Rosanui

« Rosanui vit sous les étoiles…
Quand le jour s’éteint et que tout s’apaise, alors son monde apparaît. »

Un couple sur un banc regarde le soleil se coucher dans la vallée, les ombres bleutées de la nuit commencent à envelopper le paysage. Au loin, les collines semblent dessiner la silhouette d’une jeune fille allongée, endormie.

L’obscurité a englouti le paysage mais les étoiles scintillent, le monde de la nuit s’éveille. La colline s’anime sous la forme d’une jeune fille qui se lève et part explorer la vie nocturne.

Allégorie de la nuit, Rosanui s’émerveille des beautés qu’elle croise : les lucioles qui palpitent, les yeux jaunes des animaux perçant au travers des feuillages, les chats errant sur les toits, les papillons virevoltant dans la lueur des lampadaires, les jeux d’ombres et de lumières de la lune complice ou des bougies d’enfants se racontant des histoires effrayantes dans le noir.

Le calme règne dans cette nature obscure, tout est affaire de contemplation, pour le narrateur comme pour le lecteur.

L’univers graphique de cet album est d’une grande beauté, les couleurs intenses de la nuit (bleu, noir, jaune) sont rendues avec une très grande qualité, ce qui fait de cet ouvrage un récit poétique plein de douceur. Une lecture plaisir pour un voyage jusqu’au bout de la nuit en belle compagnie.

 
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L’enfant, la taupe, le renard et le cheval

Charlie Mackesy est peintre, sculpteur et illustrateur, et c’est ce trait à l’encre de chine, cette esquisse, ce mouvement, cet élan de vie qui saisi dès la couverture et qui donne envie de rencontrer cette petite troupe.

D’un premier dessin posté sur Instagram va naitre la rencontre, le cheminement et le dialogue entre ces quatre personnages liés par une amitié en construction. Dessin après dessin, l’engouement est réel et l’idée d’un ouvrage voit le jour. La raison de ce succès : le style épuré de l’illustration au trait noir et aux touches d’aquarelle mais surtout les phrases courtes qui accompagnent l’image et qui distillent bienveillance, réconfort et douceur. Ces petits mots s’apparentent souvent à des devises qui se définissent selon la petite taupe comme « une phrase qui peut nous aider ».

Comme le rappelle l’auteur dans son introduction, il ne s’agit pas d’une histoire mais d’une série de saynètes où les personnages parcourent le monde, s’interrogent, se répondent et apprennent à s’aimer malgré leurs différences. Le lecteur, qu’il ait 8 ou 88 ans, est invité à lire le recueil comme il le souhaite, du début à la fin ou bien en picorant une page après l’autre au hasard.

 
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Qui es-tu Alaska ?

Rattrapage pour moi avec Alaska suite à la lecture du guide de littérature ado de Tom et Nathan Lévêque : « En quête d’un grand peut-être ».
Ce titre fait directement référence à ce roman où le narrateur explique à ses parents la raison de son départ en citant les derniers mots de François Rabelais sur son lit de mort : “Je pars en quête d’un Grand Peut-Être.” Voilà ma raison. Je ne veux pas attendre d’être mort pour partir en quête d’un Grand Peut-Être. »

Citons @lavoixdulivre : « Dans le « grand » peut-être de Miles, il y a toute l’intensité — voire l’arrogance ! — de l’adolescence.
Les personnages de John Green en traduisent l’essence : ce sentiment de grandeur et d’invincibilité que l’on ressent à cet âge-là. La vie doit être à 100 % ou ne pas être : c’est l’heure des grands sentiments, des grands drames, des grandes histoires d’amour et d’amitié, des grandes premières et dernières fois. »

Voilà.👌

 
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Proxima du Centaure

Il faut rendre à César ce qui n’appartient pas d’autres, donc merci à Julia Thevenot (allezvousfairelire) pour ce paragraphe lu il y a maintenant un temps certain dans un de ces fameux billet « C’est le 1er, je balance tout ».

En effet, le pitch est simple et brutal : Wilco, 15 ans, aime celle qu’il a nommée « Apothéose » et la regarde passer tous les matins sous ses fenêtres jusqu’au jour où il tombe. Bilan : tétraplégique et amoureux.

La couverture m’avait, à sa sortie, mal renseignée, je pensais à un roman de science-fiction… Argh que j’étais bien cruche-nouille, me direz-vous (ou pas).

Car pas de voyage dans l’espace dans ce récit vif, drôle, bouillonnant de survie sauf dans l’espace mental du narrateur qui vous alpague dès les premières lignes et vous prend par le cœur jusqu’à la dernière ligne. Il ne faut pas trop en dire car le parti pris est fort et la voix mentale de Wilco, ses pensées, ses sensations, ses rêves, ses fantasmes, ses souvenirs, ses espoirs, ses amis, ses parents, sa sœur vont vous transporter au-delà de ce que vous pouviez imaginer.

 
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Nuit étoilée

« Je lève la tête pour regarder le ciel étoilé,
Et le monde devient immense… »

Plongée dans les souvenirs d’une jeune personne, quelque part dans le monde, cela pourrait être moi, cela pourrait être toi. L’adolescence, ces moments où tout bouge, tout secoue, tout interroge et où le sentiment de solitude peut vite glisser vers le mal-être. On se sent différent, incompris, seul et sans voix souvent pour expliquer ce qui assombrit le cœur et l’esprit. C’est tout cela qui palpite dans cet album d’une grande sensibilité et d’une bouleversante poésie.

La narratrice se souvient de ce temps amer où ses parents la délaissaient, où la disparition des grands-parents qui l’avaient élevé était si douloureuse, où l’école était un lieu de brimade.

Elle se souvient de la rencontre avec ce garçon solitaire qui fut un déclencheur, un éclairci dans son existence à la dérive. Lui aussi est seul, harcelé parce que différent, et leur solitude commune va les rapprocher. Ensemble, ils sont plus forts, leur imagination les emmène loin des maux, sans obligation de parler, comme s’ils s’étaient reconnus l’un l’autre. Enfant de marin, ce garçon sans attache aimerait vivre libre comme un poisson. Elle, rêve de s’envoler loin de la ville oppressante.

 
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