Charlie Mackesy est peintre, sculpteur et illustrateur, et c’est ce trait à l’encre de chine, cette esquisse, ce mouvement, cet élan de vie qui saisi dès la couverture et qui donne envie de rencontrer cette petite troupe.
D’un premier dessin posté sur Instagram va naitre la rencontre, le cheminement et le dialogue entre ces quatre personnages liés par une amitié en construction. Dessin après dessin, l’engouement est réel et l’idée d’un ouvrage voit le jour. La raison de ce succès : le style épuré de l’illustration au trait noir et aux touches d’aquarelle mais surtout les phrases courtes qui accompagnent l’image et qui distillent bienveillance, réconfort et douceur. Ces petits mots s’apparentent souvent à des devises qui se définissent selon la petite taupe comme « une phrase qui peut nous aider ».
Comme le rappelle l’auteur dans son introduction, il ne s’agit pas d’une histoire mais d’une série de saynètes où les personnages parcourent le monde, s’interrogent, se répondent et apprennent à s’aimer malgré leurs différences. Le lecteur, qu’il ait 8 ou 88 ans, est invité à lire le recueil comme il le souhaite, du début à la fin ou bien en picorant une page après l’autre au hasard.
La nuit de la fête foraine
En cette fin d’année, on a tous envie de s’émerveiller, de remplir nos yeux pleins d’étoiles et de rêves. Alors, si on ne peut pas déambuler dans un parc d’attractions et faire des tours de manège sous la lune dans la vraie vie, on peut toujours s’offrir une parenthèse enchantée en se plongeant dans ce merveilleux album sans texte, plein de poésie et de tendresse.
Imaginez un peu. Voilà… pas loin là-bas, dans le grand pré, une fête foraine s’est installée, vous la voyez ? Les animaux de la forêt, oui. Et ils observent minutieusement tous ces humains qui s’amusent sur les chevaux de bois en dégustant des barbes-à-papa. Tentant n’est-ce pas…
Et que se passe-t-il la nuit, selon vous, lorsque la fête foraine a fermé ses grilles ? Chuut, approchez-vous doucement. À la tombée de la nuit, ours, lièvres, ratons-laveurs et sangliers pénètrent dans le parc. Ils testent la grande roue et grimpent dans les montagnes russes ! Il s’enivrent de sensations fortes et de plaisirs sucrés jusqu’au lever du jour où, un peu sonnés, ils regagnent leur clairière.
Cet album est magique ! Les illustrations de MariaChiara Di Giorgio sont fabuleuses, les scènes présentées sont riches de détails et le traitement des couleurs est très réussi. Les éclairages de la fête foraine sont particulièrement bien rendus, offrant des jeux d’ombres et de lumières saisissants. Les cadrages sont variés pour rendre le rythme des différentes attractions et immerger le lecteur dans les sensations extrêmes que vivent les personnages.
Lulu et Nelson (T1 & 2)
Le tome 1 donnait le ton : « La vie ne prend pas toujours le chemin le plus court pour nous mener là où elle doit nous mener. Elle aime les détours. Et ceux-ci regorgent d’émotions inconnues, d’expériences inédites, de couleurs douces ou piquantes, de rencontres magiques… » Lettre d’une grand-mère à sa petite fille lui confiant : « il est temps que je te raconte le plus beau détour que j’ai fait dans ma vie. »
Cette histoire est celle de Lucia, dite Lulu. Elevée dans un cirque par des parents dompteurs, Lulu rêve d’en faire son métier pour vivre avec les fauves. Une succession d’accidents lui fait perdre sa mère puis les lions du cirque. Désemparée, la petite fille veut partir à la recherche de fauves pour tout recommencer. Sur un coup de tête, elle prend le premier cargo pour l’Afrique du Sud, son père montant à bord in extremis. Arrivés à destination, les ennuis s’enchaînent : le père de Lulu se fait arrêter pour avoir défendu un jeune garçon noir, Nelson. 1964, l‘apartheid bat son plein. Dans l’attente de sa libération et grâce à l’aide de ce nouvel ami, Lulu trouve refuge dans la ferme de Mary, une femme militante.
Lulu et Nelson se mettent sur les traces des lions du bush, mais des dangers les guettent. Manigances, chantage, trahison, les nouveaux amis sont-ils vraiment de confiance ? La rencontre avec les lions fera-t-elle changer d’idée Lulu sur son objectif de les ramener au cirque ? La question de la liberté est au cœur même du récit, celle du père de Lulu, celle des lions dans leur environnement naturel et celles des populations opprimées par le pouvoir des blancs. L’histoire de Nelson Mandela résonne avec celle de Lulu.
Miaou ! Cui ! Ponk !
AHAAA ! TREMBLEZ, SUPER MECHANTS ! Super LULU sauve le monde !!!
Voilà, le ton est donné ! Lucie est de bonne humeur ce matin, elle va encore une fois sauver le monde ! Mais au détour d’un bosquet du jardin, un bruit étrange retentit : « Miaou ! Cui ! Ponk ! » Il se passe quelque chose d’étrange au royaume des bruits bizarres, on dirait.
Un oisillon tombé du nid ? Allez hop, Super Lulu le remet dans son nid. Un chat perdu en haut de ce même arbre ? Allez hop, Super Lulu le remet sur la terre ferme. Pff, ils grimpent n’importe où sans réfléchir ces chats ou quoi ? Une tortue coincée à l’envers au pied de cet arbre? Non mais ça va pas la tête ou quoi les animaux ce matin ? Ouf, tout est rentré dans l’ordre, encore une fois, merci Super Lulu ! Mais, on dirait que les trois coquins à plumes, à poils ou à écailles ne semblent pas de cet avis 😉
Encore une fois, Michael Escoffier nous a goupillé une histoire cocasse et pleine d’humour, génialement mis en image par Matthieu Maudet. On suit la petite Lucie au fil des pages dans son sauvetage réussi mais on dirait bien qu’il se trame quelque chose dans le dos de notre Super Héroïne. Un petit oiseau qui tire la langue au chat éloigné de force de sa proie, un petit sourire narquois de la tortue complice… Etape après étape, des petits détails subtils nous montrent qu’une autre histoire se cache sous celle qu’on est en train de lire.
Sous les arbres T.2
Le frisson de l’hiver
Depuis l’Automne de Monsieur Grumpf, les feuilles ont laissé la place aux flocons de neige… Le blanc manteau de l’hiver a recouvert la forêt et un vent glacial enveloppe les habitants. Rien de mieux qu’une bonne écharpe bien chaude pour éviter les coups de froid ? C’est ce que ce jeune renard imagine, mais c’est sans compter sur une certaine maladresse ou un manque de chance inouïe car chaque tentative pour s’envelopper dans l’étoffe abouti à un échec et surtout à un gros paquet de neige sur la tête.
❄À défaut d’éviter un coup de froid, c’est un coup de foudre que ce prend notre cocasse renard sur la tête après avoir aperçu une ravissante renarde, intriguée par son manège ridicule avec son écharpe. Mais la timidité le rend encore plus maladroit, et chaque approche aboutie à un patatras dans la neige, qui fait bien rire la renarde. Sacrée écharpe de malheur : soit elle le fait tomber, soit elle l’étrangle. Pas simple pour déclarer sa flamme.