Les longueurs

Remettre ici en avant ce texte fort, tout récemment primé comme  Prix Vendredi 2022.


L’emprise d’un pédophile, cruauté pure, décrite avec une émotion déchirante par le talent de Claire Castillon. La voix de Lili, ses voix en alternance, celle de ses 15 ans, celle de ses 10 ans, 11, 12, 13, 14. « Un livre pour sauver des vies. »

En résonance avec les autres récits de ces autrices que j’affectionne tant, Séverine Vidal et Manon Fargetton.

Le résumé : «Tu es fermée comme une outre, me dit maman. Toute floue, Lili. Et puis fuyante. Il se passe quelque chose, dis-moi. On t’a fait un sal coup? Je peux t’aider? Je te dépose au collège?» Outre noire. Peinture. Soulages. Cours d’art plastique avec Mme Peynat en salle 2B. Concentre-toi, Lili. Trouve la solution. Il y a toujours une voie de réchappe. Les mamans savent, à peu près. D’instinct, elles devinent. À peu près. La mienne sait que dans sa fille quelque chose ne marche plus.

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Fantaisies Guérillères

Mais quel kif que cet OLNI totalement barré !

Je pouffe, je ricane, je m’esclaffe, je m’esbaudis de plaisir, je postite à donf car chaque page recèle un talent de pirouettes langagières totalement délicieuses et d’une créativité postmédievale désopilante. Yo et Jehanne, les girls, vous déboitez grave bien ! L’histoire de France like that, I like. Total respect for the panache !

En cours de lecture donc mais je tenais à remercier toustes icelles qui ont fait la promo à force de posts et stories jubilatoires depuis quelques semaines. Coeur sacré sur vous, Dadotiste & Marine Carteron notamment.

The pitch pour t’allécher un brin lecteurice en panne de lectures vivifiantes (et j’y retourne) : « En ce début de xve siècle, tout est chaos au Royaume de France : les Englishes imposent leur présence depuis près de cent ans, Armagnacs et Bourguignons n’en finissent pas de s’écharper. La guerre civile menace de ravager le pays. C’en est trop pour Yolande d’Aragon. Puisqu’une prophétesse est attendue pour couronner le dernier Dauphin vivant, il n’est plus temps de rester avachi dans les palais. La fulminante duchesse prend donc la décision de hâter le destin. Et la voilà reconvertie dans l’élevage de quinze petites Jehanne. En secret, elle crée une école dans le but de les former aux exigences militaires et intellectuelles de Guérillères accomplies. Mais la Douzième, de loin la plus forte et la plus féroce, n’a rien à voir avec celle que Yolande aurait voulu initier à la vraie nature de sa mission. »

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Les enfants véritables

La lecture du précédent roman, « Il est juste que les forts soient frappés », m’avait profondément marquée, au point que la voix des personnages résonnaient encore dans mon esprit.

Une histoire d’amour troublante, familiale et intime, urgente et douloureuse, glaçante et lumineuse pourtant. Et cette voix, ce point de vue externe qui permet de faire le tour des situations, d’entrer dans le cœur des personnages comme de prendre de la hauteur pour mieux les comprendre. Un récit vibrant en somme. D’où le désir de retrouver rapidement Théo et ses proches.
Alors, ce fut une plongée auprès de ces « enfants véritables », un titre qui interroge chacun de nous finalement.

On retrouve Cléo qui a rencontré Théo, deux accidentés de la vie, bien décidés à lutter pour leur droit au bonheur. Chacun avec ses blessures et ses failles, chacun en reconstruction finalement. Il est question d’amour encore, forcément car il pulse au fil des pages, dans ce récit autour de la vie et des proches de Cléo et de Théo. Mais il est surtout question des liens entre parents et enfants, plus puissants que juste ceux du sang.

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Il est juste que les forts soient frappés

Enfin je me plonge dans ce texte, il me fallait trouver le bon moment. Car je sens que ce livre va me serrer le coeur et les tripes. Je veux croire en cette « redoutable puissance du bonheur ».

***

Et voilà, tout juste fini : je vis très souvent intensément mes lectures, comme des expériences de vie qui construisent, qui posent des petites briques au fut et à mesure, soit d’une maison soit d’une route. Le souffle de ce texte m’a emporté, bouleversée par les épreuves de ces personnes rencontrées entre les pages et suivies ligne après ligne. Des larmes arrachées, la gorge serrée car cette voix sonne si juste, si vraie, troublante de vibrations de sursauts de vie et d’espoir. Quel texte ! Touchée en plein coeur. 🙏

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La Dame Blanche

Estelle est une jeune femme d’une trentaine d’année. Infirmière dans la maison de retraite « Les Coquelicots », elle accompagne les résidents, ceux en fin de vie comme ceux touchés par la maladie d’Alzheimer.

Attentive à leurs besoins au quotidien, elle jongle entre les soins, des parties de cartes et les patients qui s’éteignent dans la solitude. Avec beaucoup de douceur, de bienveillance et de dévouement, elle n’hésite pas à tisser des liens forts et intimes avec ces femmes et ces hommes fragilisés. Son investissement est de plus en plus fort chaque jour, un risque de se perdre elle-même ?

« On est les dernières personnes qu’ils vont voir avant de mourir ».

Après « Appelez-moi Nathan », écrit par Catherine Castro, c’est avec plaisir qu’on retrouve le travail sensible de Quentin Zuttion pour un sujet important, encore une fois traité avec beaucoup de justesse et de pudeur.
Qui sont ces Dames Blanches de l’ombre, celles et ceux qui s’occupent de nos anciens et qu’on considère parfois comme faisant partie du décor? Qui prend soin d’elles, d’eux ?  

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