Un titre alléchant non ? (ok c’était facile). Il n’y a pas de petit plaisir, ma bonne dame. Même pas celui procuré par une lecture, si petite soit elle. Mais du grand plaisir, de la jouissance ? Tout est dans ce qu’on entend par plaisir de lecture, par celleux qui cherchent à le définir voir le théoriser et le hiérarchiser, ou par celleux qui écartent au maximum le libre champs des possibles pourvu qu’on lise, lutin de merle !
Et qui dirait plaisir de lire, dirait jouissance de lecture ? Hmm, vaste sujet qui peut alimenter un débat enflammé jusqu’au bout de la nuit…
« Pourquoi se contenter de lire pour le plaisir, quand on pourrait vraiment jouir de ses lectures ? » Ah, voilà, vous ne vous étiez pas posé la question ainsi j’imagine ? Moi non plus, pas complètement, ou pas consciemment, car le plaisir dans la lecture c’est clairement ce qui m’attire (pas fan des « Lectures Souffrances »). Sans doute le plaisir de lire du pays de l’enfance, le plaisir de découvrir, de voyager, de se frotter à un style, un personnage, un imaginaire, le plaisir d’être ailleurs.
C’est la question que pose Clémentine Beauvais dans ce nouveau titre de la collection ALT, ce court format de tête-à-tête entre auteurice et lecteurice qui ouvre la discussion sans poser une opinion mais invite à la réflexion. Un manifeste joyeux, comme un dialogue ouvert, qui titille la curiosité et réveille nos a priori.
« Non, nos plaisirs et nos déplaisirs de lire ne sont pas naturels, non ils ne viennent pas de nulle part. » Il faut chercher plus loin, et surtout apprendre à nommer ce plaisir, apprendre ce qu’est le plaisir du texte, à surtout s’interroger sur ce qui suscite ce plaisir chez nous, pour en parler (si on le souhaite bien sûr). Certes cela touche à l’intime et au collectif, au secret et au partage universel. Voilà, c’est complexe (et peut-être unique) comme chacune et chacun de nous. Il n’y a pas de réponses toutes faites ou de recettes miracles dans cet essai mais peut-être déjà l’idée de butiner en lecture, de gouter, de tester, de jouer. Le goût peut évoluer, le
plaisir de lire aussi et les sources de jouissance paraissent infinies (on l’espère).
« Apprendre à jouir de la lecture veut dire se méfier des idées toutes faites ».
Un levier : la curiosité, pour moi. Tester et parfois être déçue, même si l’autre y a pris son pied. Prendre le temps, écouter, s’écouter, garder l’esprit libre, continuer à chercher le petit et le grand kif, apprendre de moi, de nous, au travers de ce que nous ressentons entre les pages.
Autrice : Clémentine BEAUVAIS
Edition : La Martinière Jeunesse – Collection ALT – 32 pages – 3,50 euros
EAN : 9791040116479
Année : Janvier 2024
Dans la même collection : (chroniqué ici)
- S’informer, à quoi bon ? de Bruno Patino
- Avorter, un droit en danger ? de Ghada Hatem
- A-t-on encore le droit de changer d’avis ? de Blandine Rinkel
- Climat : trop tard pour agir ? de Hugo Viel
- Être féministe, pour quoi faire ? de Camille Froidevaux-Metterie
- C’est quoi l’amour ? Ovidie
- Harcèlement, ça commence quand ? Catherine Le Magueresse
- Algorithmes bientôt maîtres du monde – Aurélie Jean
De la même autrice (bibliographie sélective) :
– Ecrire comme une abeille (chroniqué ici) – Gallimard
– Les Facétieuses (chroniqué ici) Sarbacane
– Décomposée (chroniqué ici) L’IconoPop
– Âge tendre (chroniqué ici) (Sarbacane)
– Boucles de pierre (album Sarbacane)
– Brexit Romance (chroniqué ici) (Sarbacane)
– Io, pour l’amour de Zeus (Nathan)
– Songe à la douceur (2016 – Sarbacane)
– Va jouer avec le petit garçon (2016 – Sarbacane)
– Les Petites Reines (2015 – Sarbacane)
– Carambol’Ange (2015 – Sarbacane)
– Comme des images (2014 – Sarbacane)
– La louve (album – 2014 – Alice Editions)
– La Pouilleuse (2012 – Sarbacane) (Chroniqué ici)
– Ameline, joueuse de flûte (album – 2018 – Alice Editions)
– Les royales baby-sitters (2015 – Hachette Jeunesse)
– Bibi Scott (2017 – Rageot)
– La plume de Marie (2011 – Talents Hauts)
– Les petites filles top-modèles (2010 – Talents Hauts)
Ses traductions (sélection) :
– L’Ickabog de J.K. Rowling
– Signé Poète X d’Elizabeth Acevedo
– Swimming Pool de Sarah Crossnan (chroniqué ici)
– Inséparable de Sarah Crossnan
– Caribou Baby de Meg Rosoff (chroniqué ici)