La frousse, la trouille, les miquettes, les jetons, les chocottes, les foies, les grelots… Ça vous parle à vous ? Parce que question peur, Max, il en connait un rayon, lui, et pas qu’un peu. D’ailleurs, il l’affirme haut et fort : « Moi, Max, je n’ai pas peur de le dire : j’ai peur. Le roi du stress, le prince de l’angoisse, ne cherchez pas : c’est moi. » Tiens, tiens… ça me rappelle quelqu’un… vaguement hein… (non pas que moi, j’ai des noms…)
Bref, dans la vie de ce jeune garçon de 10 ans, rêveur et nerveux, une peur indicible a pris bien trop de place et cela ne peut plus durer : il lui faut un remède. Devant cette urgence, un matin au petit-déjeuner à l’heure où la tartine tente le plongeon du 10m avec effroi, Max décide de s’ouvrir (non pas les veines) et d’en parler à ses parents. Mais voilà, quand on est considéré par ses géniteurs comme « un stressé de la vie depuis sa naissance », pas commode d’être écouté sérieusement, ils dédramatisent toujours tout. Surtout avec des parents à fond dans leur travail, dont les mains se sont transformées en smartphone à force de les tripoter en permanence et qui sont obnubilés par les devoirs. Passeraient-ils à côté de leur enfant ?
– Si tu travailles d’arrache-pied, m’assure mon père, tu iras loin, toi aussi.
Cette histoire de pieds arrachés m’a longtemps, elle aussi, paru mystérieuse. Et contradictoire avec le fait d’aller loin.
Max a du mal à se concentrer, il a la tête ailleurs, il pense à des choses, des choses préoccupantes. Son monde est peuplé de monstruosités en tous genres, de questions apparemment insolubles sur le sens de l’univers, et il n’arrive pas à en parler. Même à l’école, c’est la catastrophe dès qu’il tente de se confier. Et dès que la nuit arrive, le cortège d’Angoisse & Cie se pointe sous la forme de sanglots terrifiants venant du grenier. Rien à voir avec une question d’isolation défectueuse, Max est persuadé que ce sont des fantômes. Son imagination lui jouerait-elle des tours ?
J’étais un garçon compliqué et je consacrais beaucoup d’énergie à éviter que les autres s’en aperçoivent.
Jusqu’au jour où Benoît, un géant plein de barbe et de cheveux va débarquer à l’improviste dans sa maison et sa vie. Cet aventurier bohème revenant d’Amazonie est un ancien ami de son père. En quelques minutes, il s’incruste dans le quotidien de Max pour mieux le faire voler en éclat (le quotidien, pas Max, suivez un peu nom de nom).
L’ennui, ça c’est terrifiant !
C’est un vrai électrochoc ! La présence de Benoit semble dissiper ses angoisses, comme par enchantement. Dès lors, le chemin de l’imprudence s’ouvre sous les pieds de Max… au péril de sa vie ! La rencontre avec une jeune Prudence lui ouvrira-t-il la voie du bonheur ? Trouillera bien qui trouillera le dernier…
Depuis son arrivée, la peur avait presque disparu, mais la vie était devenue beaucoup plus compliquée. Et ce n’était qu’un début.
Un récit façon road-trip introspectif bourré d’ironie, un humour décalé totalement désopilant par son second degré, des aventures rocambolesques aux dialogues déjantés, des personnages super attachants croqués à hauteur d’enfant dans l’esprit du Petit Nicolas* et des Jean-Quelquechose**, mais peints avec toutes les aspérités du monde ordinaire des humains qui sont d’abord, nous le savons tous, des êtres perfectibles. Bref, j’ai aimé, J’AI AIMÉ !
Un nombre de répliques d’une efficacité drolatique redoutable qui vont devenir cultes, sans aucun doute :
– Zut, ai-je dit, ce qui est une façon bien ridicule de gagner du temps, j’en ai conscience.
– Ensuite, il s’est mis en route vers la maison, à pas très lents, telle une vache à qui le ciel aurait accordé le don de lire et qui déchiffrerait, sur la façade du grand bâtiment gris vers lequel on la pousse, le mot « abattoir ».
– Il n’a rien dit mais il a fait une tête étrange, comme s’il essayait d’avaler un rat vivant sans le mâcher.
– Etrange, ce don qu’elle avait de réduire mon QI à celui d’un lombric sénile.
– J’ai fermé les yeux. J’étais heureux, cette fois. Parfaitement heureux. Comme on l’est toujours avant les grandes catastrophes.
– Prudence a pris ma main. Ensuite le désastre a commencé.
– Non ce n’est pas du sang. Plutôt quelque chose comme de l’urine de goule.
Tous les grands sujets du passage de l’enfance à l’adolescence – cette grande mutation – sont abordés : peur de grandir, confrontation à l’autorité parentale, angoisse de décevoir ses proches, acception de sa différence, adaptation face aux premiers émois amoureux, questionnement sur le sens de la vie et ses priorités…
« Le monde est ma principale source d’inspiration. Je le fais juste tourner un peu plus vite ou moins rond. » Luc Blanvillain
Luc Blanvillain nous livre ici un roman initiatique jubilatoire où le jeune héros, délicieux mais nonobstant flippé et un brin scoumouné, va vivre une métamorphose intérieure à l’issue de nombreux rebondissements extraordinaires, se découvrant un courage insoupçonné qui va l’aider à grandir et à ouvrir son coeur.
*oui celui de Gosciny et Sempé, pas celui de Neuilly.
**relatées avec truculence par Jean-B himself dans « Une famille aux petits oignons » de Jean-Phillipe Arrou-Vignod.
Auteur : Luc BLANVILLAIN
Illustration de couverture : Nathalie DESFORGES
Edition : Septembre 2017 – pages – 12 euros – 160 pages
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Du même auteur à l’école des loisirs :
– La nébuleuse Alma – collection Médium (2016)
– Mes parents sont dans ma classe – collection Neuf (2015)
– Journal d’un nul débutant – collection Neuf (2014)
– Cupidon Power (2013)
Et chez d’autres éditeurs :
– L’incroyable voyage de Monsieur Fogg – Hachette (2017)
– Roméo, Moustique Sympatique – Poulpe Fiction (2017)
– Le monde selon Welden : 8 millions de followers – Scrineo (2016)
– Nos âmes seules – Plon (2015)
– Wifi Génie : une aventure de Fabien Dot.Com – Scrineo (2014)
– Le démon des Brumes – Seuil (2013)
– Dans le coeur d’Alice – Hachette Jeunesse (2013)
– Un amour de geek – Livre de Poche (2011)
– Crimes et jeans slim – Livre de Poche (2010)