ai donc eu sans doute la chance de croiser son regard triste un jour de promenade dans cet endroit où j’aime toujours me retrouver. Un lieu de l’enfance, privilégié, un peu comme un refuge, un espace-temps régressif, délicieux à déguster, encore et encore.

Ce fut donc comme une évidence que le livre de Claire Lebourg me fit de l’oeil, au détour d’une étagère lors de la conférence de presse de l’école des loisirs. Petite boule orange acidulé, entourée de feuilles automnales, Nénette m’a appelé : Viens, emmène moi… et le souvenir de ces après-midi au Jardin des Plantes a ressurgit. J’avais l’impression que ce livre était là pour moi, qu’il m’attendait. Avec émotion, j’ai caressé la couverture aquarellée et j’ai plongé dans le récit poétique et touchant de cette grande Dame de Paris. J’ai tourné les pages, j’avais 8 ans…

 
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