Ok Noël c’est passé, mais quand on aime rêver, c’est un peu Noël tous les jours non ?
Ne vous êtes-vous jamais demandé comment était le Père Noël quand il était petit ? S’il était né barbu avec un bidon rebondit ? S’il riait déjà en faisant des Ho-Ho-Ho ? Si les lutins et les rennes volants existaient vraiment ?
Et bien moi si.
Si vous êtes de ces gens persuadés que certaines choses ne sont pas possibles, autant refermer ce livre tout de suite. Il n’est pas pour vous. Car ce livre est plein de choses impossibles. Vous êtes toujours là ? Bravo. (Les lutins seraient fiers de vous.) Alors, commençons…
Dès la première page, le ton est donné : caustique et percutant, j’adore ! Un style pas comme les autres, très prometteur…
Depuis quelques jours, il se passe des choses étranges dans l’ancienne boutique de bonbons dont rêve Billy, un petit garçon d’environ 8 ans… Des bruits de travaux épouvantables, des meubles qui passent par les fenêtres. Et si ce magasin fabuleux était enfin rénové et réouvert ? Et bien, non. Le Gang des Laveurs de Carreaux vient de s’y installer. Ah.
Comme dans toutes les aventures fantastiques de Roald DAHL, les personnages d’apparence ordinaire se révèlent magiques : une Girafe au long cou télescopique, un Pélican au bec escamotable qui sert de réservoir à eau, et un petit Singe agile et bien malin, forcément. Les trois amis expliquent à Billy (qui comprend très bien leur langage) qu’il faut vite qu’ils trouvent des carreaux à laver pour gagner de l’argent pour leur nourriture. Mais attention, pas n’importe quelle nourriture, des noix pour le Singe, du saumon pour Pelly le Pélican et des fleurs rose-mauve de l’arbre drelin-drelin pour la Girafe… très rares et très chères… Heureusement, le vieux grincheux Duc de Hampshire veut les embaucher pour nettoyer rien moins que les 677 vitres de son Château.
Et commence alors une incroyable aventure pleine de rebondissements farfelus comme toujours, sortis tout droit de l’imaginaire de Roald DAHL, si bien illustrées par son fidèle Quentin BLAKE. Une histoire haletante, des jeux de mots, des petites chansons / comptines comme souvent dans ses livres, comme dans l’Enorme Crocodile, qu’on aime à répéter comme une formule magique, en espérant être projeté dans le livre pour vivre encore plus intensément ces drôles d’aventures.
— La mer est bien loin, approuvai-je. Mais il y a un poissonnier dans notre village.
— Quoi ?
— Un poissonnier.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda le Pélican. J’ai entendu parler de poissons rouges, de poissons-chat, et même de poissons-scie mais jamais de poissons niais.
Et si après un coup d’éclat et de gloire, la boutique de bonbons merveilleux et plus étonnants les uns que les autres renaissait grâce à Billy ? Et si, comme par hasard, on pouvait y trouver « des coquefusées électriques qui font dresser les cheveux sur la tête, des gobigoulettes , des Zutzutes (…) des bise-glottes, des claque-palais, des caraboules, des berlificots, des pastibeugales, sans oublier les succulents bonbons de la chocolaterie Wonka. Par exemple, les célèbres dragées arc-en-ciel »… Joli clin d’oeil… Billy connait-il Charlie ? Et vous ? Si non, courrez vite lire « Charlie à la Chocolaterie » après avoir lu celui-ci. On est vite en manque…
«J’essaie d’écrire des histoires qui les saisissent à la gorge, des histoires qu’on ne peut pas lâcher, c’est ma passion. Car si un enfant apprend très jeune à aimer les livres, il a un immense avantage dans la vie. Ce que je raconte dans mes livres n’a aucune importance et ne sert strictement à rien. Mais si, après avoir lu une de mes histoires, l’enfant dit : “Quel livre génial, j’adore les livres”, alors j’ai gagné!» Roald DAHL
« Au nord de Venise, cernée par la lagune, s’étendait l’île de Murano. (…) Les gens venaient du monde entier, car on y soufflait aussi le verre. Dans la chaleur des flammes, les maîtres verriers rivalisaient d’adresse pour façonner au bout de leur sarbacanes, appelées « cannes à vent », des vases et des bijoux étonnants ».
