De délicieux enfants

Forcément, quand un nouveau texte de Flore Vesco parait, la lectrice groupie que je suis est dans tous ses états. Et quand il s’agit de revisiter un nouveau conte, alors la curiosité est à son comble. Dès le prologue, le ton est donné « une histoire d’ogre et de caillasse… la bonne blague ! » (…) « Dans ma chanson, il y aura des larmes, de la bile, des méchancetés et des enfants crus ». Les ingrédients pour bien trouiller. On en a l’eau à la bouche et les poils qui se hérissent, car on voit surgir l’ombre originelle du Petit Poucet et de l’Ogre, ainsi que son cortège de souvenirs d’enfance effrayants liées aux illustrations de Gustave Doré.

« Cela fait des jours que les écuelles sont vides, tout comme les estomacs. Dans leur maison au fond des bois, le père et la mère désespèrent de nourrir leur chère progéniture. Sept bouches voraces. Sept enfants espiègles qui ont déjà bien grandi. Sauf Tipou. Difficile de trouver sa place, quand on en prend si peu… Du haut de ses treize ans, Tipou rêve d’aventure. Cela tombe bien : la forêt noire et profonde cache d’inquiétants mystères. Qui sème ces feuilles et baies sanglantes ? Pour le découvrir il vous suffit, à vos risques et périls, de suivre les traces… »

Or, ce n’est pas juste un détournement que nous propose Flore Vesco, ce n’est pas une cabriole cabotine d’adaptation du conte, c’est un récit vibrant, actuel et viscéralement engagé, écrit dans un style d’une très grande force, sans artifice, où l’humour grinçant titille la noirceur du genre humain. Comme elle l’explique, le conte, cette culture partagée, est une matière malléable qui en passant au roman ouvre la voie à l’interprétation, au symbolique.

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Pallas

T. 1 Dans le ventre de Troie

Hésione, fille de Laomédon et de Strymo, offerte en sacrifice à un monstre marin. Quelle scène d’introduction ! Nous sommes 56 ans avant la chute de Troie. La plongée dans les véritables causes des guerres de Troie est immédiate et ça va tanguer, accroche toi.

Dans ce premier volet, on suit le parcours et les voix de femmes mortelles et déesses, connues ou oubliées, notamment celle de Pallas, arrachée à sa presque sœur Athéna par Zeus.

On marche dans les pas d’Hésione et des gardiennes du Palladion. On entre dans les coulisses des luttes entre les clans, les intrigues familiales orchestrées par dieux et déesses. On redécouvre les liens obscurs tissés entre mortels et divinités, leurs stratégies pour le pouvoir, leurs plaisirs des manipulations, le jeux des passions dévorantes, la violence des combats, la condition féminine étoufée. Conçu comme un scénario de série (Game of Thrones spirit), l’intrigue est ciselée, encore une fois, avec un talent indéniable de la part de Marine Carteron.

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Au nom de Catherine

Déjà fan du travail de Mayalen Goust, je suis tombée en admiration devant l’univers et l’ambiance qu’elle a créé dans ce roman graphique véritablement touchant.

À la fin du précédent tome adapté du roman de Julia Billet, « La guerre de Catherine », Rachel devenue Catherine part vivre avec Etienne, après le succès de son expo photos à Paris. Elle sait qu’elle va devenir photographe. Le début de ce deuxième volet voit le retour de Catherine dans sa famille, un an après. Avec Etienne, ce n’est pas ça, des rêves différents, des attentes différentes. La jeune femme se lance comme photographe professionnelle. Dans une France tout juste sortie de la Libération, elle enchaîne les reportages à succès. Mais les traumatismes de son passé continuent de la hanter. Un vent de liberté souffle sur les choix de Catherine. Elle s’ouvre progressivement au monde, par des rencontres décisives et des relations d’amitiés fortes. Une femme artiste est en train d’éclore, une femme engagée, une femme déterminée, une femme courageuse dans un monde qui demande encore de se battre pour ses idées et pour toujours plus de paix.

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De Cape et de Mots – BD

Rappelez-vous le prologue de ce roman décapant et plein de fantaisie qu’on avait tellement aimé : « Oyez, oyez l’histoire de Serine, demoiselle à la langue affutée, qui sauva un royaume avec trois mots ».

Voilà donc notre chère et bondissante Serine de retour, sous les pinceaux et aquarelles acidulées de la team Kerascoet. Joie, joie, joie lorsque Dame Vesco nous avait confié la naissance de ce projet il y a quelques lieues de ceci.

Re joie, re joie, re joie de pouvoir maintenant revivre les aventures époustouflantes de cette jeune femme pleine de ressources, en images hautes en couleurs.

Je vous remets en mémoire les ingrédients clés : une héroïne intrépide à la langue habile et bien pendue qui du haut de ses 17 ans décide de devenir demoiselle de compagnie au palais royal, un séduisant bourreau au grand coeur, une intrigante ambitieuse prête aux pires bassesses pour briller, un sombre sbire aux desseins machiavéliques, un royaume pourri par les faux-semblants, des rebondissements à foison. Et une mystérieuse Esperlune !

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Et le ciel se voila de fureur

Quel titre, quelle lecture, quel souffle, quelle épopée ! Un voyage chaotique au XIXe siècle qui laisse un goût de poudre sur la langue, l’écho de cavalcades enfiévrées dans les oreilles, la poussière des terres de l’Ouest américain au creux des mains, l’odeur métallique du sang versé au nom d’une vengeance à fleur de narines et la chaleur d’un amour familial qui palpite plus fort malgré tout au fond du cœur.

« Tout a commencé par une roue brisée. »

Quel incipit ! Quasiment aussi puissant qu’ « Au commencement était le Verbe », n’est-ce pas ? Et cette référence n’est pas un hasard.

Le récit s’ouvre sur un horizon : la confidence d’une femme à une autre femme, une transmission exclusive après plus de 100 ans, le dépôt d’une mémoire familiale incroyable. Nous sommes en 1977, et ce que Lisbeth, 116 ans, s’apprête à confier à cette jeune journaliste pourrait bien être plus que le récit d’une simple femme… Les souvenirs remontent progressivement et vont emporter les récipiendaires, reporter comme lecteur, dans une aventure explosive à couper le souffle.

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