Traverser les montagnes, et venir naître ici

La sortie d’un livre de Marie Pavlenko est toujours synonyme d’une rencontre mémorable, la création de souvenirs forts au creux des pages en suivant les parcours de personnages confrontés à des ruptures de vie intenses. Des lectures qui marquent, et laissent des traces, longtemps. C’est en tous cas ainsi que je le ressens et que j’attends chaque nouvelle rencontre avec impatience.

Même après plusieurs jours, j’ai encore l’impression d’entendre Astrid et Soraya, les deux protagonistes de ce « roman » bouleversant, discuter entre elles dans cette langue anglaise commune par la force des choses. J’ai encore l’impression d’entendre au loin les gazouillis de cet enfant, trait d’union imprévu entre ces deux femmes blessées dans leur coeur et dans leur chair. J’ai encore l’impression d’entendre les pas dans la neige de celles qui s’épuisent pour atteindre ce pays-refuge qu’est la France, après avoir traversé tant de pays, de misère et de désespoir.

Deux femmes, deux trajectoires qui se percutent par hasard et qui nous retournent le coeur par ce lien, instinct de survie, qui les étonne elles-mêmes.

Astrid a tout perdu, mari et enfants. La minute brutale où tout bascule et où on se retrouve sidérée, abasourdie par la violence du choc et noyée sous la souffrance. Elle part se réfugier loin de la ville, seule, dans un hameau au coeur des montagnes. Faire le vide, ne plus parler, ne plus convoquer les souvenirs, arrêter le temps.

Continue Reading

La cabane

Un lycéen assis sur son lit. Dans sa chambre. Sa « cabane ». Rien de plus banal, en soi. Et pourtant.
Un lycéen. Dans sa chambre. À l’intérieur. Depuis 187 jours. On se questionne. Lui aussi.
Un rendez-vous. Aujourd’hui. Le 14 mai. Un jour exceptionnel, pour lui, noté d’une croix rouge sur un calendrier.
Un rendez-vous avec l’extérieur. La première sortie depuis 6 mois. Forcément intrigant.

Depuis 6 mois, cet adolescent est incapable de franchir le seuil de la porte, ni même de tourner la poignée. Un diagnostic est posé : le syndrome de la cabane. Un repli sur soi, une phobie sociale, une anxiété si forte qu’elle paralyse au point de suffoquer à l’approche de la porte. Ce que certains d’entre nous ont ressenti après le confinement et qui a un nom en japonais, Hikikomori. « Préférer la sécurité intérieure à l’exposition au monde extérieur. »

Et pourtant, dans 2 heures, il doit surmonter la panique qui le bloque chez lui et traverser le jardin, se retrouver dans la rue, atteindre la boulangerie et rentrer. Ce n’est pas un jeu, c’est une épreuve, et le souffle lui manque, un poids lourd sur la poitrine.

Continue Reading

La souris qui portait sa maison sur son dos

Envie d’une bouffée de douceur ? Alors, comme moi, faites la connaissance de Vincent !

Comme le titre l’indique, Vincent, une petite souris avec des bottes aux pieds et un chapeau sur la tête, porte sa maison sur le dos. Mais regardez plus près. Un détail va vous surprendre : une découpe de la forme de la maison apparaît dès la couverture, comme une petite fenêtre ouverte qui invite au voyage. Forcément, intriguée, je suis partie sur la route aux côtés de Vincent.

Un jour, alors que la tempête se lève, Vincent s’installe sur une colline. Le mauvais temps est préoccupant mais il est confiant. Peu à peu, une grenouille fatiguée, un chat affamé et une famille de hérissons tout mouillés se présentent à sa porte sans pour autant oser entrer, tant la maison semble minuscule. Mais Vincent a toujours le sourire et de la place pour qui en a besoin. Même pour l’ours, aussi grand et effrayant soit-il !

Au fil des pages et des rencontres, la découpe en forme de maison s’agrandit et laisse voir tantôt le visage de ceux qui ont besoin d’aide, tantôt l’intérieur de la maison qui se remplit au fur et à mesure. Un choix judicieux qui permet de jouer sur les cadrages interne/externe.

Continue Reading

La case 144

Je crois que c’est encore une fois la force d’une couverture qui m’a attirée et donné envie de lire cet album. Il est sorti en mars dernier mais c’est une histoire qui se passe en été, alors je vous invite à cheminer avec Lia vers la case 144 pour découvrir ce qui s’y passe.

Lia a huit ans et pour s’occuper pendant l’été, elle voulait une idée amusante : explorer la ville. Mais pour éviter de se perdre, elle décide de dessiner un long jeu de marelle sur les trottoirs. Ainsi, case après case, elle fera le tour de la ville.

Au fil des cases et des jours, Lia s’aventure toujours un peu plus loin, appréciant les vitrines odorantes du fleuriste comme celle de la galerie d’art, ou encore la confiserie. Sautillant de case en case, elle avait l’impression de posséder les trottoirs de son quartier. Mais plus qu’une craie et il faudra attendre pour que sa mère puisse lui en offrir à nouveau.

Pour éviter que son parcours disparaisse, Lia continue jusqu’à la case qui aurait dû porter le numéro 144, mais un vieil homme l’occupe sur un étrange tapis en carton qui ne semble pas volant pourtant. Intriguée, la petite fille décide d’attendre la journée que ce personnage mystérieux sans chaussures et dont la tasse sur le sol ressemble à une lampe de génie s’en aille de sa case à elle. Piquée par la curiosité, elle commence à lui parler même s’il ne semble pas la comprendre. Et si elle pouvait exaucer son vœu d’avoir de nouvelles craies ? Mais comment 
amadouer le génie ?

Continue Reading

L’oeil de Berk

Quel plaisir de retrouver ce coquin de Berk et sa troupe de doudous aventuriers !
Cette fois-ci, il s’est passé une catastrophe dans la cuisine, oui, oui, c’est le doudou du narrateur qui nous le dit.
Une cascade de trop, et paf ! Berk a un accident, il perd un oeil. Bon, allez, c’est pas si grave, tout le monde cherche l’oeil de Berk !!!

Pas si simple… Mais cette tête avec un oeil en moins, ça ne ficherait pas un peu les chocottes quand même ? Toute la bande de doudous commence à s’imaginer à leur tour être des monstres un peu effrayants, on se croirait déjà à Halloween. Berk retrouvera-t-il son oeil d’origine parmi toutes ces petites billes noires qui jonchent le carrelage de la cuisine ? Chuuutt… c’est un secret qu’il faudra découvrir en lisant cet album.

Continue Reading