Le poisson qui me souriait

Un peu de poésie, respiration nécessaire !

Devant un aquarium en ville, un homme remarque un poisson parmi d’autres, un poisson qui lui sourit. Jour après jour, à chaque passage, le poisson revient vers lui. Cette relation naissante interroge l’homme qui se sent étrangement proche de l’animal aquatique. Si bien qu’un jour, il le ramène chez lui.  Peu à peu, les deux êtres s’apprivoisent et l’homme se prend d’affection pour cet ami silencieux qui partage sa vie.

Mais une nuit, il rêve que le poisson s’envole avec son petit bocal et l’emmène loin de la ville vers la mer. Dans son périple, l’homme s’éveille aux beautés de la nature qui l’entoure. Quel bonheur de nager librement avec ce poisson dans la mer, sans entrave, croit-il, jusqu’à ce qu’il heurte la paroi d’un bocal géant. Le rêve devient cauchemar : prisonnier. À son réveil, le regard de cet homme sur le poisson a changé. Véritable prise de conscience que son bonheur égoïste s’écroule s’il n’est pas partagé avec ce/ceux qu’il aime.

Alors l’homme libère le poisson et le relâche dans l’océan. «Désormais, l’océan tout entier me sourit».

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On lit trop dans ce pays

Un titre pareil, ça hameçonne, non ? Mais où est ce paradis ? 
Dans le pays de Rose-Bibly, on y lit beaucoup et surtout de tout : « des avalanches de livres, des cyclones, des tornades (…) avec un cerisier au milieu et une jolie ombre bleue pour s’y allonger. Dans ce pays, on lisait comme on cueille des cerises. Juste en tendant la main. » Quel programme !

Au fil des pages, au son d’une ritournelle, on découvre l’ampleur du champs des possibles. « Des histoires avec des moulins à vent, des baleines blanches, des Zazie et des Prince-petit, qui vous font les rêves et les matins en grand. » Hmm ça me dit quelque chose 😉

L’imaginaire de Pef nous entraîne alors au cœur de références bien connues de la littérature, et qui, si elles seront une découverte pour les plus jeunes, feront tilter la mémoire des plus grands, leur rappelant ces lectures d’enfance qui nous construisent. « Trop de livres qui riment », « trop d’images qui bullent en bandes organisées », « trop de livres à penser »… La plume de Daniel Picouly joue avec les sonorités, parsemant le récit de nombreux clins d’œil au patrimoine littéraire.

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Des oiseaux plein la tête

Nénette n’est pas comme les autres. Dans sa tête, des tas d’oiseaux tourbillonnent. Elle est dans son monde, un monde où des papillons s’échappent de ses mains, où des chansons animent son esprit, où on peut passer des heures à contempler une toile d’araignée même sans araignée. D’avant en arrière et d’arrière en avant, elle se balance, au gré de son imagination, dans son univers.

Un univers que les autres ne comprennent pas. À l’école, on se moque, on ricane, on rejète sa différence, et le fossé se creuse douloureusement. Alors, elle reste souvent seule.

Jusqu’à ce jour de pluie, où No, un garçon de sa classe intrigué par la beauté de ses gestes, la regarde sous un nouvel angle. L’univers si particulier de Nénette lui apparait plus riche qu’il ne l’imaginait et son cœur s’ouvre sur une nouvelle amitié profondément touchante.

Un album doux et sensible qui parle d’autisme et d’exclusion, avec beaucoup de bienveillance. Une ode tendre à l’amitié, à la tolérance et à l’acceptation de l’autre. 

Des illustrations magnifiques aux crayons de couleurs, où les teintes lumineuses qui s’imposent dans la grisaille du monde extérieur sont autant signes de vie que d’espoirs joyeux.

Merci à l’école des loisirs pour la découverte.

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Thomas

« Quand ils ont creusé un trou dans la terre pour y déposer ma maman, ils ont aussi creusé un trou dans mon cœur. »

Dès la couverture, l’émotion de ce petit bout de chou fragile vous saisit et vous n’avez qu’une envie, le prendre dans vos bras pour le réconforter. Thomas a perdu sa maman et son cœur est brisé. La douleur est vive, il est encore si petit. Elle, elle aurait su comment réparer les cœurs brisés, mais Thomas va devoir chercher ailleurs.

Il part en quête et interroge successivement Madame Donatella la couturière, le Dr Kasra, Monsieur Dupuis le menuisier mais personne n’a l’outil ou le talent pour réparer son petit cœur brisé. La solution, il va finalement la trouver en lui, en convoquant les souvenirs de sa mère pour remplir à nouveau ce vide.

« Dans ce grand trou qui avait pris place dans mon cœur, j’ai décidé de mettre de petits morceaux de ma maman »

Auprès de son père, la chaleur d’un rayon de soleil aidant, Thomas recueille l’un après l’autre les petits morceaux d’amour qu’il a vécu avec sa mère, des images ou des odeurs que les photos qu’il feuillètent avec son père lui évoquent. C’est bouleversant, on tourne les pages la gorge serrée et les yeux humides devant la pudeur des émotions de Thomas, qui nous confie avec ses mots à lui tout l’amour pour sa maman. Gonflé de cet amour pur, un sourire s’esquisse entre lui et son père, une promesse de bonheurs à venir.

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Un monde à inventer

Retour sur de belles sorties de fin d’année 2020. Il est toujours temps pour une respiration poétique.
 
On avait craqué pour la poésie de Louise, c’est un bonheur de retrouver l’ode à l’imaginaire dans cet album tout en contraste graphique et douceur. Un récit comme un voyage initiatique pour cette petite fille qui se promène au gré de ses réflexions, de ses inspirations et de ses découvertes. D’où vient la création ? Comment les idées naissent sinon en leur laissant la liberté de surgir, en favorisant les occasions de les convoquer par toutes sortes de chemins artistiques, au rythme de ses envies.
Au fil des double-pages, le lecteur suit cette petite fille à la chevelure évocatrice de collines. Sa silhouette interroge, place le lecteur dans un contexte quasi onirique, le jeu du noir et blanc ouvrant le champs des possibles à l’imagination.
 
La promenade s’ouvre avec la découverte de ce carnet, la page blanche invite à la méditation et déjà s’amorce la créativité. Les branches d’arbre sortant du cahier sont autant de chemins possibles, autant d’idées à développer, la métaphore est forte et inspirante : une route à suivre, un parcours à construire… Théâtre, lecture, peinture, sculpture, dessin, musique, danse, photographie… Les émotions remplissent progressivement la petite fille et enrichissent sa chevelure de maisonnettes puis de petits nuages qui symbolisent l’effervescence de la création. Et toujours la présence de la nature, sous forme animale avec ce petit oiseau sur son épaule ou sous forme végétale. À chaque expérimentation, la petite fille est concentrée, elle essaye, elle progresse, elle s’épanouit et l’envie la guide vers de nouvelles expérimentations.

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