Charlie Mackesy est peintre, sculpteur et illustrateur, et c’est ce trait à l’encre de chine, cette esquisse, ce mouvement, cet élan de vie qui saisi dès la couverture et qui donne envie de rencontrer cette petite troupe.
D’un premier dessin posté sur Instagram va naitre la rencontre, le cheminement et le dialogue entre ces quatre personnages liés par une amitié en construction. Dessin après dessin, l’engouement est réel et l’idée d’un ouvrage voit le jour. La raison de ce succès : le style épuré de l’illustration au trait noir et aux touches d’aquarelle mais surtout les phrases courtes qui accompagnent l’image et qui distillent bienveillance, réconfort et douceur. Ces petits mots s’apparentent souvent à des devises qui se définissent selon la petite taupe comme « une phrase qui peut nous aider ».
Comme le rappelle l’auteur dans son introduction, il ne s’agit pas d’une histoire mais d’une série de saynètes où les personnages parcourent le monde, s’interrogent, se répondent et apprennent à s’aimer malgré leurs différences. Le lecteur, qu’il ait 8 ou 88 ans, est invité à lire le recueil comme il le souhaite, du début à la fin ou bien en picorant une page après l’autre au hasard.
Qui es-tu Alaska ?
Rattrapage pour moi avec Alaska suite à la lecture du guide de littérature ado de Tom et Nathan Lévêque : « En quête d’un grand peut-être ».
Ce titre fait directement référence à ce roman où le narrateur explique à ses parents la raison de son départ en citant les derniers mots de François Rabelais sur son lit de mort : “Je pars en quête d’un Grand Peut-Être.” Voilà ma raison. Je ne veux pas attendre d’être mort pour partir en quête d’un Grand Peut-Être. »
Citons @lavoixdulivre : « Dans le « grand » peut-être de Miles, il y a toute l’intensité — voire l’arrogance ! — de l’adolescence.
Les personnages de John Green en traduisent l’essence : ce sentiment de grandeur et d’invincibilité que l’on ressent à cet âge-là. La vie doit être à 100 % ou ne pas être : c’est l’heure des grands sentiments, des grands drames, des grandes histoires d’amour et d’amitié, des grandes premières et dernières fois. »
Voilà.👌
Nuit étoilée
« Je lève la tête pour regarder le ciel étoilé,
Et le monde devient immense… »
Plongée dans les souvenirs d’une jeune personne, quelque part dans le monde, cela pourrait être moi, cela pourrait être toi. L’adolescence, ces moments où tout bouge, tout secoue, tout interroge et où le sentiment de solitude peut vite glisser vers le mal-être. On se sent différent, incompris, seul et sans voix souvent pour expliquer ce qui assombrit le cœur et l’esprit. C’est tout cela qui palpite dans cet album d’une grande sensibilité et d’une bouleversante poésie.
La narratrice se souvient de ce temps amer où ses parents la délaissaient, où la disparition des grands-parents qui l’avaient élevé était si douloureuse, où l’école était un lieu de brimade.
Elle se souvient de la rencontre avec ce garçon solitaire qui fut un déclencheur, un éclairci dans son existence à la dérive. Lui aussi est seul, harcelé parce que différent, et leur solitude commune va les rapprocher. Ensemble, ils sont plus forts, leur imagination les emmène loin des maux, sans obligation de parler, comme s’ils s’étaient reconnus l’un l’autre. Enfant de marin, ce garçon sans attache aimerait vivre libre comme un poisson. Elle, rêve de s’envoler loin de la ville oppressante.
Inséparables
Il y a toujours un peu de Pico Bogue en nous, il faut juste prendre le temps de le laisser s’exprimer. Et vous verrez, c’est lumineux !
Totalement fan de ce gentil trublion qui me tire à chaque planche un sourire ou un rire tant les situations croquées avec talent et bienveillance par Alexis Dormal sont justes.
Les mots de Dominique Roques dans la bouche de cet enfant plein de répartie fusent et nous éclairent toujours un peu plus sur la langue et les relations humaines. C’est subtil, drôle et les personnages terriblement attachants.
Dans ce tome XII sorti en septembre, on y retrouve la bande de Pico avec un coup de projecteur sur Charlie, qui rêve d’avoir toujours le bon mot comme son copain. Amitiés, vie familiale et questions philosophiques, la lecture de ces planches invite à la réflexion, et toujours avec intelligence et humour.
À lire et à relire sans modération. Ainsi que tous les albums de Ana-Ana et les 2 tomes de l’étymologie avec Pico Bogue (sur ma liste de Noël 😉).
Évidement, une excellente idée de cadeau en cette fin d’année.
Lulu et Nelson (T1 & 2)
Le tome 1 donnait le ton : « La vie ne prend pas toujours le chemin le plus court pour nous mener là où elle doit nous mener. Elle aime les détours. Et ceux-ci regorgent d’émotions inconnues, d’expériences inédites, de couleurs douces ou piquantes, de rencontres magiques… » Lettre d’une grand-mère à sa petite fille lui confiant : « il est temps que je te raconte le plus beau détour que j’ai fait dans ma vie. »
Cette histoire est celle de Lucia, dite Lulu. Elevée dans un cirque par des parents dompteurs, Lulu rêve d’en faire son métier pour vivre avec les fauves. Une succession d’accidents lui fait perdre sa mère puis les lions du cirque. Désemparée, la petite fille veut partir à la recherche de fauves pour tout recommencer. Sur un coup de tête, elle prend le premier cargo pour l’Afrique du Sud, son père montant à bord in extremis. Arrivés à destination, les ennuis s’enchaînent : le père de Lulu se fait arrêter pour avoir défendu un jeune garçon noir, Nelson. 1964, l‘apartheid bat son plein. Dans l’attente de sa libération et grâce à l’aide de ce nouvel ami, Lulu trouve refuge dans la ferme de Mary, une femme militante.
Lulu et Nelson se mettent sur les traces des lions du bush, mais des dangers les guettent. Manigances, chantage, trahison, les nouveaux amis sont-ils vraiment de confiance ? La rencontre avec les lions fera-t-elle changer d’idée Lulu sur son objectif de les ramener au cirque ? La question de la liberté est au cœur même du récit, celle du père de Lulu, celle des lions dans leur environnement naturel et celles des populations opprimées par le pouvoir des blancs. L’histoire de Nelson Mandela résonne avec celle de Lulu.