Louise

« Parce que c’était lui, parce que c’était moi »…

Qu’est-ce que l’amitié ? La découverte d’une autre île ? Une rencontre avec un autre soi ? Une route que l’on prend avec son alter ego ? Une épaule pour se reposer, pleurer, se réchauffer ? C’est tout cela. Pas de définition arrêtée, c’est un peu de moi, un peu de l’autre et beaucoup de nous, ensemble.

Louise est fière et forte, comme une petite guerrière… Enfin, c’est ce que les autres croient… Car derrière sa taille imposante et sa longue chevelure, Louise dissimule une grande solitude. Derrière sa carapace de guerrière, Louise se cache pour pleurer et ne trouve de refuge que dans la nature.

Qui savait qu’elle rêvait de fuir en suivant la route des hirondelles ?

La couverture peut intriguer, peut être même inquiéter, comme un tableau post-moderne. Et pourtant, ce très bel album en noir et blanc parle d’un sujet qui préoccupe les petits comme les grands : l’acceptation de la différence et la confiance dans autrui. Prendre le pari que l’autre peut vous aider, vous accepter avec vos différences et vous ouvrir son coeur, quel beau challenge !

Car voilà : Louise rencontre Louise. Si les deux fillettes portent le même prénom, tout les oppose et pourtant le coup de foudre de l’amitié opère, sans avoir besoin de s’expliquer. « Parce que c’était elle, parce que c’était moi »…

Sans que l’on sache pourquoi, elles sont devenues amies.

Au contact de son double, de ce reflet vivant, Louise n’a plus peur du regarde des autres, et se métamorphose. Elle s’ouvre, se confie, partage ses peines et ses joies et se construit.

Ce qui est certain, c’est que depuis pour Louise, le monde est devenu plus doux.

Si le sujet peut paraître classique – la naissance d’une amitié entre enfants – le traité graphique singulier rend la lecture envoûtante. Le récit très épuré, telle une poésie avec des effets d’échos, entre en résonance avec le pouvoir d’évocation des illustrations. J’ai aimé le traité minimaliste façon fusain, en totale harmonie avec la force du message.

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Mon stress monstre

(edl)

La frousse, la trouille, les miquettes, les jetons, les chocottes, les foies, les grelots… Ça vous parle à vous ? Parce que question peur, Max, il en connait un rayon, lui, et pas qu’un peu. D’ailleurs, il l’affirme haut et fort : « Moi, Max, je n’ai pas peur de le dire : j’ai peur. Le roi du stress, le prince de l’angoisse, ne cherchez pas : c’est moi. » Tiens, tiens… ça me rappelle quelqu’un… vaguement hein… (non pas que moi, j’ai des noms…)

Bref, dans la vie de ce jeune garçon de 10 ans, rêveur et nerveux, une peur indicible a pris bien trop de place et cela ne peut plus durer : il lui faut un remède. Devant cette urgence, un matin au petit-déjeuner à l’heure où la tartine tente le plongeon du 10m avec effroi, Max décide de s’ouvrir (non pas les veines) et d’en parler à ses parents. Mais voilà, quand on est considéré par ses géniteurs comme « un stressé de la vie depuis sa naissance », pas commode d’être écouté sérieusement, ils dédramatisent toujours tout. Surtout avec des parents à fond dans leur travail, dont les mains se sont transformées en smartphone à force de les tripoter en permanence et qui sont obnubilés par les devoirs. Passeraient-ils à côté de leur enfant ?

– Si tu travailles d’arrache-pied, m’assure mon père, tu iras loin, toi aussi.
Cette histoire de pieds arrachés m’a longtemps, elle aussi, paru mystérieuse. Et contradictoire avec le fait d’aller loin. 

Max a du mal à se concentrer, il a la tête ailleurs, il pense à des choses, des choses préoccupantes. Son monde est peuplé de monstruosités en tous genres, de questions apparemment insolubles sur le sens de l’univers, et il n’arrive pas à en parler. Même à l’école, c’est la catastrophe dès qu’il tente de se confier. Et dès que la nuit arrive, le cortège d’Angoisse & Cie se pointe sous la forme de sanglots terrifiants venant du grenier. Rien à voir avec une question d’isolation défectueuse, Max est persuadé que ce sont des fantômes. Son imagination lui jouerait-elle des tours ? 

