Avez-vous un secret d’enfance enfoui ? Un secret qui grandit au fond de vous ou qui vous a aidé à grandir ?
Georgia se souvient… Georgia (se) raconte…
Tout le monde croît connaître Georgia. Mais personne n’est entré dans mon coeur et n’a trouvé mon secret. (…)
Ecoutez moi bien.
Ancienne étoile de la chanson, Georgia ouvre son coeur et laisse parler ses plus profonds souvenirs de petite fille, comme une catharsis. C’était il y a longtemps, dans sa chambre, entourée de ses rêves…
Dès la première page, dès le premier mot, dès la première note, la magie du conte opère et ne vous lâchera plus…
Mes rêves étaient ce que j’avais de plus encombrant.
C’est l’histoire d’une vie : une petite fille orpheline et séparée de ses petites soeurs. Georgia se retrouve à habiter avec sa tante dans un grand appartement, un grand bouleversement dans lequel elle semble se perdre de jour en jour, comme à la dérive. Son univers n’est riche que de ses rêves malicieux qui chantent avec elle.
Les nuits où tu voudrais être ailleurs, sur une planète sans malheur, penses à ce qui te manquerait !
Comme débranchée, Georgia s’enfonce progressivement dans son petit monde intime lorsqu’un jour, de l’autre côté du mur, elle entend le son d’un violon.
C’est l’histoire d’une rencontre : celle d’une petite fille des années 1970 et d’un jeune garçon également des années 70. Mais, et c’est le ressort magique et incroyable de cette fabuleuse histoire, Sam vit en 1871, à l’heure où gronde la colère dans Paris. Plus qu’un mur, un siècle sépare les deux enfants. Et c’est pourtant cet éloignement qui va les rapprocher. Deux mondes parallèles, deux amis imaginaires ?
Entre Sam et moi l’épaisseur du mur était de 100 ans.
La musique construit un pont entre les deux enfants. Au fil des jours, le son du violon et la voix du garçon raniment peu à peu la vie de Georgia. Il y a comme une urgence à opérer son réveil. Sam exhorte Georgia à chanter. Il ressent cette force en elle et la pousse à y croire. Un voyage vers de nouvelles rives… Un vent de liberté souffle sur les notes de Sam…
C’est facile de chanter, on remplace les la au fil des mots.
C’est l’histoire d’une aventure humaine : plus qu’un conte époustouflant, c’est une rencontre « sensible ». Entre les créateurs de ce petit bijou musical à déguster lentement et régulièrement, entre l’auteur-passeur et son lecteur, entre l’enfance et l’âge adulte. Une métamorphose symphonique.
Tout sonne juste ! Les mots vrais issus des rêves intérieurs de Timothée de Fombelle, la musique palpitante de l’Ensemble Contraste, le quatuor si envoutant de Cécile de France, Marie Oppert, Anny Duperey et Albin de la Simone. Le tout habillé des illustrations chaleureuses d’un autre grand rêveur : le talentueux Benjamin Chaud.
Quelle lumière, quelle couleur ! Tout résonne ! La musique irradie telle la chaleur du soleil. Elle se fait tantôt battement de coeur, tantôt battement de tambour, tantôt battement d’ailes pour plus d’évasion. Les chansons s’enchaînent selon le rythme d’une respiration, d’une pulsation toujours plus vibrante. Un subtile équilibre entre la gravité d’une réalité parfois sombre et la légèreté de l’imaginaire de ces deux enfants.
Pendant plus d’une heure, l’alchimiste de Fombelle et ses baladins vous embarquent sur leur planète où les rêvent les plus fous chantent. Décollage vers des sphères douces, parfois plus abruptes, souvent drôles, toujours émouvantes.
Autour de ce projet chorale de nombreuses voix illustres : Albin de la Simone, Alain Chamfort, Babx, Emily Loizeau, Pauline Croze, Rosemary Standley. Tous les styles musicaux s’entremêlent sans dissonance, pour tendre vers l’harmonie : classique, pop, lyrique, swing, funk…
Jolie initiative collégiale au service d’une belle cause : SOS Villages d’enfants est une association soutenue par Anny Duperey qui rassemble les enfants sans parents sous le même toit. À méditer en ce moment de l’année où l’on aime se retrouver.
C’est le plus grand rêve de chacun. Être avec ceux qu’on aime.
Certes, la perfection n’est sans doute pas de ce monde… Mais ce conte musical s’en rapproche, assurément. Un moment de grâce, d’émotion pure. J’y ai retrouvé personnellement l’intensité de certains morceaux des « Misérables » mis en musique par Claude-Michel Schönberg et Alain Boublil en 1980.
Coup de coeur pour les chansons « Ce qui me manquerait », « C’est facile de chanter », « Boum » et « Fragile » !
Si seulement la musique pouvait s’incarner encore juste un peu plus, sur scène, pour le bonheur de tous !
Petit cadeau : une adorable dédicace de Benjamin Chaud.
Auteur : Timothée de Fombelle
Illustrateur : Benjamin Chaud
Musique : Ensemble Contraste, Johan Farjot, Albin de la Simone, Raphaële Lannadère, Guillaume Poncelet, Mathieu Herzog
Edition : Gallimard Jeunesse Musique – Livre CD (1h) – 44 pages – 24,90 euros
Année : Novembre 2016
Ecouter l’interview de Timothée de Fombelle sur France Culture par Caroline Broué
Voir les extraits LIVE au Salon de Montreuil le 3 décembre