L’été de la reine bleue

La France, dans un futur proche. Les grandes villes et leurs périphéries sont devenues irrespirables. Le centre de Paris a été mis sous cloche, une « bulle » avec de l’air artificiel, et seule une élite peut y vivre.

Le récit épistolaire d’une adolescente qui, souffrant de plus en plus de difficultés respiratoires, est envoyée par sa mère dans un Institut à la campagne, non loin de l’océan. Un déchirement pour celle qui aime tant la ville, son agitation, son énergie, son « centre », bien que toxique.

Pour supporter cet exil forcé mais nécessaire à sa survie, elle écrit à son amie Chloé. Dès qu’elle le peut, elle lui envoie le récit de sa journée dans cet endroit si éloigné mais où le bleu du ciel parait être bien réel, où on peut distinguer des étoiles, où on peut à nouveau respirer.

Elle n’est pas seule dans ce centre même si elle se sent isolée. Les contacts n’ont pas l’air si évidents. C’est là qu’elle va faire la rencontre de Jill, une fille mystérieuse et étrangement magnétique aux cheveux bleus et qui semble cacher un secret.

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Ton absence

« On s’en fiche. Dans la quiétude de l’instant, tout fait plus fort que vrai. Et c’est ce qui compte. »

Et quand on aime ?

Lors d’un stage BAFA, Léopold retrouve la bande de potes, la Côterie comme ils disent. 17 ans et la fougue en étendard. Une chance d’être ensemble pour ce stage dans le Cantal, même si la consigne est de se mélanger.

Mais tout commence par une image, captée par Léopold, narrateur troublé. La première image incrustée dans sa mémoire de celui qui a rejoint le groupe au départ du bus : Matthieu. Un visage estompé par les reflets du pare-brise, un vieux t-shirt rose élimé, des Converse bleu clair. Un souvenir douceur, le premier, celui d’un départ pour Léopold, là où tout démarre. Matthieu, son « kilomètre zéro ». Une allure féline, un « imperceptible décalé » dans la silhouette.

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Seuls resteront le vent et la poussière

« Dans l’Ouest sauvage, il n’existait que deux possibilités lorsque deux personnes se rencontraient : une poignée de main ou une poignée de plomb. »

1870. L’Amérique dans tous ses contrastes.

Tu l’entends l’harmonica déchirant et le bruit des sabots au loin qui se rapproche ? Tu le vois le nuage de poussière qui se forme à l’horizon ? Tu la sens la morsure du soleil qui dessèche tes lèvres déjà craquelées ? Tu perçois l’immensité du désert et ses dangers qui peuvent surgir à tout instant ? Tu la renifles l’odeur acre et persistante de cette vengeance assoiffée de sang ? Elle rôde, non loin ; elle avance, tapie dans l’ombre.

Alors c’est que toi aussi, tu as bien plongé entre les pages du deuxième volet de la Trilogie de la Poudre dégainé avec brio par Taï-Marc Le-Thanh. La chevauchée va être intense et chaotique, gringo, accroche-toi à ton Stenson !

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Ilos – T.1

Destination Marseille, en 2052.

Le paradis ? Pas si sûr. Les eaux ont englouti une partie de la ville à la suite de huit tsunamis causés par les dérèglements climatiques. Ambiance post apocalyptique ou simplement très réaliste ? 2052, c’est à portée d’une génération. Si proche, si inquiétant. Dans cette ville à demi-immergée règnent les inégalités sociales les plus exacerbées, une atmosphère étouffante où la canicule est le lot quotidien des habitants, et où le danger est omniprésent. Mer infestée de méduses mortelles, ruelles où les rats pullulent, fièvres infectieuses causées par la prolifération des insectes, trafic pour survivre. Dans la crainte d’un prochain raz de marée, la ville est pourtant en effervescence pour l’organisation des jeux d’hiver. Un contraste révélateur édifiant.

C’est dans cette chaleur écrasante qu’on fait la connaissance de Gal et de sa sœur Nolanne, adolescents plongeant en apnée pour dénicher des objets rares dans les maisons immergées et ensuite les revendre afin de gagner de quoi survivre. Même pas 18 ans, si jeunes et si talentueux dans leur discipline que le Commodore, figure puissante et sombre de la cité phocéenne, ordonne à Gal de récupérer un mystérieux objet dans les profondeurs de la ville. Et tout s’accélère car Gal ne remonte pas à la surface. À partir de là, on prend une grande inspiration et on plonge dans un thriller haletant et inquiétant aux côtés de Nolanne, bouleversée mais déterminée à venger son frère.

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De délicieux enfants

Forcément, quand un nouveau texte de Flore Vesco parait, la lectrice groupie que je suis est dans tous ses états. Et quand il s’agit de revisiter un nouveau conte, alors la curiosité est à son comble. Dès le prologue, le ton est donné « une histoire d’ogre et de caillasse… la bonne blague ! » (…) « Dans ma chanson, il y aura des larmes, de la bile, des méchancetés et des enfants crus ». Les ingrédients pour bien trouiller. On en a l’eau à la bouche et les poils qui se hérissent, car on voit surgir l’ombre originelle du Petit Poucet et de l’Ogre, ainsi que son cortège de souvenirs d’enfance effrayants liées aux illustrations de Gustave Doré.

« Cela fait des jours que les écuelles sont vides, tout comme les estomacs. Dans leur maison au fond des bois, le père et la mère désespèrent de nourrir leur chère progéniture. Sept bouches voraces. Sept enfants espiègles qui ont déjà bien grandi. Sauf Tipou. Difficile de trouver sa place, quand on en prend si peu… Du haut de ses treize ans, Tipou rêve d’aventure. Cela tombe bien : la forêt noire et profonde cache d’inquiétants mystères. Qui sème ces feuilles et baies sanglantes ? Pour le découvrir il vous suffit, à vos risques et périls, de suivre les traces… »

Or, ce n’est pas juste un détournement que nous propose Flore Vesco, ce n’est pas une cabriole cabotine d’adaptation du conte, c’est un récit vibrant, actuel et viscéralement engagé, écrit dans un style d’une très grande force, sans artifice, où l’humour grinçant titille la noirceur du genre humain. Comme elle l’explique, le conte, cette culture partagée, est une matière malléable qui en passant au roman ouvre la voie à l’interprétation, au symbolique.

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