Et si, par magie, un malheureux apprenti souffleur de verre dont la carrière fut brisée à quinze ans devenait un mystérieux fabriquant de rêves des enfants ?
Ce conte initiatique est fabuleux : on suit le parcours extraordinaire de Zorzi Ballari, cet orphelin devenu par accident le danseur boiteux, le « Ballarino », renié par ses pairs et méprisé de tous mais qui s’accrocha à son propre rêve : souffler le verre. Chaque nuit, il se glissait dans les ateliers déserts pour apprendre et « à force de persévérance, son souffle devint si délicat et si précis qu’il s’étira comme un soupir ».
Ce très grand livre pourrait faire partie de la catégorie des Beaux Livres tant les illustrations sont sublimes. Les paysages vénitiens sont divinement rendus, les couleurs chaudes et lumineuses transcendent les émotions, les contrastes ombres/jours sont envoutants : des tableaux de maître à chaque page dans lesquels on aime à se perdre et à rêver de glisser sur l’onde de la lagune à la recherche des bulles de verres féériques.
L’histoire est captivante, un conte pour petits et grands où la réalité côtoie le merveilleux, le style est poétique, doucement rythmé comme une petite musique intérieure, un peu méditative. Vous ne ressortirez pas de ce livre intact, tant la magie opère efficacement. C’est profondément touchant.
Alors, si certains soirs le sommeil peine à venir, sache que, tout près de Venise, quelqu’un souffle toujours des rêves. Et que pour les faire venir à toi, il te suffit de songer fort à lui.
Vous vouliez offrir un bijou rare ? Courrez acheter ce « bel ouvrage », une pure rêve-meille.
« Gare à vous les doudous ! Si jamais vous n’êtes pas sages, le Mange-Doudous viendra vous croquer tout cru ». Voici la recommandation de votre pitchoune avant de partir à l’école, une fois qu’il aura lu ce livre. Une version du Croque-Mitaine pour doudous. Il fallait y penser.
Imaginez un peu le cauchemar de ces doudous : laissés seuls après le départ de l’enfant, une chose bizarre est entrée dans la chambre et a avalé Lapinot d’un seul coup. Horreur ! Et cette chose a pris la forme de Lapinot.
Elle ne s’est pas arrêtée là et à dévoré ensuite Poulette, Cochonet, Morse, Pingouin… Un vrai carnage ! Et maintenant elle ressemble à un peu de tous ces doudous.
Vous ne me croyez pas ? C’est Berk, le vieux doudou-canard machouillé baveux du narrateur qui me l’a raconté. Même après avoir avalé la moitié des doudous de la chambre, le Mange-doudous avait toujours faim… Il fallait faire quelque chose avant qu’il ne reste plus personne. Mais qui pourrait oser se confronter à cet horrible doudouvore ? Seul Berk le canard le sait…
Un de mes derniers « coup de coeur » : pour le trait tout d’abord. Les
illustrations sont magnifiques, on est tout de suite plongé dans un univers magique et un peu inquiétant. Est-ce qu’il n’y a pas plus effrayante chose qu’un monstre sorti de nulle part qui viendrait dévorer tous les doudous des enfants ? Stephen King sort de ce doudouvore ! Heureusement, l’histoire est tendre et drôle ce qui atténue l’angoisse… Et en plus du jeu sur les couleurs (1 couleur par doudou), on s’amuse à retrouver les doudous cachés ainsi que chaque détail du doudou avalé qui se retrouve sur la silhouette de ce croqueur blanc.