« Ok c’est la rentrée, mais quoi, qu’est-ce que j’entends : il faut que j’aille manger à la cantine maintenant ? Parce que je suis un grand ? Mouais, ça sent l’entourloupe ça… Mes parents ne voudraient-ils pas se débarrasser de moi ? Parce que je sais ce que l’on raconte sur le réfectoire, c’est L’HORRRREURRRRRR !
Vous tremblez, vous aussi ? »
Mais bon, le jeune brin de garçon – héros de ce délicieux et très digeste album – n’est pas un dégonflé, il va accepter sa nouvelle mission : combattre le « monstre mythologique » CANTINOZAURUS TERRIFICUS (ben la cantine quoi…)
Au fil des pages, notre petit aventurier imagine qu’il va être confronté à toutes les pires situations possibles, tout droit véhiculées par un certain imaginaire collectif : on est enfermés dans une salle sombre, on doit avaler des serpents bouillis, on vous force à vider les assiettes, on mange des gratins d’animaux tout bizarre (du dauphin en gratin, oui oui, du gratin dauphinois exactement… terrible)…
Non mais quelle couverture ! Et quel titre ! Tout invite à tourner les pages pour découvrir pourquoi ces deux armures tapent la discute au coeur d’une salle de musée.
La raison de leur dialogue : l’arrivée d’une nouvelle armure auprès d’eux, qui va être installée au fur et à mesure, au fil des double pages.
Et c’est parti pour une série de railleries, de quolibets de tout acabit envers cette pauvre carcasse métallique en reconstruction. Le nouveau dérange les deux compères, il gêne leur complicité, et surtout il est si ridicule : à chaque morceau assemblé, la tête de turc en prend pour son grade, mais ne peut rien dire (le heaume n’étant pas encore accroché).
Les deux drôles se gaussent de leurs moqueries, toujours plus cruelles, toujours plus acerbes au point de prendre un terrible fou rire…
Plus ils sont méchants, plus ils en rient… Plus ils rient, plus les parties de leurs structures tremblent… « Me fais pas rire ! » s’alarme l’un des deux, hilare des mauvaises blagues balancées par le chevalier de la vanne !
Une nouvelle plongée en enfance réalisée avec tendresse par ce duo talentueux.
L’histoire d’une rencontre entre une fille et un garçon, la découverte de l’un par l’autre au rythme d’une promenade dansante sur l’air de la légendaire contine « une souris verte qui courrait dans l’herbe ». Pas de mot, mais des regards et des gestes bienveillants qui invitent à s’apprivoiser. .
« Taali, un nouvel élève, arrive dans la classe de Luce. En fin d’après-midi, lorsque retentit la sonnerie, tous deux partent dans la même direction, mais pas sur le même trottoir. En chemin, ils tombent sur une drôle de petite souris. Ni une, ni deux, Luce et Taali la suivent et vont vivre, ensemble, plein de joyeuses péripéties. La petite souris va leur en faire voir de toutes les couleurs ! »
Petit bonus : le logo Chat des éditions de la gouttière à l’arrière de la voiture dans la casse 😉 Héhé 😉
Je vous propose un voyage, un voyage dans un pays fabuleux, un matin sur une côte d’Irlande. Un voyage en forme de coup de coeur pour un univers profondément touchant, un récit sensible en forme de poème qui invite à la réflexion, à prendre le temps d’écouter le monde autour de soi.
Je vous propose de partir à la rencontre de deux soeurs aux pouvoirs mystérieux : Shannon et Sinéad, des magiciennes qui commandent l’océan.
Chaque matin, bien avant tout le monde, elles allument un feu au coeur de leur chaumière et réveillent la mer : « la marée monte aux signaux de fumée, tandis que le thé bout à gros bouillons. » Ensuite, quand elles descendent sur la plage, les vagues s’approchent d’elles pour écouter le son du tambour et les vibrations de la harpe.
C’est ainsi tous les jours. Tous, sauf aujourd’hui. Il a trop plu et le bois mouillé ne prend pas dans l’âtre de la cheminée : pas de feu, pas de flamme, pas de vapeur. Rien. L’heure est grave et la nature attend. « Pas de vie sans marée ! Pas de marée sans feu ! Pas de feu sans bois sec ! »
Alors, les deux centenaires prennent la route dans la lande vers le village pour trouver du bois sec, pour que le cycle reprenne même si depuis longtemps plus personne ne les voit et que partout la magie a disparu des maisons.
Depuis la sortie de Nora, je suis une grande fan du travail fabuleux de la talentueuse Léa Mazé. Les CroquesTome 1 sorti l’année dernière promet une suite passionnante, mais aujourd’hui, à l’occasion de la récente sortie du Tome 2 du dyptique Elma, une vie d’ours, je vous parle enfin de mon coup de coeur pour cette petite Elma et son gros Papa Ours.
Dès la couverture du Tome 1, l’émotion vous saisit et vous êtes entièrement captivé par cet univers chromatique si particulier. Ce n’est pas une simple couverture, c’est un tableau, énigmatique, magnétique. La construction graphique de ces deux personnages blottis l’un contre l’autre vous impose le silence et l’admiration. Un clin d’oeil à Klimt ? Quant à la couverture du Tome 2, elle reproduit, comme en miroir, la masse des deux corps pour en faire une fenêtre ouverte, plaçant le lecteur plus en retrait, en voyeur tapi dans la forêt retenant sa respiration pour ne pas alerter les deux complices.
Tout au long des deux albums, le lecteur va être bercé par ces couleurs complémentaires, ce bleu turquoise quasi mystique et cet orangé si réconfortant. Une couleur froide et une couleur chaude, le parfait équilibre, cet équilibre fragile qui semble unir ces personnages terriblement attachants…
Il y a certes deux tomes, mais il s’agit d’une seule histoire, impossible de ne pas les enchainer donc. L’histoire s’ouvre sur une forêt lumineuse, on entend au loin un dialogue entre un enfant et un adulte, le premier veut grimper aux arbres, le second l’encourage tout en le mettant en garde : l’éducation bienveillante en somme. Et dès la 3e page, le ton est donné « que ferais-je, moi, sans toi ? » Une histoire d’amour donc, entre un père et sa fille : Elma, joyeuse, un peu sauvage et plutôt insouciante, et un Papa Ours qui l’a recueilli et élevé comme son enfant.
Or, ce père affectueux et dévoué cache un lourd secret qu’il ne peut révéler encore. Mais l’heure tourne, 7 années se sont écoulées depuis la naissance de la petite et il est désormais temps d’entamer un long voyage pour rejoindre l’autre côté de la montage. Une menace semble sourdre au coeur de la forêt, non perceptible par la gamine espiègle sous haut protectorat ursin. L’enfant au caractère bien trempé s’interroge, se révolte de devoir avancer sans comprendre, teste l’autorité parentale, boude, ronchonne mais suit toujours ce père guidé par une urgence inquiétante.