Lettre à toi qui m’aimes

« Regarde-moi clairement un instant :
entre nous, il y a un paquet de trucs qui n’arriveront jamais. »

Comment savoir si on se plait ? Et quand l’amour est à sens unique, que faire, que dire ? Faut-il briser le cœur dans l’œuf avant qu’il ne saigne ?

Pénélope, Dudley et Jobs recrutent un nouveau guitariste pour répéter avec leur groupe hors du lycée. Yliès, un ténébreux et énigmatique métalleux aux yeux de velours. Or l’amour s’invite dans cette bande de potes : Yliès aime Penny mais ce n’est pas réciproque. Si Penny joue avec les limites au début, elle sait vite que rien ne se fera. Yliès se pâme, Penny tente d’éteindre les feux mais le poids de ce amour obsessionnel et unilatéral est étouffant.

C’est une voix qui parle tout au long de ce récit hybride, entre roman épistolaire et journal intime, échanges sms ou mails, dialogues et réflexions intérieures. C’est la voix de celle qui n’aime pas, point de vue inédit qui démonte les archétypes du roman d’amour.

Quel rythme, quelle musicalité dans l’écriture où chaque phrase ciselée comme un poésie convoque les émotions, fait vibrer les cordes sensibles et percute avec justesse ! Une non-liaison dangereusement inflammable, une confession intime de celle qui n’aime pas vers celui qui se meurt d’amour, amante inaccessible et amoureux transi friendzoné. Je n’ai pas lu ce texte, j’ai écouté Penny me le murmurer avec sa voix de bourreau inconscient qui a pris tout l’espace sonore dans ma tête. Un récit en vers libres qui pulse, à vivre d’une traite.

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Et qui de mieux que les personnages du roman pouvaient poser des questions à l’autrice sur son ouvrage ? Impossible ? Carrément possible ! Une interview exclusive de Julia Thévenot par Pénélope, Yliès et Dudley en personnes.

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Quand Dehors t’appelle

Plus que jamais aujourd’hui, nous ressentons ce besoin d’air, de renouer avec la nature, de s’emplir du dehors, si indispensable à nos vies.

« Autrefois, nous faisions partie du Dehors et le Dehors faisait partie de nous. Rien ne nous séparait ».

« Maintenant, parfois même quand tu es Dehors, tu es dedans. Tu oublies que le Dehors est là. C’est pourquoi le Dehors te rappelle sans cesse sa présence… »

Peut-être avez-vous l’opportunité de toucher du bout des doigts la nature chaque jour, une chance qu’on oublie trop souvent. Heureusement, cette nature se rappelle à nous régulièrement, elle nous entoure, nous parle, pour celles et ceux qui savent l’écouter et en prendre soin.

C’est ce que ce sublime album nous invite à faire : prendre conscience de l’environnement extérieur, présent dans notre quotidien et renouer avec l’origine naturelle des choses. Avec poésie, on suit le cheminement contemplatif de cette petite fille qui s’émerveille de découvrir la nature partout autour d’elle.

Pour profiter de ces instants, il faut savoir regarder avec des yeux d’enfants, admirer les jeux de lumière à travers la fenêtre, suivre la naissance d’un papillon, écouter le bruissement dans les branches comme une chanson ou les pas d’un oiseau qui sautille sur le toit, sentir ces effluves printanières qui nous transportent loin.

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Le poisson qui me souriait

Un peu de poésie, respiration nécessaire !

Devant un aquarium en ville, un homme remarque un poisson parmi d’autres, un poisson qui lui sourit. Jour après jour, à chaque passage, le poisson revient vers lui. Cette relation naissante interroge l’homme qui se sent étrangement proche de l’animal aquatique. Si bien qu’un jour, il le ramène chez lui.  Peu à peu, les deux êtres s’apprivoisent et l’homme se prend d’affection pour cet ami silencieux qui partage sa vie.

Mais une nuit, il rêve que le poisson s’envole avec son petit bocal et l’emmène loin de la ville vers la mer. Dans son périple, l’homme s’éveille aux beautés de la nature qui l’entoure. Quel bonheur de nager librement avec ce poisson dans la mer, sans entrave, croit-il, jusqu’à ce qu’il heurte la paroi d’un bocal géant. Le rêve devient cauchemar : prisonnier. À son réveil, le regard de cet homme sur le poisson a changé. Véritable prise de conscience que son bonheur égoïste s’écroule s’il n’est pas partagé avec ce/ceux qu’il aime.

Alors l’homme libère le poisson et le relâche dans l’océan. «Désormais, l’océan tout entier me sourit».

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On lit trop dans ce pays

Un titre pareil, ça hameçonne, non ? Mais où est ce paradis ? 
Dans le pays de Rose-Bibly, on y lit beaucoup et surtout de tout : « des avalanches de livres, des cyclones, des tornades (…) avec un cerisier au milieu et une jolie ombre bleue pour s’y allonger. Dans ce pays, on lisait comme on cueille des cerises. Juste en tendant la main. » Quel programme !

Au fil des pages, au son d’une ritournelle, on découvre l’ampleur du champs des possibles. « Des histoires avec des moulins à vent, des baleines blanches, des Zazie et des Prince-petit, qui vous font les rêves et les matins en grand. » Hmm ça me dit quelque chose 😉

L’imaginaire de Pef nous entraîne alors au cœur de références bien connues de la littérature, et qui, si elles seront une découverte pour les plus jeunes, feront tilter la mémoire des plus grands, leur rappelant ces lectures d’enfance qui nous construisent. « Trop de livres qui riment », « trop d’images qui bullent en bandes organisées », « trop de livres à penser »… La plume de Daniel Picouly joue avec les sonorités, parsemant le récit de nombreux clins d’œil au patrimoine littéraire.

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Un monde à inventer

Retour sur de belles sorties de fin d’année 2020. Il est toujours temps pour une respiration poétique.
 
On avait craqué pour la poésie de Louise, c’est un bonheur de retrouver l’ode à l’imaginaire dans cet album tout en contraste graphique et douceur. Un récit comme un voyage initiatique pour cette petite fille qui se promène au gré de ses réflexions, de ses inspirations et de ses découvertes. D’où vient la création ? Comment les idées naissent sinon en leur laissant la liberté de surgir, en favorisant les occasions de les convoquer par toutes sortes de chemins artistiques, au rythme de ses envies.
Au fil des double-pages, le lecteur suit cette petite fille à la chevelure évocatrice de collines. Sa silhouette interroge, place le lecteur dans un contexte quasi onirique, le jeu du noir et blanc ouvrant le champs des possibles à l’imagination.
 
La promenade s’ouvre avec la découverte de ce carnet, la page blanche invite à la méditation et déjà s’amorce la créativité. Les branches d’arbre sortant du cahier sont autant de chemins possibles, autant d’idées à développer, la métaphore est forte et inspirante : une route à suivre, un parcours à construire… Théâtre, lecture, peinture, sculpture, dessin, musique, danse, photographie… Les émotions remplissent progressivement la petite fille et enrichissent sa chevelure de maisonnettes puis de petits nuages qui symbolisent l’effervescence de la création. Et toujours la présence de la nature, sous forme animale avec ce petit oiseau sur son épaule ou sous forme végétale. À chaque expérimentation, la petite fille est concentrée, elle essaye, elle progresse, elle s’épanouit et l’envie la guide vers de nouvelles expérimentations.

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