Parler comme tu respires

Une plume enthousiasmante et des personnages qui vous prennent par la main dès les premières pages. Sybille et ses 15 ans, en ébullition, Sybille et la difficulté de dire ces mots, ses maux, Sybille et ce talent entre ses mains, Sybille et cet avenir dont elle rêve, loin des rails imaginés par ses parents.

« Sibylle a 15 ans. Depuis son entrée au CP, elle bégaie, ce qui ne l’empêche pas d’être une excellente élève, très douée en dessin. Rien n’y a fait, ni les visites chez les orthophonistes ni l’aide de ses parents qui l’entourent avec affection. Alors que son orientation de fin de troisième doit bientôt se décider, Sibylle se révolte soudain contre ses parents qui souhaitent qu’elle fasse des études longues et impose son désir  : elle deviendra tailleuse de pierre. « 

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Jeanne, Dieu, le Diable et les autres

Envie d’un roman d’aventures tumultueux où l’amour porte haut et loin ceux qui l’ont rencontré, au-delà des carcans sociaux et de la morale instituée ?

Envie d’un récit vif, rythmé où la quête est la défense de ses libertés à tout prix ? D’amitiés indestructibles et de sentiments nobles ?

Alors, laissez-vous porter par le style d’Hervé Giraud dans ce roman chevaleresque mais féministe, trépidant mais teinté d’émotions, historique et pourtant universel.

« Tout ce que je sais de l’amour, c’est qu’il est universel : il ne respecte rien, ni les distances ni les siècles. »

Un amour interdit et contrarié ? La liberté comme horizon ? On fonce !

Le narrateur plante le décor dès la première page, on va le suivre au fil des pages nous narrer le périple haletant de l’insoumise Jeanne, du téméraire Pierre, du courageux Artus et de son ombre fidèle et protectrice, You. De l’audace, des scènes d’actions parfois sanguinolentes, un humour décalé, une course poursuite à travers la France bouillonnante de la fin du 17e siècle, des rebondissements à foison, de l’espoir et de la détermination !

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Le ciel est à tout le monde

Il est des livres qui vous secouent par surprise, vous ouvrent le cœur et vous laissent sans voix, la gorge serrée et les yeux humides.

Ethan Claudel a 11 ans et c’est lui qui nous raconte son histoire, avec ses mots à lui, simples et directs, d’une manière totalement bouleversante. Dès la première page, le cadre est posé : une famille dysfonctionnelle où les parents démissionnaires abandonnent Ethan et son frère Yaël 16 ans, à leur propre sort. Très vite cette autonomie est rattrapée par la réalité et les deux frères sont placés en foyer, mais séparément.

« La vie n’est pas une ligne continue. »

Ethan souffre, profondément. Malgré les amitiés qu’il noue dans ce centre, notamment avec sa voisine de chambre Medeea toujours prête à l’aider ou Etienne l’éducateur moustachu sympathique, l’absence de Yaël mine Ethan mentalement et physiquement. Pour preuve, ces crises « d’excedemal » si justement nommées qui témoignent sous forme de plaques géographiques sur son corps combien il est mal dans sa peau. Et ce ne sont pas les séjours en famille d’accueil qui peuvent combler ce manque d’amour fraternel.

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Silencieuse

Alice a 11 ans et deux grands frères. Un soir de janvier, sa mère leur apprend qu’ils vont déménager. Les garçons protestent mais Alice ne dit rien.

C’est ainsi, depuis 5 ans, Alice est Silencieuse. Littéralement. Elle ne parle plus ou plutôt elle a arrêté de parler, depuis un bouleversement douloureux dans sa vie familiale. Et ce surnom est resté.

Quand Paul lui demande ce qu’elle pense du déménagement, Alice écrit sur un papier « rien ». Et pourtant, cette maison est pleine de souvenirs, des bons et des mauvais comme le dit Alice avec ses mots, à elle et en elle. Quitter cette maison, celle des moments avec son père qui ne s’occupe plus d’eux depuis le divorce, c’est compliqué.

Exprimer ce qu’on ressent, mettre des mots sur les maux, c’est également très compliqué.

Mois après mois égrainés selon les chapitres, un changement va s’opérer, lentement, jusqu’au déménagement. Enfermée dans son silence, Alice nous raconte ce qu’elle ressent intérieurement étape après étape.

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Décomposée

Piquée au vif
par l’arrivée de Clémentine Beauvais dans la collection L’iconopop,
ma curiosité fût plus que récompensée.

Harponnée par l’idée que la célèbre « Charogne »
décrite par Baudelaire dans ce poème fondateur puisse prendre la parole,
j’ai été envoûtée par cette voix profonde si incarnée.

Au détour de ce sentier, Charles et sa muse Jeanne croisent une carcasse en décomposition. Mais ce sont les mots de cette être pourrissant, dont les bêtes grignotent les miettes et que la nature avale inexorablement qui nous arrivent. Cette voix qui « dit » Grâce. Littéralement. La voix de cette femme déterminée, Grâce, qui, du fond du peu de chair qui lui reste, confie sa vie à cette âme sœur inespérée, Jeanne.

Jeanne écoute la voix de Grâce, dévouée à la cause des femmes, qu’elle a l’impression de comprendre, étape de vie après étape de vie. Depuis la brutalité de l’enfance où elle est un rempart pour ses petites sœurs, l’arrivée en ville dans une maison close où « ces amies sont comme des sœurs », ses talents pour manier l’aiguille en tant que couturière de tissus le jour et réparatrice de chairs la nuit, ou encore bouleversante faiseuse d’anges et grande griffue vengeresse des oubliées. Une vie de sacrifice. Une voix criante de liberté.

Il n’y a pas de plus intense voyage que celui que permet le pouvoir de l’imaginaire dans l’écriture. Quel point de vue brillant, quelle virtuosité dans l’enchâssement des récits : confidence personnelle, souvenirs, dialogues entre les personnages, mêlant roman, polar et théâtre. Le tout cadencé par le rythme des vers libres, dont les sonorités entrent subtilement en résonnance et dont la musicalité est renforcée par les jeux graphiques de la mise en mots. Jubilatoire ! Un texte habillement ciselé qui se lit, s’écoute et s‘admire comme une œuvre multisensorielle.

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