Plus jamais petite

Quel titre saisissant ! Le constat définitif de la fin d’une enfance en trois mots. Quel texte percutant ! Quelle justesse que cette voix vibrante qui dit l’innommable !

La sortie d’un texte de Séverine Vidal est comme un rendez-vous avec un proche, on se réjouit de la rencontre, on écoute la confidence, on partage un moment d’intimité et on ressort enrichi intérieurement.

Comme souvent avec la collection Court Toujours, je choisi d’écouter le texte pour une lecture plus immersive. Un récit initiatique qui prend aux tripes? Un moment charnière de vie adolescente ? C’est exactement ça, encore une fois.

Il s’agit d’une voix qui s’élève, celle de Lucie.

Lucie attend, seule, dehors sur un banc, devant la porte de la maison d’arrêt où est enfermé son père. Elle a décidé, cette fois, d’y aller. Déterminée, elle espère que la confrontation lui permettra de se libérer de ses souvenirs douloureux, de son enfance gâchée, de ce père monstrueux qui n’en est pas un. Mais est-elle prête à affronter celui qui lui a fait tant de mal ? Et moi, impuissante lectrice, suis-je prête à me confronter à la douleur de Lucie abusée ?

Première ligne : « J’attends mon heure ». Le ton est donné. Ce sera fort, ce sera rude, ce sera une lecture les dents et la gorge serrées. Il y aura un avant et un après.

À quelques minutes du face à face, Lucie convoque « cette mémoire en morceaux » de son enfance et s’adresse directement à cet homme destructeur qu’elle ne peut appeler Papa.

Page après page, on écoute en apnée ces souvenirs déchirants froidement analysés qui mettent en lumière l’impensable. C’est glaçant de réalité et de lucidité, mais sans aucun voyeurisme.

Avec une grande pudeur et beaucoup de courage, la voix de Lucie s’intensifie. On la sent animée d’une pulsion de vie pour sortir enfin de l’obscurité, la tête haute. Un filet de lumière peut-il percer ?

Une écriture droite qui vient du cœur et qui touche directement comme un coup à l’estomac. Libérer la parole encore une fois pour que la vie gagne. Merci pour ce texte puissant qui touche profondément.


Autrice : Séverine VIDAL
Edition : Nathan – Collection Court Toujours – 64 pages – 8 euros (première édition 2010)
ISBN : 9782092494172
Année : Septembre 2022

De la même autrice :

– Le goût du temps dans la bouche – Littérature Adulte (Chroniqué ici)
– Sous ta peau le feu – Nathan (Chroniqué ici)
– Tu reverras ton frère – Collection Court Toujours Nathan (Chroniqué ici)
– George Sand Fille du siècle avec Kim Consigny (Delcourt BD) (Chroniqué ici)
– L’été des perséides – Nathan (Chroniqué ici)
– Le plongeon avec Victor Pinel chez Grand Angle (BD) – (Chroniqué ici)
– La maison de la plage avec Victor Pinel ( BD) – (Chroniqué ici)
– Mon héroïne – Collection Court Toujours Nathan (Chroniqué ici)
– Pëppo chez Bayard (Chroniqué ici)
– L’école à l’envers chez Nathan
– Nos coeurs tordus (1 et 2) – Bayard
– Magic Félix chez Jungle
– L’affaire du tag, illustré par Gilles Freluche – Larousse
– Les aventures de Robinson et Crouton, illustré par Vincent Sorel – Auzou
– Frileux, l’ours qui n’aimait pas l’hiver, illustré par Marc Majewski – Sarbacane
– Tandem , illustrations Irène Bonacina – La Joie de Lire
– 16 nuances de première fois – Eyrolles – Collectif
– June et Jo toujours, illustré par Amélie Graux – Gallimard Giboulées
– L’insupportable journée (géniale) de Michel, illustré par Tanguy Loridant – Le Diplodocus
– Les aventures de Tiago, illustré par Laurent Audouin – Magnard Jeunesse
– J’ai  vu un lion ; Je veux un grand frère ;  – Milan
– Gustave et Céleste avec Anne-Gaëlle Balpe, illustré par Terkel Risbjerg – La Palissade
– Sur mon fil – Milan
– Les petites marées avec Victor L. Pinel – Les enfants rouges 
– L’attrape lune avec Barroux – Mango Jeunesse
– La Drôle d’évasion – Sarbacane
– L‘oeil du pigeon, illustré par Guillaume Plantevin – Sarbacane
– La Drôle d’expédition – Sarbacane
– Quelqu’un qu’on aime -Sarbacane
– Ma tête ailleurs avec Pauline Comis – Kilowatt
– Philo mène la danse – Talents Hauts
– Il était deux fois dans l’Ouest – Sarbacane
– Huit saisons et des poussières – illustrations Anne Montel – Les P’tits bérets
– J’aime mes cauchemars – illustré par Amélie Graux – Gallimard Giboulées
– Sale temps pour la tribu avec Sandrine Beau et Anne-Gaëlle Balpe, illustré par Jess Pauwels – Frimousse
– Mon secret rit tout le temps, illustrations Vanessa Hié – Kilowatt
– Billie du Bayou illustré par Ronan Badel – Editions Elan Vert
– Les aventures de Prune !, illustrations Kris di Giacomo – Frimousse

 

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