Je suis leur silence

J’avais été séduite par la série « Les Beaux Etés » et conquise par « Malgré Tout », alors c’est avec impatience que j’ai suivi les étapes jusqu’à la sortie du nouvel album de Jordi Lafebre.

Ce que j’aime ? Hmmm, tout, je pense. Son talent pour détailler les expressions des personnages, les montrant au quotidien dans toute leur humanité, brossant leurs petits défauts comme leurs atours. Les cadrages, les jeux de lumière, les petits détails plein de tendresse, les pleine pages comme les constructions de cases ciselées. Et surtout un scénario très bien ficelé qui embarque le lecteur / la lectrice dans un voyage intense aux côtés des protagonistes.

Et ici, avec « Je suis leur silence » (quel titre !), c’est tout d’abord un coup de cœur pour l’héroïne principale : Eva Rojas, une psychanalyste qui se retrouve au milieu d’un imbroglio familial au coeur du Domaine viticole Monturos. Comme le dit le sous-titre, il s’agit d’un polar à Barcelone. Le ton est donné.

On marche alors aux côtés de la craquante Eva qui, obligée de suivre une analyse avec le Dr Llull (personnage éminemment important), dresse jour après jour, quasiment heure par heure l’incroyable la semaine qu’elle vient de vivre. Cet homme est chargé d’évaluer sa santé mentale, du fait de son comportement jugé « excentrique » ces derniers temps. Sur le mode d’une enquête policière, Eva explique comment elle a découvert un cadavre au sein de ce domaine viticole célèbre et trouvé l’assassin. Elle est très douée pour résoudre des énigmes, et a priori des crimes. Petit bémol, elle entend des voix, mais qui sont-elles ?

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Derrière le rideau

Le rideau se lève sur une enfance. Une enfance qui pousse en 1937, en pleine montée de l’inhumanisme qui conduira au pire de cette 2de Guerre Mondiale.

Yaël a 8 ans, un âge qu’on aimerait être préservé des horreurs des adultes. Elle vit dans un village provençal avec sa petite sœur Emilie et sa famille. Une famille dont elle ne comprend pas encore les secrets ou du moins les non-dits.

Il est question d’un rideau qui cache une certaine vérité, de la signification d’être goy ou juif.

Il est question d’identité en construction qui va être confrontée à la violence et l’aveuglement idéologique.

Il est question d’une prise de conscience de la douloureuse réalité de cette période trouble et sidérante.

Il est aussi question d’étapes dans la vie d’une jeune fille, de fragilité et de forces, de peurs et d’espoir, d’injustices sanglantes.

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Au nom de Catherine

Déjà fan du travail de Mayalen Goust, je suis tombée en admiration devant l’univers et l’ambiance qu’elle a créé dans ce roman graphique véritablement touchant.

À la fin du précédent tome adapté du roman de Julia Billet, « La guerre de Catherine », Rachel devenue Catherine part vivre avec Etienne, après le succès de son expo photos à Paris. Elle sait qu’elle va devenir photographe. Le début de ce deuxième volet voit le retour de Catherine dans sa famille, un an après. Avec Etienne, ce n’est pas ça, des rêves différents, des attentes différentes. La jeune femme se lance comme photographe professionnelle. Dans une France tout juste sortie de la Libération, elle enchaîne les reportages à succès. Mais les traumatismes de son passé continuent de la hanter. Un vent de liberté souffle sur les choix de Catherine. Elle s’ouvre progressivement au monde, par des rencontres décisives et des relations d’amitiés fortes. Une femme artiste est en train d’éclore, une femme engagée, une femme déterminée, une femme courageuse dans un monde qui demande encore de se battre pour ses idées et pour toujours plus de paix.

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Voleuse

Une belle surprise pour ce roman graphique oneshot dont la couverture m’intriguait depuis quelques temps déjà.

On y suit Ella, une jeune lycéenne un peu rebelle, super pétillante et toujours prête à faire la fête plutôt qu’étudier. Ce qu’aime par dessus tout Ella, c’est regarder la mystérieuse et craquante Madeleine, sans se faire remarquer. Mais un brin timide finalement Ella la fêtarde.

Un matin, elle se réveille après une soirée bien (trop) arrosée avec une gueule de bois en teck massif. Balckout total, elle ne se rappelle plus de ce qui s’est passé la veille ni pourquoi son lit est jonché d’objets rares et luxueux qui ne lui appartiennent pas.

C’est là que Madeleine débarque chez elle. L’attirance est réciproque, ça sent le love ! Madeleine confie alors à Ella que la veille au soir, elle s’est fait voler des objets à la fête qu’elle avait organisée chez ses parents.

Oups…

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La Dame Blanche

Estelle est une jeune femme d’une trentaine d’année. Infirmière dans la maison de retraite « Les Coquelicots », elle accompagne les résidents, ceux en fin de vie comme ceux touchés par la maladie d’Alzheimer.

Attentive à leurs besoins au quotidien, elle jongle entre les soins, des parties de cartes et les patients qui s’éteignent dans la solitude. Avec beaucoup de douceur, de bienveillance et de dévouement, elle n’hésite pas à tisser des liens forts et intimes avec ces femmes et ces hommes fragilisés. Son investissement est de plus en plus fort chaque jour, un risque de se perdre elle-même ?

« On est les dernières personnes qu’ils vont voir avant de mourir ».

Après « Appelez-moi Nathan », écrit par Catherine Castro, c’est avec plaisir qu’on retrouve le travail sensible de Quentin Zuttion pour un sujet important, encore une fois traité avec beaucoup de justesse et de pudeur.
Qui sont ces Dames Blanches de l’ombre, celles et ceux qui s’occupent de nos anciens et qu’on considère parfois comme faisant partie du décor? Qui prend soin d’elles, d’eux ?  

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