Ressac

Comme souvent les livres sont des refuges, des portes ouvertes sur l’ailleurs, le merveilleux, l’intime, l’infini. C’est ainsi que j’aborde la lecture, un voyage immobile, souvent salutaire. L’occasion d’une pause en bord de mer fut idéale pour plonger dans ce récit qui m’intriguait et m’attirait après quelques échos.

Ressac… Le titre interpelle, ses sonorités évoquent ce bruit des vagues qui « caressent » sable comme roche. La contemplation de la mer, cet horizon palpitant, m’a toujours permis de me recentrer. Et forcément, ce texte m’a touché.

L’autrice-illustratrice confie ces quelques jours de retraite choisie dans un monastère en Bretagne, une décision personnelle, nécessaire, vitale. Se retrouver face à soi, en soi. Prendre le temps de s’arrêter sur l’essentiel, loin de la vie trépidante, du quotidien parfois toxique, des tumultes.

5 jours, c’est peu et c’est beaucoup. 5 jours, confiés l’un après l’autre, au rythme de méditations intérieures et de marches aux alentours d’un couvent quasi mutique. L’occasion de s’interroger sur l’essentiel, suite à l’accident de ce beau-père pivot tant aimé qui dérive et la déroute, sur le passé, l’avenir, l’écriture.

Ressac (n.m.). Retour violent des vagues sur elles-mêmes, lorsqu’elles se brisent contre un obstacle.
Sens figuré : retour brutal d’une émotion refoulée.

La curiosité des premières pages est vite remplacée par un sentiment d’accalmie, l’impression de partager ces interrogations, ces pensées libres, ces confidences intimes. Clémentine Beauvais en parle très bien : « ce livre est comme la mer, avec des remous dessous qu’on sent sans les observer directement ». On se laisse porter par le cheminement de Maureen, ses rencontres avec d’autres femmes au couvent avec lesquelles une connexion se fait, comme une évidence, ses découvertes du paysage marin qui convoquent sensations et vagues de souvenirs.

Beaucoup de résonnances, de questionnement, d’ouverture à soi sans connivence forcée, juste un témoignage posé pour souffler et prendre le large, le temps d’une pause introspective. Une parenthèse de sérénité sans rien de mystique, un coin pour prendre soin de soi, revenir à l’essentiel, s’autoriser ce face à face avec soi pour revenir aux autres.

Une lecture sensible, où le silence de la réflexion résonne, humblement, sans prosélytisme. Un mouvement intérieur vers soi.


Autrice : Maureen Wingrove « Diglee »
Edition : La ville brûle – 168 pages – 17 euros
ISBN : 9782360121434
Année : Juillet 2021

 

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