La série Gudule, la collection La Fée Baguette, les enquêtes de Mirette et Jean-Pat, les aventures de Cucu la Praline, vous connaissez, évidement ! Quelques uns des centaines de titres phares de Fanny JOLY, une auteure passionnée et passionnante. À l’occasion de la sortie de son nouvel album Vingt Coeurs illustré par Christine Davenier, aux éditions Clochette, nous avons poussé la porte de cette « fabriqueuse d’histoire » qui nous a confié ses impressions et souvenirs sur ce livre qui lui tient particulièrement à coeur.
.
La Licorne à Lunettes : Ce nouvel album aborde tout en douceur des thèmes graves comme la méfiance de l’étranger, de l’autre, l’individualisme mais également la force de l’amitié et de l’entraide. Ces sont des sujets qui semblent vous tenir à cœur. Comment vous est venue l’idée de raconter cette histoire ? Quelles ont été vos sources d’inspiration ?
Fanny JOLY : Ce thème me tient à coeur, en effet. Je suis d’une famille nombreuse. L’entraide et la solidarité ont toujours été très présentes dans notre vie familiale. Les grands aident les petits. Et réciproquement parfois. Source de progrès et de joie. J’aime le travail d’équipe, communiquer, partager. Je crois être aidante et confiante de nature… J’enseigne depuis 10 ans le Français Langue Etrangère à des adultes du monde entier, en cours du soir, en tant que bénévole dans une association parisienne. Je suis pleine d’admiration pour mes « étudiants ». Ils quittent leurs racines d’origine pour de vraies raisons et l’espoir d’une vie meilleure. À mon modeste niveau VINGT COEURS est un hommage que je leur rends, une métaphore de ce que j’espère pour eux, de tout mon coeur…
La Licorne à Lunettes : En quoi, selon vous, ce format album avec une large place consacrée à l’illustration permet-il plus facilement d’engager la discussion entre les parents et les enfants, plutôt qu’avec un roman ?
Fanny JOLY : VINGT COEURS s’adresse aux enfants à partir de 3-4 ans et sans limite supérieure à tous ceux qui gardent un regard d’espoir, proche de l’enfance. Les images de Christine Davenier (dont le talent a été le déclic d’écriture de cet album, voir plus bas) sont un formidable passeport pour la beauté, la douceur, la joie… La transposition aux animaux permet de capter les enfants. La petite leçon d’humanité qui est derrière notre traversée sera décryptée, ou pas. Je fais confiance aux lecteurs 🙂
La Licorne à Lunettes : L’écrivain est souvent défini comme un « passeur ». Quelle est votre mission, en tant qu’auteure, selon vous ?
Fanny JOLY : Le mot « mission » m’intimide. Je me sens une artisane, une petite fabriqueuse d’histoires. La lecture est un bonheur inépuisable et une force pour toute la vie. La progression des enfants dans l’apprentissage de la lecture passe à mes yeux par le PLAISIR. On avance et on dévore des histoires qui vous accrochent, vous touchent, vous entrainent, vous font frissonner, vous font rire. En y plongeant, on progresse en lecture sans même s’en apercevoir. Si j’ai une missionnette elle est là, à mes yeux : offrir aux lecteurs des histoires « aimables », dignes d’être aimées…
La Licorne à Lunettes : Quel est votre rapport à l’écriture ? Avez-vous un petit rituel ?
Fanny JOLY : Écrire me fait pas mal souffrir, paradoxalement, vu que mon registre est l’humour. Je me trouve nulle. Je brouillonne comme une perdue. Chaque fois que je commence un projet j’ai l’impression de que je n’y arriverai jamais. Au fil du labeur (je n’hésite pas à employer ce mot, exprès) ça s’arrange en général, je ne suis pas maso quand même. Mais rien n’est donné.
À part ça, je n’ai pas de rituel. Je peux travailler n’importe où, du moment que j’ai des boules Quiès pour ne plus entendre la vraie vie, quelques feuilles de brouillon (le plus moche possible) et un stylo-bille de base. L’expérience et mes lectures psy m’ont montré que si je fais du sport avant de me mettre au travail, ça marche plutôt mieux. Pas que je sois une sportive férue. Non, non. Mais souvent je me botte les fesses pour marcher nordiquement, pédaler sur mon vélo ou nager de bon matin, et ma foi, finalement, c’est presque devenu une habitude 🙂
La Licorne à Lunettes : Comment avez-vous travaillé avec l’illustratrice Christine Davenier ? Avez-vous une anecdote particulière ?
Fanny JOLY : J’adore le travail de Christine Davenier, depuis le 1er dessin que j’ai vu d’elle. Chaque fois que je la croise dans un salon, je lui dis mon enthousiasme. Chaque fois, elle me répond qu’elle aime mes textes et que ce serait bien qu’on travaille ensemble, un jour… « La crois pas, c’est par politesse » me souffle une petite voix dans ma tête. Bon. Au printemps 2016, au Salon de Franconville, Christine dédicaçait et moi aussi. Je suis allée lui dire mon enthousiasme (comme d’hab). Ce faisant, j’ai repéré sur sa table un dessin qui m’a scotchée : un garçon ramant sur une barque chargée d’animaux de la ferme… Magnifique ce dessin, c’est pour un livre ? j’ai demandé. Non non, m’a-t-elle répondu, c’est juste un dessin libre, pour mon agent américain (elle travaille beaucoup aux USA) et elle a ajouté : Tu crois que ça t’inspirerait pour une histoire ? Mon coeur a bondi oui oui oui. Elle m’a confié le dessin et glissé que Maureen Dor (Editions Clochette) aimait aussi ce dessin et que si j’écrivais un texte, on pourrait lui proposer le projet. Ça s’est passé pile comme ça. Un an après, le livre est là, dont la couverture est un garçon ramant sur une barque etc… Inutile de vous dire que cet album me tient particulièrement à coeur.
La Licorne à Lunettes : Un petit scoop ? Des nouveaux projets en préparation ?
Fanny JOLY : Suite de l’anecdote ci dessus : mercredi dernier lors d’une interview que nous faisions Christine et moi pour la sortie de VINGT COEURS, elle a lâché, l’air de rien, que ledit DESSIN, sur sa table de dédicaces, à Franconville, elle l’avait posé À DESSEIN, dans l’espoir que je le remarquerais ! Je ne sais pas si c’est un scoop mais ça m’a doublement touchée. Des projets ? J’en ai plusieurs, pour ma joie. Projets destinés aux petits, aux moyens, aux grands. Dont certains avec Christine. Croisons les crayons. Je rentre de Pologne un peu dopée. Là-bas, Alinka Pralinka cartonne (Cucu la Praline traduite). Les médias et lecteurs locaux me disent qu’elle est la meilleure cousine du Petit Nicolas 🙂 Dois-je le croire ? Est-ce par politesse ?
Nous, on en est sûr ! Un talent internationalement reconnu ! Un très grand merci à Fanny JOLY pour ces échanges, précieux moments et confidences d’une auteure qu’on aime tout particulièrement.
À suivre…
Lire également l’interview de Fanny JOLY (en cliquant ici) qui nous parle de ses lectures d’enfance
Lire nos chroniques des livres de Fanny JOLY :
– Vingt coeurs, avec Christine Davenier, aux éditions Clochette.
– Superminouche, avec Caroline Hüe chez Gallimard Jeunesse Musique.
– Cucu la praline gagne le gros lot, avec Ronan Badel chez Folio Cadet.
– Les enquêtes de Mirette et Jean-Pat : Panique à Paris, avec Laurent Audouin, chez Sarbacane.