Le chapeau charmant

Avez-vous pris le temps d’observer les nuages récemment, en marchant le nez en l’air ou allongé dans l’herbe ? Un plaisir d’enfance facilement ré-appropriable si vous vous laissez le temps de ce voyage imaginaire. C’est ce que fait cette petite fille pour chasser l’ennui, en cette fin d’été dans ce parc où la chaleur est assommante.

Quand soudain, zouim, elle glisse sur un chapeau. Etrange ce chapeau abandonné. Qui l’a oublié ? S’ouvre alors pour elle le champs des possibles pour cet objet anodin. Elle lui invente plusieurs vies : un grand-père l’aurait perdu pendant sa sieste ? Un gondolier de Venise en voyage à Paris l’aurait égaré en traversant le parc ? Une musicienne qui s’en servait pour récolter quelques sous l’aurait oublié pour rejoindre un admirateur ?


Le lendemain, le chapeau mystérieux est toujours à sa place, l’occasion pour elle de s’imaginer danseuse de claquette ou funambule le chapeau à la main. Elle le respire, et là par magie lui reviennent les mots de son oncle poète. Mais l’orage gronde bientôt. Que va devenir le chapeau sous la pluie ? Pour le savoir, il faudra lire ce roman court si touchant, qui dit combien notre part d’imaginaire fait notre richesse intérieure et que les surprises peuvent surgir au détour d’une branche de prunus.

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Des oiseaux plein la tête

Nénette n’est pas comme les autres. Dans sa tête, des tas d’oiseaux tourbillonnent. Elle est dans son monde, un monde où des papillons s’échappent de ses mains, où des chansons animent son esprit, où on peut passer des heures à contempler une toile d’araignée même sans araignée. D’avant en arrière et d’arrière en avant, elle se balance, au gré de son imagination, dans son univers.

Un univers que les autres ne comprennent pas. À l’école, on se moque, on ricane, on rejète sa différence, et le fossé se creuse douloureusement. Alors, elle reste souvent seule.

Jusqu’à ce jour de pluie, où No, un garçon de sa classe intrigué par la beauté de ses gestes, la regarde sous un nouvel angle. L’univers si particulier de Nénette lui apparait plus riche qu’il ne l’imaginait et son cœur s’ouvre sur une nouvelle amitié profondément touchante.

Un album doux et sensible qui parle d’autisme et d’exclusion, avec beaucoup de bienveillance. Une ode tendre à l’amitié, à la tolérance et à l’acceptation de l’autre. 

Des illustrations magnifiques aux crayons de couleurs, où les teintes lumineuses qui s’imposent dans la grisaille du monde extérieur sont autant signes de vie que d’espoirs joyeux.

Merci à l’école des loisirs pour la découverte.

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Rosanui

« Rosanui vit sous les étoiles…
Quand le jour s’éteint et que tout s’apaise, alors son monde apparaît. »

Un couple sur un banc regarde le soleil se coucher dans la vallée, les ombres bleutées de la nuit commencent à envelopper le paysage. Au loin, les collines semblent dessiner la silhouette d’une jeune fille allongée, endormie.

L’obscurité a englouti le paysage mais les étoiles scintillent, le monde de la nuit s’éveille. La colline s’anime sous la forme d’une jeune fille qui se lève et part explorer la vie nocturne.

Allégorie de la nuit, Rosanui s’émerveille des beautés qu’elle croise : les lucioles qui palpitent, les yeux jaunes des animaux perçant au travers des feuillages, les chats errant sur les toits, les papillons virevoltant dans la lueur des lampadaires, les jeux d’ombres et de lumières de la lune complice ou des bougies d’enfants se racontant des histoires effrayantes dans le noir.

Le calme règne dans cette nature obscure, tout est affaire de contemplation, pour le narrateur comme pour le lecteur.

