Il est des livres qui vous secouent par surprise, vous ouvrent le cœur et vous laissent sans voix, la gorge serrée et les yeux humides.
Ethan Claudel a 11 ans et c’est lui qui nous raconte son histoire, avec ses mots à lui, simples et directs, d’une manière totalement bouleversante. Dès la première page, le cadre est posé : une famille dysfonctionnelle où les parents démissionnaires abandonnent Ethan et son frère Yaël 16 ans, à leur propre sort. Très vite cette autonomie est rattrapée par la réalité et les deux frères sont placés en foyer, mais séparément.
« La vie n’est pas une ligne continue. »
Ethan souffre, profondément. Malgré les amitiés qu’il noue dans ce centre, notamment avec sa voisine de chambre Medeea toujours prête à l’aider ou Etienne l’éducateur moustachu sympathique, l’absence de Yaël mine Ethan mentalement et physiquement. Pour preuve, ces crises « d’excedemal » si justement nommées qui témoignent sous forme de plaques géographiques sur son corps combien il est mal dans sa peau. Et ce ne sont pas les séjours en famille d’accueil qui peuvent combler ce manque d’amour fraternel.
Alors Ethan se raccroche à son univers, celui des séries, et fait entrer dans son quotidien ces personnages familiers ; il imagine qu’elles auraient été leurs réactions face aux tourments qu’il traverse, dans cette enfance malmenée.
Outre l’histoire émouvante qui est contée par la justesse des mots de Fanny Chartes, le format de ce récit entrecoupé de saynètes de séries donne au texte une singularité qui fait avancer subtilement la narration. Quand la réalité est insupportable, l’imaginaire-fiction d’Ethan prend le relais, comme autant de bouffées d’air nécessaires et réconfortantes.
Mois après mois, on suit le quotidien d’Ethan tendu vers l’espoir d’une vie meilleure, on s’attache à ses rêves et on ne voit pas venir la force émotionnelle du dénouement, qui nous saisi. Il y a tellement d’amour dans ce roman, qu’on n’en sort pas indemne.
Dans ce texte d’une grande et poignante sensibilité, j’ai rerouvé un peu de « Solaire », forcément, pour cette fratrie unie par-delà les épreuves. Et je garderai en mémoire ces « goûters grillés poudrés » au goût du bonheur d’enfance, le langage lumineux entre Ethan et Yaël et enfin le vol des oies cendrées dans le ciel qui dorénavant me rappellera certes Nils, mais aussi Ethan et son frère.
« Tu crois que l’enfance se termine un jour ? »
Un grand coup de/au cœur ! On peut également saluer le magnifique travail de couverture de Levente Szabo !
Merci à l’école des loisirs pour la réception de cet ouvrage très touchant.
Autrice : Fanny CHARTRES
Edition : L’école des loisirs, collection Médium, 204 pages, 13,50 euros
ISBN : 9782211300827
Année : Avril 021
De la même autrice :
– Une vie en Milonga
– Les Inoubliables
– Solaire
– Strada Zambila