Proxima du Centaure

Il faut rendre à César ce qui n’appartient pas d’autres, donc merci à Julia Thevenot (allezvousfairelire) pour ce paragraphe lu il y a maintenant un temps certain dans un de ces fameux billet « C’est le 1er, je balance tout ».

En effet, le pitch est simple et brutal : Wilco, 15 ans, aime celle qu’il a nommée « Apothéose » et la regarde passer tous les matins sous ses fenêtres jusqu’au jour où il tombe. Bilan : tétraplégique et amoureux.

La couverture m’avait, à sa sortie, mal renseignée, je pensais à un roman de science-fiction… Argh que j’étais bien cruche-nouille, me direz-vous (ou pas).

Car pas de voyage dans l’espace dans ce récit vif, drôle, bouillonnant de survie sauf dans l’espace mental du narrateur qui vous alpague dès les premières lignes et vous prend par le cœur jusqu’à la dernière ligne. Il ne faut pas trop en dire car le parti pris est fort et la voix mentale de Wilco, ses pensées, ses sensations, ses rêves, ses fantasmes, ses souvenirs, ses espoirs, ses amis, ses parents, sa sœur vont vous transporter au-delà de ce que vous pouviez imaginer.

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Moby Dick

« Tout le monde sur le pont et donnez de la voile ! »
 
Dans cette période trouble, les spectacles nous manquent ! Alors quoi de mieux que ce livre audio illustré pour vibrer au rythme du Péquod sillonnant les mers en quête de la mythique baleine blanche, Moby Dick.
 
Après Alice et Merveilles et Vingt Mille lieues sous les mers, Stéphane Michaka revient avec cette formidable adaptation du roman de Melville, magistralement interprétée par des comédiens de talent, notamment Robinson Stevenin dans le rôle d’Ismaël et Hervé Briaux dans celui du tyrannique Capitaine Achab.
 
Souvenez-vous… Quand Ismaël embarque comme matelot sur le Péquod, il n’a aucune idée de ce qui l’attend : la traque folle d’un capitaine implacable à la recherche de la baleine qui lui a arraché la jambe. Embarquez avec ces marins intrépides, aux côtés de Pip, Quiqueg, Elie…
 
La musique commence et c’est parti pour une heure d’écoute intense qui nous plonge dans cette extraordinaire épopée maritime. Les personnages croqués par Juliaon Roels sont parfaits, le décor est planté, et les voix des comédiens donnent vie aux illustrations. On se croirait sur le pont avec ces matelots.
 
Le rythme de la musique se cale sur celui de la traque : moments de suspens, attente inquiétante, actions sauvages et course effrénée. Tout est démesure dans ce récit : la taille de la baleine, la folie du capitaine, les distances parcourues par le navire d’Achab. Un combat entre humain et animal qui questionne la folie des hommes.

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En quête d’un grand peut-être

Ce guide de la littérature ado est une des bonnes nouvelles qui a réussie à percer dans cette année compliquée. Un travail impressionnant par Tom et Nathan Lévêque qui nous prennent par la main dans ce cheminement littéraire au coeur des bouillonnements de l’adolescence.

Il s’agit ici avant tout de littérature car les frontières sont poreuses.

Les analyses sont pointues, illustrées et agrémentées de nouvelles inédites tout au long du recueil. On peut donc lire en picorant un thème après l’autre, une nouvelle après l’autre ou bien suivre le sommaire pour s’immerger complément dans cet univers riche et inventif.

C’est juste, c’est éclairant, c’est nécessaire.
Et un grand bravo pour la mise en page et les illustrations, ainsi que pour la qualité de fabrication. Un bonheur ce dos carré cousu collé 😉

Et hop, ce fut donc le cadeau tout trouvé pour la documentaliste passionnée de mon collège. À mettre entre toutes les mains ! Vous pouvez le commander chez votre librairie !

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Inséparables

Il y a toujours un peu de Pico Bogue en nous, il faut juste prendre le temps de le laisser s’exprimer. Et vous verrez, c’est lumineux !

Totalement fan de ce gentil trublion qui me tire à chaque planche un sourire ou un rire tant les situations croquées avec talent et bienveillance par Alexis Dormal sont justes.

Les mots de Dominique Roques dans la bouche de cet enfant plein de répartie fusent et nous éclairent toujours un peu plus sur la langue et les relations humaines. C’est subtil, drôle et les personnages terriblement attachants.

Dans ce tome XII sorti en septembre, on y retrouve la bande de Pico avec un coup de projecteur sur Charlie, qui rêve d’avoir toujours le bon mot comme son copain. Amitiés, vie familiale et questions philosophiques, la lecture de ces planches invite à la réflexion, et toujours avec intelligence et humour.

À lire et à relire sans modération. Ainsi que tous les albums de Ana-Ana et les 2 tomes de l’étymologie avec Pico Bogue (sur ma liste de Noël 😉).

Évidement, une excellente idée de cadeau en cette fin d’année.

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Sans armure

« Ta voix qui se tait, 
…c’est ma vie qui se défait. »

Un réplique hurlée qui cingle « Tu ne comprends rien ! », une porte qui claque, et les murs semblent s’écrouler autour de Yannick. Sidérée par la violence de la séparation brutale, elle ne comprend pas en effet.

Un amour brisé, le silence de Brune, insupportable.

Et le récit va emporter alors la lectrice/ le lecteur dans un tourbillon de souvenirs qui retracent la rencontre entre ces deux jeunes femmes, leurs enfances, leurs traumatismes, à travers la voix de Yannick qui continue de parler à Brune. Comme si ce dialogue intérieur était la seule possibilité de garder le lien, si vital. Un récit qui court comme la narratrice vers celle qu’elle aime, pour la retrouver coûte que coûte.

Tout part justement de la voix, de celle de Brune à la radio : un coup de foudre auditif pour Yannick qui tombe amoureuse de ce timbre qui la fait vibrer. Une voix qui fait du bien. « Et quand j’enlève mes écouteurs, j’arrache un peu de ta voix sur ma peau ».

La force de ce texte tient au rythme insufflé par la narratrice qui ne s’arrête jamais de parler à son amour parti. Des phrases courtes comme autant de pulsations. Un flux continu comme un massage cardiaque indispensable, pour le tenir encore en vie, ce fragile et pourtant si intense amour.

Mais il y a la détresse de Brune dans ce monde aux bruits et aux douleurs qui la déchire, elle,  l’hypersensible, l’émotive sans filtre, la différente comme elle se définit. Yannick la découvre derrière son masque. Ayant alors confié sa fragilité, Brune est sans armure. Mais toute la force d’amour et la douceur de Yannick ne suffisent pas. « J’ai tellement cru me mes bras seraient assez forts pour toi… »

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