Sillage

Quel titre ! Quelle couverture ! Quel voyage multisensoriel !

Alchimiste absolue des mots-sensations, Joanne Richoux nous livre ici avec Sillage un texte d’une fougue incandescente, d’une poésie enivrante à se pâmer, d’une sensualité à fleurs de peaux qui palpitent, se hument et se dévorent.

Dans une adaptation contemporaine rock, désinvolte et jubilatoire du Parfum de Süskind, on suit le personnage de Jade, jeune femme de 19 ans arrivée fraichement de sa Bretagne à Paris pour tenter de réaliser son rêve, travailler dans la parfumerie. Jade est une sensitive, les odeurs la traversent et constituent depuis longtemps une bibliothèque olfactive intérieure qui l’anime.

Ivre de liberté, elle découvre la capitale, ses dangers et ses plaisirs, puis percute la trajectoire de Victor, lunatique insaisissable à la fragrance troublante qui lui troue le cœur. Elle dérive, somatise et se perd dans ces effluves amoureuses toxiques. Et puis, un sursaut de vie, la rencontre avec Zacharie Mignard, ce génial artisan parfumeur, mentor inespéré qui voit dans sa spontanéité la folie du génie créateur.

Une révélation ? Celle d’un parfum voluptueux, fatal et résolument unique ? Où trouver l’inspiration si ce n’est au plus profond des êtres qui vous hantent, même si cela signifie briser les interdits ?

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Diabolo Menthe

Au scénario celle qui l’a créé, Diane Kurys, et aux crayons, Cathy Karsenty

Se replonger dans les années 60 d’Anne, Frédérique et leur mère, dans ce fameux lycée Jules Ferry, dans cette France pas encore bouillonnante mais presque.

Lire les phylactères en entendant la chanson de Yves Simon forcément, la voix et la bouille d’Eleonore Klarwein, les scènes mythiques de la prof de sport coincée, du démaquillage sadique de la prof de dessin, la gifle des règles, du cri de honte d’une mère qui hurle « ma fille est une voleuse »…

Et toute cette mise en lumière de l’adolescence qui se cherche dans une société encore bien rigide.

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Ô Sisters

Un road-trip à travers la France, pendant un été en pleine période bouillante des années 70 avec une bande son mythique, ça vous dit ? Moi, oui !

Dès la couverture (bravo pour la composition !), j’ai eu envie de plonger dans cette histoire aux teintes Flower Power. Mais c’est surtout l’écriture de Cécile Roumiguière associée à celle de Julia Billet qui m’intriguait.

Un récit à quatre mains pour donner la voix à plusieurs femmes, sur trois générations, et révéler des secrets de famille, forcément, ma curiosité a été piquée.

1974. Deux jeunes filles, Janig et Macha, même âge, mêmes yeux bleus pailletés d’or, mais deux vies différentes à des centaines de kilomètres l’une de l’autre. Janig vit à Narbonne au milieu des vignes et s’ennuie profondément dans cette école de secrétaire qui est bien loin de la vie à laquelle elle aspire, une vie où la musique et la chanson pulsent au plus profond d’elle-même. Macha étouffe dans son lycée militaire parisien où elle est pensionnaire. Tout comme la société qui les entoure, elles rêvent de liberté.

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Les enfants véritables

La lecture du précédent roman, « Il est juste que les forts soient frappés », m’avait profondément marquée, au point que la voix des personnages résonnaient encore dans mon esprit.

Une histoire d’amour troublante, familiale et intime, urgente et douloureuse, glaçante et lumineuse pourtant. Et cette voix, ce point de vue externe qui permet de faire le tour des situations, d’entrer dans le cœur des personnages comme de prendre de la hauteur pour mieux les comprendre. Un récit vibrant en somme. D’où le désir de retrouver rapidement Théo et ses proches.
Alors, ce fut une plongée auprès de ces « enfants véritables », un titre qui interroge chacun de nous finalement.

On retrouve Cléo qui a rencontré Théo, deux accidentés de la vie, bien décidés à lutter pour leur droit au bonheur. Chacun avec ses blessures et ses failles, chacun en reconstruction finalement. Il est question d’amour encore, forcément car il pulse au fil des pages, dans ce récit autour de la vie et des proches de Cléo et de Théo. Mais il est surtout question des liens entre parents et enfants, plus puissants que juste ceux du sang.

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Il est juste que les forts soient frappés

Enfin je me plonge dans ce texte, il me fallait trouver le bon moment. Car je sens que ce livre va me serrer le coeur et les tripes. Je veux croire en cette « redoutable puissance du bonheur ».

***

Et voilà, tout juste fini : je vis très souvent intensément mes lectures, comme des expériences de vie qui construisent, qui posent des petites briques au fut et à mesure, soit d’une maison soit d’une route. Le souffle de ce texte m’a emporté, bouleversée par les épreuves de ces personnes rencontrées entre les pages et suivies ligne après ligne. Des larmes arrachées, la gorge serrée car cette voix sonne si juste, si vraie, troublante de vibrations de sursauts de vie et d’espoir. Quel texte ! Touchée en plein coeur. 🙏

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