La cabane

Un lycéen assis sur son lit. Dans sa chambre. Sa « cabane ». Rien de plus banal, en soi. Et pourtant.
Un lycéen. Dans sa chambre. À l’intérieur. Depuis 187 jours. On se questionne. Lui aussi.
Un rendez-vous. Aujourd’hui. Le 14 mai. Un jour exceptionnel, pour lui, noté d’une croix rouge sur un calendrier.
Un rendez-vous avec l’extérieur. La première sortie depuis 6 mois. Forcément intrigant.

Depuis 6 mois, cet adolescent est incapable de franchir le seuil de la porte, ni même de tourner la poignée. Un diagnostic est posé : le syndrome de la cabane. Un repli sur soi, une phobie sociale, une anxiété si forte qu’elle paralyse au point de suffoquer à l’approche de la porte. Ce que certains d’entre nous ont ressenti après le confinement et qui a un nom en japonais, Hikikomori. « Préférer la sécurité intérieure à l’exposition au monde extérieur. »

Et pourtant, dans 2 heures, il doit surmonter la panique qui le bloque chez lui et traverser le jardin, se retrouver dans la rue, atteindre la boulangerie et rentrer. Ce n’est pas un jeu, c’est une épreuve, et le souffle lui manque, un poids lourd sur la poitrine.

 
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L’éléphant et le ouistiti

« Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. »

C’est la morale qu’on aurait pu lire à la fin de cet album construit comme une fable de la fontaine.

Il était une fois un éléphant féroce qui régnait sans partage sur la savane. À coups de canon à eau, il tyrannisait les autres animaux. Nul n’osait s’opposer à lui. Mais un jour, notre éléphant s’ennuya et l’idée lui vint alors de lancer un défi que personne ne pourrait relever selon lui : déplacer cet immense baobab près de la mare…

Impossible ? Ce n’est pas l’avis d’un tout petit ouistiti, un peu espiègle, qui parie avec le mastodonte qu’il y parviendra. Comment va-t-il s’y prendre ? L’éléphant, narquois, accepte le défi, sûr d’écraser encore une fois cet adversaire loin de sa trompe… euh trempe 😉

 
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La langue des choses cachées

Un texte comme un souffle – ou plutôt comme une transe – bouillant et fiévreux, comme l’explique l’autrice elle-même. On y conte l’intime, le trouble, le brutal, le secret, la douleur enfouie, le silence générationnel, les traces profondes du sang, le mystère des hameaux déchirés, l’espoir du cicatriciel.

On y suit un fils, un jeune guérisseur, appelé dans un village reculé, loin de la mère qui connait elle aussi la langue des choses cachées. Cette langue que peu savent entendre. Celles et ceux-là mêmes, ces êtres souterrains qui savent se mêler aux autres pour soigner, apaiser, maitriser les flammes.

Des chapitres cours comme des visions en flashback, comme des images que le rêve ou le cauchemar projettent contre nos paupières, qui tissent au fur et à mesure les contours de cet homme providentiel qui ne doit jamais laisser de traces, comme lui a toujours appris sa mère. Sauf cette nuit-là.

L’écriture sensible et brute de Cécile Coulon, encore une fois, qui nous ouvre le temps d’une nuit hypnotique un récit sombre et poétique.

 
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NEB

Le NEB ? Que signifie ces 3 lettres obscure ? Cela vous intrigue ? Exactement comme moi, et cela dès l’illustration de couverture créée par Gaya Wisniewski et après lecture du résumé. « Un jeu en ligne au succès planétaire. Trois ados en finale. Des pirates en embuscade. Qui remportera la partie ? Et surtout… Qui tire les ficelles ? En atteignant la finale d’un célèbre jeu en ligne, Alex va découvrir les coulisses des nouvelles technologies : les méthodes de manipulation utilisées par les géants du web et les risques d’addiction. »

Je n’y connais pas grand-chose en jeu vidéo et ne suis pas très intéressée par l’univers mais j’ai conscience que c’est un domaine sans limites qui peut attirer chacun d’entre nous, à n’importe quel âge. Le champs des possible y est infini, semble-t-il. J’entends qu’on peut y développer des compétences et des connaissances. Mais j’ai choisi une autre addiction, les livres 😉 Néanmoins, l’engouement pour les jeux vidéo est un sujet de société source de débats souvent animés entre générations. Objet de désir ou refuge pour certains, source d’isolement et d’addiction pour d’autres, il ne laisse pas indifférent.

 
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Comment jouir de la lecture ?

Un titre alléchant non ? (ok c’était facile). Il n’y a pas de petit plaisir, ma bonne dame. Même pas celui procuré par une lecture, si petite soit elle. Mais du grand plaisir, de la jouissance ? Tout est dans ce qu’on entend par plaisir de lecture, par celleux qui cherchent à le définir voir le théoriser et le hiérarchiser, ou par celleux qui écartent au maximum le libre champs des possibles pourvu qu’on lise, lutin de merle !

Et qui dirait plaisir de lire, dirait jouissance de lecture ? Hmm, vaste sujet qui peut alimenter un débat enflammé jusqu’au bout de la nuit…

« Pourquoi se contenter de lire pour le plaisir, quand on pourrait vraiment jouir de ses lectures ? » Ah, voilà, vous ne vous étiez pas posé la question ainsi j’imagine ? Moi non plus, pas complètement, ou pas consciemment, car le plaisir dans la lecture c’est clairement ce qui m’attire (pas fan des « Lectures Souffrances »). Sans doute le plaisir de lire du pays de l’enfance, le plaisir de découvrir, de voyager, de se frotter à un style, un personnage, un imaginaire, le plaisir d’être ailleurs.

C’est la question que pose Clémentine Beauvais dans ce nouveau titre de la collection ALT, ce court format de tête-à-tête entre auteurice et lecteurice qui ouvre la discussion sans poser une opinion mais invite à la réflexion. Un manifeste joyeux, comme un dialogue ouvert, qui titille la curiosité et réveille nos a priori.

 
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