Valentine ou la belle saison

Coup de coeur pour ce roman haletant, à deux voix, deux narrateurs (intérieur et extérieur) qui se font échos, une soeur et un frère au milieu de leur vie.

Beaucoup de descriptions minutieuses dans ce récit cinématographique empreint de références. Un roman quasiment initiatique où Valentine part en quête d’elle même, en proie à un questionnement intérieur sur le sens de sa vie, et va être confrontée à des bouleversements majeurs jour après jour. Une histoire de famille, une histoire de secrets, une plongée dans l’enfance et ses souvenirs plus ou moins douloureux.

Dévoré en quelques heures… Les personnages, très attachants et empreints de tendresse, évoluent au gré des péripéties auxquelles ils sont confrontés. L’intrigue est finement tissée, avec des rebondissements désarçonnant le lecteur (et quel bonheur !). Le rythme s’accélère progressivement, autour d’un mystère dont la trame se densifie au fur et à mesure que les personnages avancent dans leur « enquête » familiale.

Une touchante histoire de choix de vie comme une ode à la force des liens fraternels.

Esprit de famille, es tu là ?

« À 48 ans et demi, divorcée et sans autre travail que l’écriture d’un manuel sur la sexualité des ados, Valentine décide de s’offrir une parenthèse loin de Paris, dans la vieille demeure familiale. Là-bas, entourée de sa mère Monette et du chat Léon, elle espère faire le point sur sa vie.
Mais à la faveur d’un grand ménage, elle découvre une série de photos de classe barbouillées à coups de marqueur noir. Ce mystère la fait vaciller, et quand son frère Fred débarque, avec son vélo et ses états d’âme, Valentine ne sait vraiment plus où elle en est.
Une seule chose lui semble évidente : elle est arrivée au terme de la première moitié de sa vie.
Il ne lui reste plus qu’à inventer – autrement et joyeusement – la seconde. »

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Sirius

(c) Rouergue

Depuis longtemps, il me faisait de l’oeil… Chaudement recommandé par de fins lecteurs/chroniqueurs, j’ai plongé ! Et quelle plongée ! Une immersion totale, lente et profonde dans ce road-trip post-apocalyptique aussi fascinant que destabilisant. Un conte moderne où la survie nécessite de braver tous les dangers, de gravir les montagnes les plus inaccessibles, de lutter contre soi-même et au-delà de ses limites.

Une écriture fluide, enveloppante, qui m’a propulsé en quelques lignes dans une monde hostile entre Avril et Kid, un univers à la Miyazaki étrangement… aqueux, trouble, fantasmagorique et méditatif… Un grand moment de littérature dont il faut prendre un certain temps pour ressortir dans le monde réél. Très grand coup de coeur !

« Alors que le monde se meurt, Avril, une jeune fille, tente tant bien que mal d’élever Kid. Entre leurs expéditions pour trouver de la nourriture et les leçons données au petit garçon, le temps s’écoule doucement… jusqu’au jour où le mystérieux passé d’Avril les jette brutalement sur la route. Il leur faut maintenant survivre sur une terre stérile pleine de dangers. »

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Mon frère

Toujours une émotion vive à l’écoute d’une lecture si active, engagée, vibrante livrée par un auteur sensible qui vous prend par la main, et vous emmène avec lui au plus profond de ses souvenirs d’enfance, pour vous les confier. 

Une incursion dans la vie privée de Daniel Pennac, entre lui et son frère, entre lui et Bartleby de Melville qui vous enveloppe entre fiction et réalité.

Un livre comme une confession, un témoignage, un bout de vie commune posé là pour mémoire et hommage.

Je ne sais rien de mon frère mort si ce n’est que je l’ai aimé.
Il me manque comme personne mais je ne sais pas « Qui  » j’ai perdu.
J’ai perdu la gratuité de cette affection, l’agrément de cette compagnie, la profondeur de ce silence, la distance de cet humour, la délicatesse de cette attention, la sérénité de ce jugement , cette intelligence des situations , la paix. J’ai perdu ce qui restait de douceur au monde. Mais qui ai-je perdu ?

La narration alterne pans de vie personnelle et extraits choisis de Bartleby, mis en scène par le romancier. Les souvenirs en appellent d’autres, au fur et à mesure des chapitres.

En écoutant Daniel Pennac parler de son frère, on est instantanément projeté dans son univers, bien présent avec lui, partageant la lecture incantatoire qu’il prodigue au lecteur. Et ce lecteur nous semble être son frère lui-même. Ce frère qui s’incarne au fil des mots, des dialogues, des confidences. Tour à tour, le lecteur se fait spectateur, assis aux côtés du narrateur Pennac quand il parle de sa relation fraternelle, ou assis en face du comédien sur scène lorsqu’il convoque Melville.

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C’est un secret

(c) La Palissade

« On dirait qu’on aurait des guépards comme animaux domestiques et qu’on voyagerait à dos de tortues des mers… Ou alors on aurait une girafe comme animal de compagnie et des moutons comme doudous… Ou alors… »

L’imaginaire des enfants est un territoire sans frontière…

Surtout quand il n’est pas bridé par la virtualité réductrice et enfermante des écrans.

C’est pourtant le cas de ce petit garçon et de sa soeur, coincés chez eux par la pluie, les yeux rivés pour l’un à la télévision et pour l’autre à sa console. Ensemble, ils sont seuls, isolés du monde réél.

Le petit frère rêve que l’un des animaux sauvages qui évoluent devant ses yeux sur l’écran vienne vivre dans leur appartement.

Sa soeur est bien loin de tout ça…

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Passion et Patience

(c) R. Courgeon

J’adore me faire surprendre et séduire par une histoire. J’aime murmurer « mais bien sûr, c’est lui, comment ne pas y avoir penser plus tôt ». En bien voilà, encore une fois, la magie de la bonne histoire, de la bonne intrigue, du bon fil de narration a opéré… 

La couverture m’avait déjà intriguée, par l’effet de symétrie des deux petites filles, par leurs ressemblances et, également, leurs apparentes différences. Le choix des couleurs, Rouge et Rose, sur ce fond vert à la lumière étrange, presque surnaturelle, participe au côté magnétique de l’illustration. « Viens, viens plus près, nous allons te confier notre secret… » semblent dire ces deux jumelles ingénues. Ma curiosité a gagné, j’ai ouvert le livre.

Dès les premières lignes, le coeur du récit est posé. Si les deux jeunes filles semblent rigoureusement identiques physiquement, « même yeux couleur réglisse », « même constellation de grains de beauté », leurs caractères sont diamétralement opposés. L’une s’appelle Passion, l’autre Patience, et entre elles, un homme : Gus, leur ami d’enfance.

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