Au nom de Catherine

Déjà fan du travail de Mayalen Goust, je suis tombée en admiration devant l’univers et l’ambiance qu’elle a créé dans ce roman graphique véritablement touchant.

À la fin du précédent tome adapté du roman de Julia Billet, « La guerre de Catherine », Rachel devenue Catherine part vivre avec Etienne, après le succès de son expo photos à Paris. Elle sait qu’elle va devenir photographe. Le début de ce deuxième volet voit le retour de Catherine dans sa famille, un an après. Avec Etienne, ce n’est pas ça, des rêves différents, des attentes différentes. La jeune femme se lance comme photographe professionnelle. Dans une France tout juste sortie de la Libération, elle enchaîne les reportages à succès. Mais les traumatismes de son passé continuent de la hanter. Un vent de liberté souffle sur les choix de Catherine. Elle s’ouvre progressivement au monde, par des rencontres décisives et des relations d’amitiés fortes. Une femme artiste est en train d’éclore, une femme engagée, une femme déterminée, une femme courageuse dans un monde qui demande encore de se battre pour ses idées et pour toujours plus de paix.

Dès la couverture, le regard de Catherine vous capte, vous interpelle profondément et vous donne envie de voir à travers ses yeux. On change complètement de style graphique par rapport au premier tome et c’est aussi ça qui m’a particulièrement séduite. Un autre regard sur Catherine, un regard plus affirmé, plus enveloppant, qui illustre son évolution personnelle, un regard plus intime, plus artistique sans doute, au sens esthétique.

Outre le travail sur les expressions qui est d’une grande finesse, le choix des teintes contrastées participent à la réalisation de ce roman comme une œuvre artistique en lui-même. Absolument sublime, de vrais tableaux ! Les cadrages sont soignés pour donner le tempo, parfois introspectif sur des pleines pages, parfois plus rythmé sur plusieurs cases. Le traitement en bichromie rend les photos prises par Catherine troublantes de justesse, ces moments captés par son œil racontent ce qui ne se dit pas, et c’est bouleversant car cela touche à l’intime.

Un très grand coup de cœur ! Le rapport texte image est bien équilibré, le récit prend le temps nécessaire pour faire vivre au plus près les étapes que franchit Catherine. On la suit comme une ombre discrète, témoin de la naissance d’une héroïne sensible au sens photographique, qui imprime en elle les bouleversements de son temps et sait retranscrire un essentiel vital : se battre pour être libre. Une réalisation d’une grande beauté, on peut saluer le travail de coloriste et d’impression. Un roman graphique fort que je vous invite à découvrir au plus vite, déjà disponible en librairie.

Merci à Rue de sèvres pour la découverte.


Scénariste : Julia BILLET
Dessinatrice : Mayalen GOUST
Edition : Rue de Sèvres – BD – 176 pages – 18 euros
ISBN : 9782810200580
Année : Mars 2023

 

Vous aimerez aussi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.