Derrière le rideau

Le rideau se lève sur une enfance. Une enfance qui pousse en 1937, en pleine montée de l’inhumanisme qui conduira au pire de cette 2de Guerre Mondiale.

Yaël a 8 ans, un âge qu’on aimerait être préservé des horreurs des adultes. Elle vit dans un village provençal avec sa petite sœur Emilie et sa famille. Une famille dont elle ne comprend pas encore les secrets ou du moins les non-dits.

Il est question d’un rideau qui cache une certaine vérité, de la signification d’être goy ou juif.

Il est question d’identité en construction qui va être confrontée à la violence et l’aveuglement idéologique.

Il est question d’une prise de conscience de la douloureuse réalité de cette période trouble et sidérante.

Il est aussi question d’étapes dans la vie d’une jeune fille, de fragilité et de forces, de peurs et d’espoir, d’injustices sanglantes.

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Au nom de Catherine

Déjà fan du travail de Mayalen Goust, je suis tombée en admiration devant l’univers et l’ambiance qu’elle a créé dans ce roman graphique véritablement touchant.

À la fin du précédent tome adapté du roman de Julia Billet, « La guerre de Catherine », Rachel devenue Catherine part vivre avec Etienne, après le succès de son expo photos à Paris. Elle sait qu’elle va devenir photographe. Le début de ce deuxième volet voit le retour de Catherine dans sa famille, un an après. Avec Etienne, ce n’est pas ça, des rêves différents, des attentes différentes. La jeune femme se lance comme photographe professionnelle. Dans une France tout juste sortie de la Libération, elle enchaîne les reportages à succès. Mais les traumatismes de son passé continuent de la hanter. Un vent de liberté souffle sur les choix de Catherine. Elle s’ouvre progressivement au monde, par des rencontres décisives et des relations d’amitiés fortes. Une femme artiste est en train d’éclore, une femme engagée, une femme déterminée, une femme courageuse dans un monde qui demande encore de se battre pour ses idées et pour toujours plus de paix.

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Voleuse

Une belle surprise pour ce roman graphique oneshot dont la couverture m’intriguait depuis quelques temps déjà.

On y suit Ella, une jeune lycéenne un peu rebelle, super pétillante et toujours prête à faire la fête plutôt qu’étudier. Ce qu’aime par dessus tout Ella, c’est regarder la mystérieuse et craquante Madeleine, sans se faire remarquer. Mais un brin timide finalement Ella la fêtarde.

Un matin, elle se réveille après une soirée bien (trop) arrosée avec une gueule de bois en teck massif. Balckout total, elle ne se rappelle plus de ce qui s’est passé la veille ni pourquoi son lit est jonché d’objets rares et luxueux qui ne lui appartiennent pas.

C’est là que Madeleine débarque chez elle. L’attirance est réciproque, ça sent le love ! Madeleine confie alors à Ella que la veille au soir, elle s’est fait voler des objets à la fête qu’elle avait organisée chez ses parents.

Oups…

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La Dame Blanche

Estelle est une jeune femme d’une trentaine d’année. Infirmière dans la maison de retraite « Les Coquelicots », elle accompagne les résidents, ceux en fin de vie comme ceux touchés par la maladie d’Alzheimer.

Attentive à leurs besoins au quotidien, elle jongle entre les soins, des parties de cartes et les patients qui s’éteignent dans la solitude. Avec beaucoup de douceur, de bienveillance et de dévouement, elle n’hésite pas à tisser des liens forts et intimes avec ces femmes et ces hommes fragilisés. Son investissement est de plus en plus fort chaque jour, un risque de se perdre elle-même ?

« On est les dernières personnes qu’ils vont voir avant de mourir ».

Après « Appelez-moi Nathan », écrit par Catherine Castro, c’est avec plaisir qu’on retrouve le travail sensible de Quentin Zuttion pour un sujet important, encore une fois traité avec beaucoup de justesse et de pudeur.
Qui sont ces Dames Blanches de l’ombre, celles et ceux qui s’occupent de nos anciens et qu’on considère parfois comme faisant partie du décor? Qui prend soin d’elles, d’eux ?  

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Grand silence

Depuis sa sortie en juin dernier, ce livre me hante. Beaucoup d’avis enthousiastes, des libraires, des lecteurs et pourtant un malaise qui persistait.

Une peur, plutôt. La peur de se confronter à un sujet si grave et qu’il ne faut pourtant absolument pas taire : les violences sexuelles commises sur les enfants.

La postface de Théa Rodjzman est édifiante, les chiffres sont insupportables et pourtant ce roman graphique a trouvé la manière d’aborder le sujet sans voyeurisme ni violence. 

« Sur une île inconnue où vivent des humains qui nous ressemblent, une sorte d’usine géante œuvre depuis toujours. Cette étrange usine a pour mission d’avaler les cris rendus muets des enfants. Elle s’appelle Grand Silence… »

Dès les premières pages, le ton est donné, un parti pris chromatique enveloppant, parfois inquiétant, parfois bienveillant, toujours empreint d’intelligence. Ce « conte » tel qu’il a été défini par l’autrice traite ce sujet si délicat et grave sans brutalité ni complaisance.

Un ouvrage puissant qu’il est nécessaire d’ouvrir pour se plonger dans ces douleurs dont on étouffe les cris et nous aider à libérer la parole, la voie/x qui permettra de dire l’indicible, de dénoncer l’insupportable, d’ouvrir les yeux sur une réalité qui ne devrait pas l’être.

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