L’univers graphique de cet album est d’une grande beauté, les couleurs intenses de la nuit (bleu, noir, jaune) sont rendues avec une très grande qualité, ce qui fait de cet ouvrage un récit poétique plein de douceur. Une lecture plaisir pour un voyage jusqu’au bout de la nuit en belle compagnie.

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Je n’aime pas Koala

(c) Alice

Un doudou, c’est personnel. C’est comme une brosse à dents, ça ne se prête pas.

Et l’amour pour un doudou, quel qu’il soit, petit ou gros, doux ou pelé, croquignouski ou gerbibeurk, ça ne s’explique pas. L’amour est aveugle, non ?

Et vous ?

Rappelez-vous, ce doudou machouillé que vous avez trainé de pièce en pièce, que vous avez caché dans votre cartable à l’école primaire, oui, celui-là. Celui que vous avez planqué sous le lit quand votre amoureux est venu écouter de la musique chez vous… Vous voyez bien de quoi je parle : ce petit morceau de vous qui a construit votre enfance… Mieux qu’un doudou, c’était un ami.

Bref. 

Et bien, Adam, lui, c’est tout le contraire ! Il n’aime pas cette peluche Koala ! Non mais sans blague, vous avez vu ce trucmuche épouvantable ? Adam n’a pas confiance, ce koala est louche. Regardez ses yeux déjà… Il ne louche pas mais Adam le sent bien, Koala l’épie où qu’il aille. Il lui a même chipé son goûter. Mais personne ne le croit ! Les adultes ne le comprennent pas. 

Tous les soirs, avant d’aller au lit, Adam suit le même rituel : il prend son bain, il enfile son pyjama, il se brosse les dents… et il essaye de se débarrasser de Koala.

Chaque jour, il tente bien les stratagèmes les plus fous pour l’éloigner, mais quoi qu’il fasse, il se retrouve collé à cette bestiole effrayante à la fourrure hirsute. Ça ne peut pas durer !

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Le monstre du lavabo

(c) La Palissade

Glouuuuhhhhh glouuuuh glouuuuu glouuuu….

Youhou ! Y a quelqu’un ?

Vu le bruit d’écoulement dans le lavabo, il y a un monstre qui gémit, c’est certain ! 

Allez, avouez, vous l’avez déjà ressenti ce petit frisson de terreur en imaginant qu’une bestiole bien étrange pouvait surgir du tuyau et vous avaler tout cru ?

Non ? Mon oeil, les enfants autour de vous me l’ont dit, foi de Licorne !

Et bien c’est exactement ce que Mila, un petit bout de jeune fille curieuse et intrépide, est en train de se demander : « où va l’eau de la baignoire ? »

Un genre de question tout à fait irrépressible comme « d’où vient le vent? » et qui laisse souvent les grandes personnes dans l’expectative tant ils sont déconnectés de leur imaginaire d’enfance…

Et s’il était en train de remonter dans l’immeuble par le tuyau…

« Elle va dans les tuyaux puis ça descend dans les égouts qui traversent la ville, et ça rejoint le fleuve, puis la mer« , explique sa maman.

Voilà une réponse bien rationnelle mais avez-vous déjà vu des monstres avaleurs d’eau au bord de la mer ? Non ? Alors le mystère reste entier, le monstre se cache quelque part dans les canalisations de l’immeuble. Mais où ? 

Au 1er, chez Madame Miossi, la fée du logis ? Non, ça sent la javel, une odeur qui repousse les montres forcément. Au 2e, chez Monsieur Albatin, le sorcier qui fait des potions magiques dans sa salle de bain ? Non, le monstre se sera méfié. Au 3e, chez la famille Antiferm dont les enfants hurlent à tue-tête ? Non, le montre n’est pas si téméraire…

Donc, cela signifie bien que le monstre est chez Mila, au 4e et qu’il la guette…

Résolue à tirer cette affaire au clair, la petite fille tente une expérience : elle lâche une balle dans le tuyau. Elle n’a plus qu’à la suivre pour savoir où se cache ce monstre du lavabo. Malin ! 

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