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Charlotte et moi (Tome 1)

Très belle pépite découverte en bibliothèque !

Première BD d’Olivier Clert, qui a auparavant réalisé les story-boards des dessins animés « Un monstre à Paris » et « Le Petit Prince », et qui propose, ici, une histoire très bien rythmée, si bien… qu’IL FAUT VITE LE TOME 2 !!! Car cela s’arrête en plein suspens… (A priori en avril… patience, patience…)

Gus vient de déménager avec sa mère. Dans l’immeuble, il craint de passer à l’étage inférieur où se trouve une imposante femme qui l’impressionne beaucoup, Charlotte. Ce changement ne lui plait pas et fâché contre sa mère, il décide de partir à l’aventure.

De son côté, Charlotte est seule, après la mort de sa grand-mère qui l’a élevé un peu en ermite. Retranchée d’une certaine manière du monde réelle, Charlotte est introvertie et ne parle pas ou très peu. C’est une enfant dans un corps d’adulte bien trop grand pour elle.

Par un coup du sort incroyable, Gus et Charlotte vont se retrouver ensemble sur la route de Paris, l’un pour retrouver son père, l’autre pour connaître l’histoire de sa mère.

Une complicité commence à naître… Un traité graphique efficace, beaucoup de pudeur et de sensibilité, avec un vrai talent de coloriste. Gros coup de coeur !

À suivre…

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La retraite de Nénette

Les enfants parisiens connaissent bien ce lieu un peu étrange, hors du temps, qu’est la ménagerie du Jardin des Plantes. Un endroit où les petits urbains peuvent découvrir différentes espèces animales, malheureusement enfermées et avec peu d’espace libre. Depuis que je suis enfant, j’ai toujours été aimantée par l’enclos entièrement vitré des orangs-outans. Rien que l’évocation du nom de l’animal, énigmatique, me projetait dans un univers imaginaire très riche… On collait son nez sur la paroi, et si, par chance, l’un d’eux était près de vous, il était alors possible de poser, délicatement, sans geste brusque, sa main à plat sur la vitre en espérant qu’il ou elle pose aussi la sienne. Et l’on entrait ainsi en contact, en silence. Impressionnant échange compte tenu de la taille imposante de ces mammifères.

Nénette était l’une de ces orangs-outans, j’ai donc eu sans doute la chance de croiser son regard triste un jour de promenade dans cet endroit où j’aime toujours me retrouver. Un lieu de l’enfance, privilégié, un peu comme un refuge, un espace-temps régressif, délicieux à déguster, encore et encore.

Ce fut donc comme une évidence que le livre de Claire Lebourg me fit de l’oeil, au détour d’une étagère lors de la conférence de presse de l’école des loisirs. Petite boule orange acidulé, entourée de feuilles automnales, Nénette m’a appelé : Viens, emmène moi… et le souvenir de ces après-midi au Jardin des Plantes a ressurgit. J’avais l’impression que ce livre était là pour moi, qu’il m’attendait. Avec émotion, j’ai caressé la couverture aquarellée et j’ai plongé dans le récit poétique et touchant de cette grande Dame de Paris. J’ai tourné les pages, j’avais 8 ans…

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Neverland

L’enfance et ses terres sacrées… Peut-on retomber en enfance comme on retombe amoureux ? Sort-on de l’enfance un jour ?

Je suis parti un matin en chasse de l’enfance. Je ne l’ai dit à personne. J’avais décidé de la capturer entière et vivante. Je voulais la mettre en lumière, la regarder, pouvoir en faire le tour. Je l’avais toujours sentie battre en moi, elle ne m’avait jamais quitté. 

Rencontre avec Timothée de Fombelle à la librairie Le Merle Moqueur (Paris) pour la sortie de Neverland. Le récit prend une toute autre épaisseur quand il est lu par l’auteur.

Un roman pour adulte ? Un roman tout court, « un petit livre au plus près de l’enfance » pour parler de ce territoire « aux grands, plus amnésiques de ce royaume ».

Un très grand coup de coeur, un livre dont on ne veut plus sortir tant il vous ramène à votre essence, à votre première nature, celle de l’enfance.

À relire éternellement.

 

Auteur : Timothée de FOMBELLE
Edition : L’iconoclaste – 128 pages – 15 euros
Année : Septembre 2017

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