Traverser les montagnes, et venir naître ici

La sortie d’un livre de Marie Pavlenko est toujours synonyme d’une rencontre mémorable, la création de souvenirs forts au creux des pages en suivant les parcours de personnages confrontés à des ruptures de vie intenses. Des lectures qui marquent, et laissent des traces, longtemps. C’est en tous cas ainsi que je le ressens et que j’attends chaque nouvelle rencontre avec impatience.

Même après plusieurs jours, j’ai encore l’impression d’entendre Astrid et Soraya, les deux protagonistes de ce « roman » bouleversant, discuter entre elles dans cette langue anglaise commune par la force des choses. J’ai encore l’impression d’entendre au loin les gazouillis de cet enfant, trait d’union imprévu entre ces deux femmes blessées dans leur coeur et dans leur chair. J’ai encore l’impression d’entendre les pas dans la neige de celles qui s’épuisent pour atteindre ce pays-refuge qu’est la France, après avoir traversé tant de pays, de misère et de désespoir.

Deux femmes, deux trajectoires qui se percutent par hasard et qui nous retournent le coeur par ce lien, instinct de survie, qui les étonne elles-mêmes.

Astrid a tout perdu, mari et enfants. La minute brutale où tout bascule et où on se retrouve sidérée, abasourdie par la violence du choc et noyée sous la souffrance. Elle part se réfugier loin de la ville, seule, dans un hameau au coeur des montagnes. Faire le vide, ne plus parler, ne plus convoquer les souvenirs, arrêter le temps.

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Selma et Samir

Toujours fidèle à la douceur des mots de Mymi Doinet, je me suis plongée dans l’histoire touchante de Samir et Selma.

Comme pour « Un piano pour Pavel », « Coco n’est pas zinzin » et « Ma vie de dico », Mymi donne la parole aux objets ou animaux pour raconter l’histoire des personnages d’un point de vue extérieur.

Souvent l’occasion d’aborder des sujets forts qui la touche particulièrement comme les errances de foyer en foyer d’un jeune orphelin, la maladie d’Alzheimer ou encore ici les conditions des migrants et notamment celles des enfants.

Samir a 12 ans et il raconte dans ses poésies son histoire, son voyage périlleux qui l’a amené en France, loin de sa « Nahéma » au Mali, sa grand-mère qu’il aime tant.

Selma a 11 ans et prend régulièrement des photos de son univers pour en montrer la beauté, jusqu’au jour où son appareil capture le regard profond et triste de Samir.

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Petite

On devrait toujours lire un peu de Jo Hoestlandt avant de se coucher… C’est bon se réchauffer le coeur.

C’est l’histoire d’une petite fille éprise de liberté, qui en classe, demande à l’autrice quelle est sa lettre préférée.

Jamais personne ne m’avait demandé cela, et pourtant, c’était une vraie question, pour un écrivain !

Est-ce le O ? Comme un cercle autour des gens qu’on aime tenir embrassés ? Ou bien un C ? Comme un bras posé sur l’épaule moins serré, qui ne l’empêche pas de partir ?

Une histoire contée par Jo Hoestlandt lors des premières assises de la littérature jeunesse et qui m’avait cueilli par sa poésie et sa justesse, au fond du cœur.

« On ne retient jamais ceux qu’on aime en les enfermant, fût-ce dans des bras aimants. »

Une deuxième nouvelle au dos : Les Nivuniconnus 

Des étrangers, arrivés dans une caravane. On ne savait d’où ils venaient. Jusqu’ici, on ne leur avait guère prêté attention. Mais là, les gens commencèrent à se poser des questions.

Deux magnifiques et émouvants récits, portés par la plume sensible et unique de Jo Hoestlandt, pour parler de l’acceptation des différences, de la culture des gens du voyages et du vivre ensemble. 

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Palmir

(c) A.P.

« Parfois le courage, c’est partir… » 

Encore une fois, la force de la couverture, magnifiquement construire par Amandine Piu, m’a invitée à ouvrir les pages. Comment ce petit bout de dragonneau, cet enfant si fragile sous la valise qu’il porte, cerné par autant d’agressivité rouge sang, ne peut-il pas vous attendrir ? « Viens là, on va t’aider, n’aie pas peur, aie confiance », c’est ce qu’on a envie de lui souffler doucement à l’oreille.

Car l’histoire de Palmir, c’est l’histoire d’un voyage nécessaire : le parcours d’un enfant qui fuit son pays. Un sujet d’une triste actualité, et traité avec une grande sensibilité, à hauteur d’enfant. Un livre nécessaire.

Avec peu de mots, mais des mots forts de sens, Gilles Baum trace le chemin de cet enfant déraciné qui doit affronter des obstacles lui paraissant infranchissables, seul, loin de tout support et de tout réconfort. Sa force, c’est son courage, il doit avancer au péril du danger, parce que là-bas, dans ce lointain horizon, il pourra à nouveau trouver sa place.

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Explique moi… la pauvreté, la faim, les migrants, les réfugiés

 

Comment parler avec les enfants de ce qui se passe dans le monde ?

Des sujets forts qu’il n’est pas toujours évident d’aborder avec les plus jeunes, ni d’aborder tout court.

Un livre, c’est un passeur, un moyen de transmettre, un lien, une ouverture à l’autre, une invitation à la discussion.

C’est ici que se situent ces deux albums, me semble-t-il, à mi-chemin entre le pédagogique et le philosophique. Les conditions humaines difficiles y sont décrites simplement, sans être simplistes : « sans inquiéter, mais sans rien cacher ».

Le livre tente une explication sous la forme d’un récit explicatif, en adresse directe au lecteur, l’impliquant peu à peu dans le sujet, l’invitant à la réflexion, à la prise de distance, à la prise de conscience de l’autre.

Un bibliographie est proposée en fin d’ouvrage ainsi qu’un glossaire expliquant les termes clés.

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