Le vilain petit machin

J’avais adoré « Le Grand Grrrrr », pour le ton humoristique et poétique et pour cet univers graphique en mode crayons de couleurs hyper expressif.

Alors joie de retrouver le trait de Marjolaine Leray pour une réécriture savoureuse du célèbre conte d’Andersen (mais si vous l’avez deviné, une histoire de canard… Voilà !).

Au fil des pages, on suivre cet petit œuf qui, après avoir éclos et donc disposé de pattes et d’un bec, se retrouve grandir dans une famille de canards qui ne parait pas lui ressembler.

« Notre regard s’arrête aux surfaces des choses,
Et il en faut bien peu pour les teinter de rose,
Ou de noir, ou de vert,
Ou de gris, ou de bleu.
Foin d’énumération longuette,
Je ne vais pas ici décliner la palette !
Bref.
Se fier aux regard des autres peut nous rendre très malheureux. »

Le texte sous la forme de vers enchâssés, librement et ponctué d’humour, est habillé par les illustrations souvent pleine page, aux teintes noires et blanches, teintés de touches de jaune et rouge vifs, renforçant le contraste entre notre petit héro et les autres.

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Un monde si grand

Quand Séverine Vidal a commencé à évoquer une adaptation BD de son roman Peppö, tout l’univers de ce jeune garçon livré à lui-même dans ce camping un peu décati a ressurgit. C’était déjà un coup de cœur et il me tardait de le retrouver lui, les « dodus » et la brochette de personnages hauts en couleurs hyper attachants.

Ce qui m’avait le plus séduit dans le roman était déjà la plume de cette autrice que je suis depuis longtemps et qui sait si bien retranscrire les émotions à fleur de peau de cette adolescence qui bouillonne, qui pulse de doutes et d’envie de liberté à tous prix.

J’avais donc fait la rencontre de Peppö, adolescent un peu tombé du nid, confronté malgré lui à des responsabilités d’adultes. On suivait au fil des pages des tranches de vie dans un monde un peu bancal, un peu fouillis, où Pëppo surnage comme il peut.

En effet, si la vie est simple pour cet ado pas prise de tête, c’est-à-dire un coin de mer pour surfer, du travail à petites doses, quelques frites et un croissant de la veille, des voisins de caravane un peu cabossés par la vie, tout va basculer le matin où sa sœur Frida s’éclipse lui laissant ses bébés, des jumeaux, sur les bras. Pour combien de temps ? Qui sait ? Il va falloir grandir très vite.

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Papa

Après Maman et Amoureux, Quentin Greban revient avec un nouvel album toujours accompagné des mots d’Hélène Delforge dressant des portraits de pères et de leurs enfants.

Dans Maman, le sujet disait qu’il y avait autant de mères que d’enfants, ici aussi, il est question de rendre hommage aux pères. « Il y a tant de papas différents‚ mais tous souhaitent la même chose : que leur enfant soit le plus heureux du monde. »

On retrouve le même concept d’une page de gauche posant des mots comme un poème bienveillant et une page de droite telle un tableau mettant en scène une représentation entre un père et ses enfants.

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Groun Grount

J’avoue, j’ai craqué pour le titre. Intrigant, forcément. Mais j’ai aussi été séduite par la couverture et cette représentation rupestre stylisée très moderne, façon fusain et sanguine. Enfin, mon œil a repéré un gage de qualité, une maison d’édition indépendante qui propose toujours des ouvrages d’une grande beauté artistique.

Tournons la première page de cet album et suivons le quotidien d’une tribu de chasseurs-cueilleurs du paléolithique. Comment se déroulait la vie à cette époque ? Préparation des repas, chasse, éducation des enfants, transmission des compétences, échanges des sentiments, Alice Bossut présente la vie d’une famille autour d’une femme en particulier. Pas de texte ici, toute l’émotion des scènes et des rebondissement que vivent les personnages est véhiculée par les illustrations.

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La case 144

Je crois que c’est encore une fois la force d’une couverture qui m’a attirée et donné envie de lire cet album. Il est sorti en mars dernier mais c’est une histoire qui se passe en été, alors je vous invite à cheminer avec Lia vers la case 144 pour découvrir ce qui s’y passe.

Lia a huit ans et pour s’occuper pendant l’été, elle voulait une idée amusante : explorer la ville. Mais pour éviter de se perdre, elle décide de dessiner un long jeu de marelle sur les trottoirs. Ainsi, case après case, elle fera le tour de la ville.

Au fil des cases et des jours, Lia s’aventure toujours un peu plus loin, appréciant les vitrines odorantes du fleuriste comme celle de la galerie d’art, ou encore la confiserie. Sautillant de case en case, elle avait l’impression de posséder les trottoirs de son quartier. Mais plus qu’une craie et il faudra attendre pour que sa mère puisse lui en offrir à nouveau.

Pour éviter que son parcours disparaisse, Lia continue jusqu’à la case qui aurait dû porter le numéro 144, mais un vieil homme l’occupe sur un étrange tapis en carton qui ne semble pas volant pourtant. Intriguée, la petite fille décide d’attendre la journée que ce personnage mystérieux sans chaussures et dont la tasse sur le sol ressemble à une lampe de génie s’en aille de sa case à elle. Piquée par la curiosité, elle commence à lui parler même s’il ne semble pas la comprendre. Et si elle pouvait exaucer son vœu d’avoir de nouvelles craies ? Mais comment 
amadouer le génie ?

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