En quête d’un grand peut-être

Ce guide de la littérature ado est une des bonnes nouvelles qui a réussie à percer dans cette année compliquée. Un travail impressionnant par Tom et Nathan Lévêque qui nous prennent par la main dans ce cheminement littéraire au coeur des bouillonnements de l’adolescence.

Il s’agit ici avant tout de littérature car les frontières sont poreuses.

Les analyses sont pointues, illustrées et agrémentées de nouvelles inédites tout au long du recueil. On peut donc lire en picorant un thème après l’autre, une nouvelle après l’autre ou bien suivre le sommaire pour s’immerger complément dans cet univers riche et inventif.

C’est juste, c’est éclairant, c’est nécessaire.
Et un grand bravo pour la mise en page et les illustrations, ainsi que pour la qualité de fabrication. Un bonheur ce dos carré cousu collé 😉

Et hop, ce fut donc le cadeau tout trouvé pour la documentaliste passionnée de mon collège. À mettre entre toutes les mains ! Vous pouvez le commander chez votre librairie !

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Inséparables

Il y a toujours un peu de Pico Bogue en nous, il faut juste prendre le temps de le laisser s’exprimer. Et vous verrez, c’est lumineux !

Totalement fan de ce gentil trublion qui me tire à chaque planche un sourire ou un rire tant les situations croquées avec talent et bienveillance par Alexis Dormal sont justes.

Les mots de Dominique Roques dans la bouche de cet enfant plein de répartie fusent et nous éclairent toujours un peu plus sur la langue et les relations humaines. C’est subtil, drôle et les personnages terriblement attachants.

Dans ce tome XII sorti en septembre, on y retrouve la bande de Pico avec un coup de projecteur sur Charlie, qui rêve d’avoir toujours le bon mot comme son copain. Amitiés, vie familiale et questions philosophiques, la lecture de ces planches invite à la réflexion, et toujours avec intelligence et humour.

À lire et à relire sans modération. Ainsi que tous les albums de Ana-Ana et les 2 tomes de l’étymologie avec Pico Bogue (sur ma liste de Noël 😉).

Évidement, une excellente idée de cadeau en cette fin d’année.

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Sans armure

« Ta voix qui se tait, 
…c’est ma vie qui se défait. »

Un réplique hurlée qui cingle « Tu ne comprends rien ! », une porte qui claque, et les murs semblent s’écrouler autour de Yannick. Sidérée par la violence de la séparation brutale, elle ne comprend pas en effet.

Un amour brisé, le silence de Brune, insupportable.

Et le récit va emporter alors la lectrice/ le lecteur dans un tourbillon de souvenirs qui retracent la rencontre entre ces deux jeunes femmes, leurs enfances, leurs traumatismes, à travers la voix de Yannick qui continue de parler à Brune. Comme si ce dialogue intérieur était la seule possibilité de garder le lien, si vital. Un récit qui court comme la narratrice vers celle qu’elle aime, pour la retrouver coûte que coûte.

Tout part justement de la voix, de celle de Brune à la radio : un coup de foudre auditif pour Yannick qui tombe amoureuse de ce timbre qui la fait vibrer. Une voix qui fait du bien. « Et quand j’enlève mes écouteurs, j’arrache un peu de ta voix sur ma peau ».

La force de ce texte tient au rythme insufflé par la narratrice qui ne s’arrête jamais de parler à son amour parti. Des phrases courtes comme autant de pulsations. Un flux continu comme un massage cardiaque indispensable, pour le tenir encore en vie, ce fragile et pourtant si intense amour.

Mais il y a la détresse de Brune dans ce monde aux bruits et aux douleurs qui la déchire, elle,  l’hypersensible, l’émotive sans filtre, la différente comme elle se définit. Yannick la découvre derrière son masque. Ayant alors confié sa fragilité, Brune est sans armure. Mais toute la force d’amour et la douceur de Yannick ne suffisent pas. « J’ai tellement cru me mes bras seraient assez forts pour toi… »

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Le cercueil à roulettes

Il aura fallut quelques mois pour que je me lance sur la route avec Gabriel. Il fallait le moment adéquat, car le chemin était ardu et intense.

Gabriel, 15 ans, est orphelin de père et récemment de mère. Une douleur qui le déchire. Un matin de juillet, il prend la route, trainant derrière lui un bolide peu commun, une étrange caisse à roulettes, plus grande que lui, le nom de Stella inscrit dessus.

Et c’est ce voyage initiatique, ce cheminement de deuil que le lecteur va faire avec Gabriel, narrateur de cette aventure nécessaire. En chemin vers cette destination dont il ignore encore le lieu précis, il va rencontrer des personnes clés qui le guideront, étape après étape, de fermes en villages, de villages en forêts, de départementales aux courants de la Loire.

Irène, Anisse, Anouar, Maya, Marie, Joël, Maud, Baptiste, autant d’êtres exceptionnels qui vont marquer Gabriel dans son parcours, l’aidant dans l’acceptation de la situation et l’accomplissement de la mission qu’il s’est donnée. 

Ne pas en dire trop, la musique des mots d’Alexandre Chardin vous prendra par la main, aux côtés de Gabriel, comme un témoin de cette quête insensée mais si vitale pour lui. Cette traversée va laver sa douleur, dans la souffrance des efforts qu’il prodigue pour faire avancer cette caisse à roulettes. Il marche seul et pourtant il sent toujours une présence, sa mère son « étoile »,  son père, ou l’enfant qu’il a été et ses souvenirs lui confirment qu’il va dans la bonne direction.

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Âge tendre

On l’attendait avec impatience, la nouvelle création effervescente de Clémentine Beauvais ! Et, encore une fois, le plaisir est au rendez-vous. Pour paraphraser Valentin : « Mes impressions ont été : positivement positives à la lecture de ce subtil ouvrage. »

Un cocktail d’humour et de réflexions sur notre société vu par un adolescent, ok, mais ce n’est que la partie émergée de cet iceberg littéraire. Car au fil des pages, la voix du narrateur va se métamorphoser et ouvrir la porte sur une profondeur intime qui bouleverse. Il est question d’adolescence et de vieillesse, de mémoire et d’identité, de relations intergénérationnelles, de la place qu’on essaye de se faire dans la société, du regard des autres sur ce qu’on est, du bonheur à construire et à reconstruire. « Tout est sur l’amour, le temps, la perte des choses. »

La Présidente de la République l’a décidé : tout élève doit faire, entre sa 3e et sa 2de, une année de service civique quelque part en France. Valentin Lemonnier, sensible et facilement déstabilisé en « société », se retrouve contre toute attente dans un centre pour personnes âgées atteintes d’Alzheimer reconstitué pour ressembler à un village des années 60. Panique pour Valentin qui, plongé dans cet univers totalement désarçonnant, va se mettre lui-même dans une situation impossible : trouver un sosie de Françoise Hardy qui viendra chanter « la maison où j’ai grandi » pour une pensionnaire, Mme Laurel 😉

Facile pour quelqu’un qui prétend être fan total de la chanteuse (alors qu’il n’en a jamais entendu parler.) Et pourtant, le pouvoir de la voix de Françoise va être un extraordinaire élément déclencheur dans la vie de Valentin.

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