Au nom de Catherine

Déjà fan du travail de Mayalen Goust, je suis tombée en admiration devant l’univers et l’ambiance qu’elle a créé dans ce roman graphique véritablement touchant.

À la fin du précédent tome adapté du roman de Julia Billet, « La guerre de Catherine », Rachel devenue Catherine part vivre avec Etienne, après le succès de son expo photos à Paris. Elle sait qu’elle va devenir photographe. Le début de ce deuxième volet voit le retour de Catherine dans sa famille, un an après. Avec Etienne, ce n’est pas ça, des rêves différents, des attentes différentes. La jeune femme se lance comme photographe professionnelle. Dans une France tout juste sortie de la Libération, elle enchaîne les reportages à succès. Mais les traumatismes de son passé continuent de la hanter. Un vent de liberté souffle sur les choix de Catherine. Elle s’ouvre progressivement au monde, par des rencontres décisives et des relations d’amitiés fortes. Une femme artiste est en train d’éclore, une femme engagée, une femme déterminée, une femme courageuse dans un monde qui demande encore de se battre pour ses idées et pour toujours plus de paix.

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L’incroyable machine à liberté

Mais quel titre et quelle couverture !

Après Là-bas, un nouvel album illustré par le talentueux Matt Ottley ! JOIE !!! Son univers est captivant, on s’immerge immédiatement dans ces paysages grandioses et lumineux comme dans une toile, on imaginerai très bien admirer ses peintures dans une expo…

Une petite fille scrute l’horizon avec sa lunette verte. Au fil des pages, elle découvre avec envie ces incroyables machines à liberté qui portent leurs propriétaires vers des endroits fantastiques, en l’air ou sous l’eau. D’où viennent ces machines ? Comment fonctionnent-elles ? Il lui faut absolument la sienne.

Quelle bouffée d’oxygène et de dépaysement ! On en a besoin. Au fur et à mesure de ces découvertes, des indices donneront au lecteur une idée de l’endroit où cette petite fille va trouver sa machine à liberté. L’effet de surprise est garanti, et on approuve à 200 %. J’ai piqué votre curiosité ? Tant mieux car cet album est une belle ode à la puissance de l’imaginaire.

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Celle que je suis

En Inde, naître fille reste encore un handicap. Terre de modernité, ce pays continent recèle des traditions qui pèsent toujours lourdement. Anoki a 16 ans et vit au sein d’une famille qu’elle croit moderne et juste, des frères qui font des études, voyagent à l’étranger, des filles qui sont encouragées dans leurs apprentissages, et une certaine liberté de parole. Mais même au sein de cette famille aimante et alors qu’elle pense pouvoir choisir son avenir, Anoki se heurte à l’hostilité des siens. Rebelle et furieusement éprise d’une liberté qui la différencie de ceux autour d’elle, Anoki ne lâche rien, son combat sera dur et intense, secrètement partagé par un frère qui la soutient à distance et une petite soeur qui s’affirme déjà.

« Dressée face à eux qui voulaient m’enchaîner, je me cabrais de tout mon corps, de toute mon âme. »

Tout au long de ce récit initiatique, la voix de cette jeune fille se fait l’écho de toutes les femmes du monde, celles qui luttent pour davantage d’égalité, de liberté d’agir et de penser, tout simplement. Tout bouillonne en Anoki, traversée de doutes et d’espoirs. Ses désirs la portent mais prendra-t-elle tous les risques pour vivre tel qu’elle le souhaite, malgré la colère et le mépris de ses parents ? Trouvera-t-elle des alliés parmi ses frères et soeurs ? Et cet amour passionnel qui semble la révéler sera-il possible ? Son souhait vital : être l’actrice de son avenir, mais pourra-t-elle s’affranchir des traditions ?

Un livre à mettre entre les mais de tous les adolescents, filles comme garçons, pour éveiller toujours et encore plus les consciences.

« Jamais je ne m’étais sentie aussi en accord avec moi-même. Convaincue d’aller vers celle que j’étais. »


Autrice : Anne LOYER
Edition : Slalom – 304 pages – 14,90 euros
Année : Novembre 2019

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La retraite de Nénette

Les enfants parisiens connaissent bien ce lieu un peu étrange, hors du temps, qu’est la ménagerie du Jardin des Plantes. Un endroit où les petits urbains peuvent découvrir différentes espèces animales, malheureusement enfermées et avec peu d’espace libre. Depuis que je suis enfant, j’ai toujours été aimantée par l’enclos entièrement vitré des orangs-outans. Rien que l’évocation du nom de l’animal, énigmatique, me projetait dans un univers imaginaire très riche… On collait son nez sur la paroi, et si, par chance, l’un d’eux était près de vous, il était alors possible de poser, délicatement, sans geste brusque, sa main à plat sur la vitre en espérant qu’il ou elle pose aussi la sienne. Et l’on entrait ainsi en contact, en silence. Impressionnant échange compte tenu de la taille imposante de ces mammifères.

Nénette était l’une de ces orangs-outans, j’ai donc eu sans doute la chance de croiser son regard triste un jour de promenade dans cet endroit où j’aime toujours me retrouver. Un lieu de l’enfance, privilégié, un peu comme un refuge, un espace-temps régressif, délicieux à déguster, encore et encore.

Ce fut donc comme une évidence que le livre de Claire Lebourg me fit de l’oeil, au détour d’une étagère lors de la conférence de presse de l’école des loisirs. Petite boule orange acidulé, entourée de feuilles automnales, Nénette m’a appelé : Viens, emmène moi… et le souvenir de ces après-midi au Jardin des Plantes a ressurgit. J’avais l’impression que ce livre était là pour moi, qu’il m’attendait. Avec émotion, j’ai caressé la couverture aquarellée et j’ai plongé dans le récit poétique et touchant de cette grande Dame de Paris. J’ai tourné les pages, j’avais 8 ans…

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