Nous traverserons des orages

« Est-ce que le monde serait moins violent si les hommes pleuraient plus souvent ? »

C’est le constat que je fais depuis tant d’année, comme beaucoup, et qui, face à cette violence perpétuelle, alimente une colère intérieure que j’ai de plus en plus de mal à contenir. Mais la colère n’est pas constructive si elle n’est pas force de propositions, source de solutions et d’actions. La littérature est une source.

Et comme dirait le narrateur de cette fresque historique et familiale qui m’a tant émue : « Ecrire est une façon de reprendre un peu le dessus sur l’absurde violence du monde, tu ne penses pas ? »

Car encore une fois, Anne-Laure Bondoux nous offre un récit d’une grande intensité, ciselé avec justesse et qui touche au plus profond du cœur.

Après « L’aube sera grandiose » (cours lire ce texte incroyable stp si tu ne l’as pas déjà fait) où nous suivions essentiellement des parcours de femmes, l’autrice nous emmène ici au travers des époques suivre le destin des hommes d’une famille, la famille Balaguère, la bien nommée.

« C’est l’histoire d’une famille, d’une maison et d’un pays. Elle commence à la veille d’une guerre planétaire, dans une ferme de hameau qu’on appelle les Chaumes. Elle s’achèvera un siècle plus tard, au même endroit, à l’heure où une autre guerre menace de s’étendre.(…) » Entre ces deux époques, on verra vivre ici « quatre générations d’une famille tourmentée par des secrets et hantée par des morts sans sépulture. » Et « entre ces deux époques, nous traverserons des orages. »

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Tous nos rêves ordinaires

Je comprends que ce roman se retrouve dans la belle sélection du Prix Vendredi…

J’avais beaucoup aimé « Et dans nos cœur un incendie » pour les voix percutantes des personnages à fleur de peau.

Ici, c’est Romane, Chris, Chloé, Lola, Gabriel, des adolescents écorchés vifs pris dans la chaleur d’un été dans une banlieue pavillonnaire.

Ce qui percute ici justement, ce n’est pas tant les protagonistes que le ton, le style du récit, comme une respiration, parfois lente et profonde, parfois chaotique frisant l’apnée.

Un texte qui palpite au rythme des chemins empruntés par ces ados en quête d’émotions vraies.

Au cœur d’une jeunesse ordinaire qui brûle de désir et de liberté, d’horizons nouveaux et de sensations fortes. Un texte en vers libres ciselé comme un long poème résolument moderne.

Une syntaxe créative qui pulse de sensualité, au plus près de leurs émois et de leurs angoisses, plongeant les lecteurices dans les abîmes de leur identité écartelée entre rêves-espoirs et réalité-crépi.

Étonnant. 

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Je suis sa fille

Sur les (toujours) judicieux conseils de lecture de Marine Carteron, j’ai découvert que j’avais manqué un roman capital (à mon sens) dans l’œuvre de Benoit Minville. Manque comblé depuis.

J’avais vraiment eu un coup de cœur pour Les Belles Vie et forcément j’avais eu envie de retrouver Vasco et Djib dans Mauvaises Graines, mais quelle surprise de plonger dans ce premier roman et de les retrouver à nouveau. Mais autrement. En périphérie d’une histoire trépidante et touchante, celle de Joanny, Joan pour les plus intimes, et de Hugo, un pote à la vie à la mort.

Cette histoire est d’une histoire d’amour.

Entre une fille et son père, qui l’a élevé sur fond de hard rock et de westerns et qui se retrouve fracassé par le Grand Capital.

Entre deux ados que l’amitié lie profondément, prêts à traverser la France pour régler son compte aux responsables de cette crise qui bousille les gens, un peu plus chaque jour.

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A un cheveu

On m’en avait dit du bien, et c’est un vrai plaisir de lecture. Emma est un personnage attachant dont la voix sonne juste. Beaucoup de rythme dans ces dialogues bien ciselés et punchlinesques. De l’humour et de la tendresse, pour parler d’alopécie sans tabou, d’acceptation de soi et de relations humaines fortes, qu’elles soient parfois toxiques ou salvatrices.

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Au nom de Catherine

Déjà fan du travail de Mayalen Goust, je suis tombée en admiration devant l’univers et l’ambiance qu’elle a créé dans ce roman graphique véritablement touchant.

À la fin du précédent tome adapté du roman de Julia Billet, « La guerre de Catherine », Rachel devenue Catherine part vivre avec Etienne, après le succès de son expo photos à Paris. Elle sait qu’elle va devenir photographe. Le début de ce deuxième volet voit le retour de Catherine dans sa famille, un an après. Avec Etienne, ce n’est pas ça, des rêves différents, des attentes différentes. La jeune femme se lance comme photographe professionnelle. Dans une France tout juste sortie de la Libération, elle enchaîne les reportages à succès. Mais les traumatismes de son passé continuent de la hanter. Un vent de liberté souffle sur les choix de Catherine. Elle s’ouvre progressivement au monde, par des rencontres décisives et des relations d’amitiés fortes. Une femme artiste est en train d’éclore, une femme engagée, une femme déterminée, une femme courageuse dans un monde qui demande encore de se battre pour ses idées et pour toujours plus de paix.

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