« La guerre. J’ai beau tenter de penser à autre chose, elle occupe mon esprit.
Troie
Troie est au centre d’une guerre qui nous dépasse, une guerre dont le Palladion est l’enjeu. (…)
Un jeu où les mortels seront les seuls à payer le prix du sang. »
Si les premières pages nous placent 20 ans avant la chute de Troie, c’est une perspective, car c’est bien plus loin en arrière que commence et se déroule ce 2e tome.
Rappelez-vous… Athéna a échoué. Sa tentative pour récupérer le Palladion et retrouver enfin Pallas s’est terminée dans un bain de sang. Troie, quant à elle, a été saccagée par Héraclès et son armée. Mais la déesse, loin d’être découragée, a tiré de précieuses leçons de cet échec.
Athéna place ses pièces patiemment, sur un échiquier qu’elle est seule à connaître. Aidé par le Titan Prométhée, elle conçoit un nouveau plan. Un plan d’une envergure glaçante qui entrera à jamais dans l’histoire des hommes et des Dieux.
Au fil des chapitres, on retrouve les voix de ces femmes, déesses ou mortelles, avançant progressivement année après année, inexorablement, vers une tension implacable : le sort de Troie.
Avec toujours autant de minutie dans l’articulation des interactions entre les personnages (qui sont nombreux et qu’on voient évoluer et/ou apparaître décade après décade), Marine Carteron nous offre une deuxième traversée haute en couleurs des prémices de la chute de Troie, portée par une écriture ciselée et d’une grande modernité. Certes, elle revisite cette mythologie grecque (que nous connaissons souvent de loin d’ailleurs) mais, et c’est sa force, à la lumière d’une langue vive, toujours teintée de la poétique d’Homère, mais résolument actuelle.
Goutez un peu pour voir : « Bref, pendant dix jours, Hélène fout la merde avec application. » J’adore !!!
Ces hautes figures mythologiques qui parlent parfois crûment accentuent la connivence avec le lecteur/la lectrice. C’est brillant et toujours fluide !
Au final, c’est absolument délicieux de machinations de toutes sortes, de manipulations parfois drolatiques mais souvent sanglantes, et forcément ponctuées de traîtrises et de meurtres. Un Game of Thrones mythologique ? À vous de vous faire votre idée. Moi, ce qui m’a accroché au point de le lire d’une traite, c’est la force de l’écriture digne d’un grand roman d’espionnage.
C’est palpitant, cette Athéna est une stratège implacable et déterminée. Tout autant qu’Oenone et Hélène dont je vous laisse découvrir les chemins, comme ceux de Ménélas et de Pâris qui montrent un visage nouvellement éclairé. Ça chauffe de partout, tactiques croisées et alliances machiavéliques. Jubilatoire !
Et dire qu’il va falloir patienter jusqu’en 2024 pour dévorer le tome 3 ! Damed nom de Zeus !
Autrice : Marine CARTERON
Edition : Le Rouergue Jeunesse – roman – 358 pages – 17,50 euros
ISBN : 978-2-8126-2517-6
Année : Novembre 2023
De la même autrice :
– Pallas T.1 Dans le ventre de Troie (chroniqué ici)
– La (presque) Grande Evasion (chroniqué ici)
– Génération K (3 tomes) (chroniqué ici)
– Dix (chroniqué ici)
– Les Autodafeurs (3 tomes)
– L’attaque des cubes (série)
– Romy et Julius avec Coline Pierré
Chez : Bayard Jeunesse
– Les apprentis samouraïs (série)
Chez Casterman :
– Désorientée