Reine de l’ouest

Sacré OLNI (Objet Littéraire Non Identifié) que celui-ci… Plutôt adulte et pas jeunesse, semble-t-il.

Tu aimes les westerns ?

Tu aimes les romans d’aventures où l’on suit une héroïne en quête de liberté ?

Tu es prêt.e à vivre des expériences intimes érotico-caustiques ? (c’est très explicite avec un large champ des possibles)

Tu aimes avoir le choix de ton destin ?

Tu kiffes l’humour corrosif et l’autodérision assumée ?

Alors à toi de voir si tu veux tester ce roman western féministe érotique dont on est l’héroïne.

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Traverser les montagnes, et venir naître ici

La sortie d’un livre de Marie Pavlenko est toujours synonyme d’une rencontre mémorable, la création de souvenirs forts au creux des pages en suivant les parcours de personnages confrontés à des ruptures de vie intenses. Des lectures qui marquent, et laissent des traces, longtemps. C’est en tous cas ainsi que je le ressens et que j’attends chaque nouvelle rencontre avec impatience.

Même après plusieurs jours, j’ai encore l’impression d’entendre Astrid et Soraya, les deux protagonistes de ce « roman » bouleversant, discuter entre elles dans cette langue anglaise commune par la force des choses. J’ai encore l’impression d’entendre au loin les gazouillis de cet enfant, trait d’union imprévu entre ces deux femmes blessées dans leur coeur et dans leur chair. J’ai encore l’impression d’entendre les pas dans la neige de celles qui s’épuisent pour atteindre ce pays-refuge qu’est la France, après avoir traversé tant de pays, de misère et de désespoir.

Deux femmes, deux trajectoires qui se percutent par hasard et qui nous retournent le coeur par ce lien, instinct de survie, qui les étonne elles-mêmes.

Astrid a tout perdu, mari et enfants. La minute brutale où tout bascule et où on se retrouve sidérée, abasourdie par la violence du choc et noyée sous la souffrance. Elle part se réfugier loin de la ville, seule, dans un hameau au coeur des montagnes. Faire le vide, ne plus parler, ne plus convoquer les souvenirs, arrêter le temps.

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La langue des choses cachées

Un texte comme un souffle – ou plutôt comme une transe – bouillant et fiévreux, comme l’explique l’autrice elle-même. On y conte l’intime, le trouble, le brutal, le secret, la douleur enfouie, le silence générationnel, les traces profondes du sang, le mystère des hameaux déchirés, l’espoir du cicatriciel.

On y suit un fils, un jeune guérisseur, appelé dans un village reculé, loin de la mère qui connait elle aussi la langue des choses cachées. Cette langue que peu savent entendre. Celles et ceux-là mêmes, ces êtres souterrains qui savent se mêler aux autres pour soigner, apaiser, maitriser les flammes.

Des chapitres cours comme des visions en flashback, comme des images que le rêve ou le cauchemar projettent contre nos paupières, qui tissent au fur et à mesure les contours de cet homme providentiel qui ne doit jamais laisser de traces, comme lui a toujours appris sa mère. Sauf cette nuit-là.

L’écriture sensible et brute de Cécile Coulon, encore une fois, qui nous ouvre le temps d’une nuit hypnotique un récit sombre et poétique.

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Je suis leur silence

J’avais été séduite par la série « Les Beaux Etés » et conquise par « Malgré Tout », alors c’est avec impatience que j’ai suivi les étapes jusqu’à la sortie du nouvel album de Jordi Lafebre.

Ce que j’aime ? Hmmm, tout, je pense. Son talent pour détailler les expressions des personnages, les montrant au quotidien dans toute leur humanité, brossant leurs petits défauts comme leurs atours. Les cadrages, les jeux de lumière, les petits détails plein de tendresse, les pleine pages comme les constructions de cases ciselées. Et surtout un scénario très bien ficelé qui embarque le lecteur / la lectrice dans un voyage intense aux côtés des protagonistes.

Et ici, avec « Je suis leur silence » (quel titre !), c’est tout d’abord un coup de cœur pour l’héroïne principale : Eva Rojas, une psychanalyste qui se retrouve au milieu d’un imbroglio familial au coeur du Domaine viticole Monturos. Comme le dit le sous-titre, il s’agit d’un polar à Barcelone. Le ton est donné.

On marche alors aux côtés de la craquante Eva qui, obligée de suivre une analyse avec le Dr Llull (personnage éminemment important), dresse jour après jour, quasiment heure par heure l’incroyable la semaine qu’elle vient de vivre. Cet homme est chargé d’évaluer sa santé mentale, du fait de son comportement jugé « excentrique » ces derniers temps. Sur le mode d’une enquête policière, Eva explique comment elle a découvert un cadavre au sein de ce domaine viticole célèbre et trouvé l’assassin. Elle est très douée pour résoudre des énigmes, et a priori des crimes. Petit bémol, elle entend des voix, mais qui sont-elles ?

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Écrire comme une abeille

Avoir une librairie de quartier spécialisée en littérature jeunesse qui propose régulièrement dédicaces, rencontres / lectures avec des autrices et auteurs (vivant.e.s 😉) est une grande chance.

Hier soir, la salle était comble pour écouter Clémentine Beauvais et son éditeur Thierry Laroche nous parler de ce qu’est la littérature jeunesse, à l’occasion de la sortie de cet ouvrage hybride aux 
croisements d’une master-class universitaire, d’un recueil de conseils  pratiques et d’un récit personnel ciselé par une plume brillante de justesse : « Écrire comme une abeille » La littérature jeunesse De la lecture à l’écriture. Un livre d’autrice avant tout !

Pas de meilleure entrée en matière qu’une lecture par l’autrice d’un extrait expliquant combien la littérature jeunesse, notamment pour le petit enfant dans un album, est à la fois simple et complexe, et non simpliste et compliquée. En cela que le moindre mot qui lui est lu convoque un univers d’émotions intensément plus puissant que ce qu’un adulte peut imaginer. C’est direct, c’est une résonance de son vécu quotidien empli de myriades de nouveautés à chaque instant.

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