Kadogo

(c) Des ronds dans l’O

À quoi rêve un enfant de 11 ans le jour de son anniversaire ?

Jouer au foot dehors avec ses copains ? Aller au cinéma pour voir les exploits des super-héros ? Faire la fête en famille autour d’un gâteau en forme de guitare ? Sauter dans l’eau depuis un spot vertigineux ? Sans doute des milliers de choses, très différentes, au quatre coins du monde. Des rêves d’enfant.

Ce jour-là, Gabriel fête justement ses 11 ans. Ambiance de fête dans son village, chants et danses de joie, tout le monde semble se réjouir de ce moment si particulier marquant le passage à l’âge adulte. Un peu tôt sans doute. Pour Gabriel, rien n’a changé pourtant.

Autour de son oncle, des amis parlementent, ils ont un cadeau pour lui. La musique s’arrête, Gabriel doit ouvrir son présent. La tension est à son comble. Un objet brillant, très lourd, enveloppé dans une toile de jute : une kalachnikov !

Il ne pouvait pas rêver mieux pour ses 11 ans !

Et la situation tourne vite au cauchemar pour Gabriel qui, la nuit même, est projeté sans ménagement à l’arrière d’une jeep démarrant en trombe. Tremblant de peur, il découvre sa destination : un camp d’entraînement pour enfants soldats, les Kadogo (signifiant « encore petit » en swahili). Adieu la liberté et l’innocence, finie la douceur de l’enfance. Gabriel est confronté à l’horreur de la guerre où règne la brutalité et la violence. Tuer ou être tuer…

L’air est lourd, chargé de cette peur qui circule entre eux.

C’est une histoire qu’on ne devrait pas lire, une réalité qu’on ne devrait pas vivre : l’embrigadement des enfants pour faire la guerre.

Les mots d’Ingrid Chabbert sont simples, directs et vous déchirent le coeur. L’injustice hurle fort dans cet album, un cri de révolte contre l’impensable, l’inhumain : des enfants tueurs. Les illustrations à l’aquarelle de Joël Alessandra tissent une ambiance moite, sombre, parsemées de petites touches de lumière blanche, soulignant l’éclat du regard effrayé de Gabriel.

La lecture de cet album m’a brutalement renvoyé à l’univers du Killer Kid de Claude Klotz (1989), et de ces deux enfants confrontés à l’horreur du conflit au Moyen-Orient. La couverture m’avait parue tellement décalée à l’époque.

(c) A Michel

C’est un 9 mm à canon court et crosse quadrillée, on a livré la sécurité du chargeur.
Je l’aime bien.
Je suis tellement habitué à lui qu’il vient tout seul dans ma main.
C’est avec lui que je vais tuer.
J’espère que je m’en sortirais, parce que sinon, je n’aurais vraiment pas beaucoup vécu.

Je dois avoir 11 ans.

Cette coédition avec Amnesty International réveille les consciences et rappelle la lutte contre le drame de l’enrôlement d’enfants soldats ! Un album au sujet dur à lire accompagné, pour inviter à la réflexion.

Auteure : Ingrid Chabbert
Illustrateur : Joël Alessandra
Edition : Des ronds dans l’O – Album – 36 pages – 13,50 euros
Année : Mars 2017


De la même auteure chez Des ronds dans l’O :

Du même illustrateur : 

D’Ingrid Chabbert aux éditions Frimousse :
– Moi Albert détestateur de livres avec Raul GURIDI (chroniqué ici)
– 5 mouches et une trompetteavec Raul GURIDI (chroniqué ici)
– Tine et Junior (BD) avec Brice FOLLET
– Fais passer avec Maureen POIGNONEC (chroniqué ici)
– Si tu ne ranges pas ta chambre avec Severine DUCHÊNE 
– Si tu ne manges pas ta soupe avec Severine DUCHÊNE
– Si tu ne vas pas te coucher avec Severine DUCHÊNE
– Le dernier arbre avec Raul GURIDI
– The day I became a bird avec Raul GURIDI
– Le loup c’est moi avec Raul GURIDI
– Le grand méchant GRAOU avec Raul GURIDI
– Edmond avec Raul GURIDI

et aux éditions Steinkis :
-Ecumes (roman graphique) avec Carole MAUREL (chroniqué ici)

Quelques autres ouvrages :
– L’étrange boutique de Miss Potimary avec Severine LEFEBVRE (Jungle Jeunesse)
– Poils aux pattes
– Le parfum des feuilles de thé avec Célia Chauffrey (La Martinière Jeunesse)
– Titoc avec Marjorie Béal (Balivernes)
– La revanche des chaussettes qui puent
– Tout le monde sait faire du vélo
– L’imagier des saisons
– L’imagier de la nuit
– Les jumelles
– Artus et Lubin
– Y a un monstre à côté
– Boubouh

 

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