Amour, amour

après quoi chacun court

Quoi de mieux qu’une lecture du soir qui invite à la douceur. Dès la première page, le rythme est donné, comme une ritournelle : « le jour à peine levé l’oiseau s’envole vers qui le cajolera. » Suivent alors les animaux de la forêt dans une même quête : chacun cherche qui lui donnera de l’amour. Renarde, souris, cerf, belette, loup, ourson et même encore licorne, chacun tend vers ce moment précieux où il retrouvera celui ou celle qui le caressera, l’enlacera, le câlinera, le chérira, le bercera.

Double page après double page, l’enfant suit le périple de ces animaux presque familiers, ceux des imagiers qu’il a pu feuilleter. Progressivement les mots assemblés créent comme une petite musique intérieure pleine de poésie, et l’identification se fait, amenant l’enfant à se poser l’ultime question : et lui, qui bercera-t-il ? Car, indéniablement, on a tous besoin d’affection, d’en recevoir mais également d’en donner. C’est ce que sous-tend la narration : être aimé et aimer en retour.

On retrouve avec plaisir l’univers graphique frais et épuré de Julie Guillem qu’on avait aimé dans « Le si petit roi » sorti chez le même éditeur en 2019. Comme elle l’explique, « l’illustration est un moyen de voyager et d’expérimenter de nouvelles voies » et c’est exactement ce que l’on ressent à la lecture de grand album : une ballade bienveillante illustrant après quoi chacun court, l’amour.

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Le plus petit yack

Ça floconne par chez vous ? C’est aussi le cas au sommet des monts enneigés où vit Gertie, une petit yack blottie contre son troupeau. Avec sa laine épaisse et bouclée sur le dos, Gertie ne craint pas les tourbillons de flocons glacés, ni de déraper sur le verglas glissant, elle a tout d’une grande, semble-t-il.

Or, Gertie ne l’entend pas de cette oreille, elle ne veut plus être le minuscule yack à la traine, elle veut GRANDIR et prendre de la hauteur. TOUT DE SUITE ! Même si sa mère lui explique qu’un jour, oui, elle sera grande, qu’il ne faut pas être pressé mais profiter de ces moments précieux où on est petit, Gertie ne veut plus attendre ! Alors programme GRANDEUR : vitamines, entrainement sportif, lectures intensives. Mais pas le moindre signe de croissance. Et si elle ne grandissait jamais et restait une mini-yack toute sa vie ?

Alerte ! Le troupeau déboule en panique. Une mission d’urgence que seule une petite yack légère et agile peur accomplir : sauver Achille coincé au bord du gouffre ! Le cœur de Gertie se gonfle d’espoir, va-t-elle enfin pouvoir réaliser de grandes choses ?

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Nuit étoilée

« Je lève la tête pour regarder le ciel étoilé,
Et le monde devient immense… »

Plongée dans les souvenirs d’une jeune personne, quelque part dans le monde, cela pourrait être moi, cela pourrait être toi. L’adolescence, ces moments où tout bouge, tout secoue, tout interroge et où le sentiment de solitude peut vite glisser vers le mal-être. On se sent différent, incompris, seul et sans voix souvent pour expliquer ce qui assombrit le cœur et l’esprit. C’est tout cela qui palpite dans cet album d’une grande sensibilité et d’une bouleversante poésie.

La narratrice se souvient de ce temps amer où ses parents la délaissaient, où la disparition des grands-parents qui l’avaient élevé était si douloureuse, où l’école était un lieu de brimade.

Elle se souvient de la rencontre avec ce garçon solitaire qui fut un déclencheur, un éclairci dans son existence à la dérive. Lui aussi est seul, harcelé parce que différent, et leur solitude commune va les rapprocher. Ensemble, ils sont plus forts, leur imagination les emmène loin des maux, sans obligation de parler, comme s’ils s’étaient reconnus l’un l’autre. Enfant de marin, ce garçon sans attache aimerait vivre libre comme un poisson. Elle, rêve de s’envoler loin de la ville oppressante.

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La nuit de la fête foraine

En cette fin d’année, on a tous envie de s’émerveiller, de remplir nos yeux pleins d’étoiles et de rêves. Alors, si on ne peut pas déambuler dans un parc d’attractions et faire des tours de manège sous la lune dans la vraie vie, on peut toujours s’offrir une parenthèse enchantée en se plongeant dans ce merveilleux album sans texte, plein de poésie et de tendresse.

Imaginez un peu. Voilà… pas loin là-bas, dans le grand pré, une fête foraine s’est installée, vous la voyez ? Les animaux de la forêt, oui. Et ils observent minutieusement tous ces humains qui s’amusent sur les chevaux de bois en dégustant des barbes-à-papa. Tentant n’est-ce pas…

Et que se passe-t-il la nuit, selon vous, lorsque la fête foraine a fermé ses grilles ? Chuut, approchez-vous doucement. À la tombée de la nuit, ours, lièvres, ratons-laveurs et sangliers pénètrent dans le parc. Ils testent la grande roue et grimpent dans les montagnes russes ! Il s’enivrent de sensations fortes et de plaisirs sucrés jusqu’au lever du jour où, un peu sonnés, ils regagnent leur clairière.

Cet album est magique ! Les illustrations de MariaChiara Di Giorgio sont fabuleuses, les scènes présentées sont riches de détails et le traitement des couleurs est très réussi. Les éclairages de la fête foraine sont particulièrement bien rendus, offrant des jeux d’ombres et de lumières saisissants. Les cadrages sont variés pour rendre le rythme des différentes attractions et immerger le lecteur dans les sensations extrêmes que vivent les personnages.

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Le Grand Méchant Chelou

Toujours un grand plaisir de découvrir un conte détourné ! Et c’est vraiment très réussi !

Encore une fois la couverture m’a alpaguée et le titre m’a tiré un sourire curieux (si si on peut avoir de la curiosité dans une risette d’abord).

Notre Grand Méchant Chelou (j’en ricane encore) est affamé, il a grave la dalle oui ! « Quand est-ce qu’on mange ???? » hurle-t-il. Tiens, tiens, ça ne vous rappelle pas des mini humains rôdant près de la cuisine dès 19h ???

S’il semble croire que son physique ingrat et carnassier le rend redoutable, ça ne suffit pas à remplir sa panse. Idée lumineuse : plonger dans un recueil de contes pour s’y nourrir, comme ses glorieux ancêtres. Mais il a peut être un peu tardé ce pataud poilu en vieux pull mou bleu.

Cet album écrit en vers pas piqués d’eux-mêmes (attention blague) est désopilant tant pour le texte bourré d’humour que pour les illustrations complètement loufoques. Le petit chaperon rouge façon mémé déjantée malmène notre Chelou durant tout le chemin vers mère-grand, c’est farfelu et absolument bidonnant ! Un vrai coup de cœur ! La mise en situation des personnages cherche toujours à provoquer le sourire ou le rire : jubilatoire !

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