Dans la forêt de Hokkaido

(c) EDL

Encore un roman dont il est difficile de sortir, complètement, indemne… Un bon livre, par définition. Un roman qui vous tient en alerte tout en vous kidnappant dans son univers fantastique. Un livre qui, une fois la dernière page tournée, reste ouvert dans votre esprit et continue de vous parler avec cette musique si particulière et envoûtante. Oui, j’ai aimé !

Dès les premières lignes, le lecteur est happé, pris à témoin. Une tension forte s’installe en quelques mots et nous plonge au coeur d’une angoisse palpable, un cauchemar qui paraît très réel. Les exergues de Poe et Stephen King nous avaient prévenus pourtant… Et d’un coup, tous les éléments pour créer l’état d’urgence sont là : cri de douleur, peur, terreur, impuissance, appel au secours.

Un samedi matin, Julie se réveille en hurlant de son rêve, un rêve étrange et déchirant. Elle est un petit garçon japonais perdu dans la forêt d’Hokkaido, volontairement et totalement abandonné. Mais est-ce vraiment un rêve ?

 

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Louise

« Parce que c’était lui, parce que c’était moi »…

Qu’est-ce que l’amitié ? La découverte d’une autre île ? Une rencontre avec un autre soi ? Une route que l’on prend avec son alter ego ? Une épaule pour se reposer, pleurer, se réchauffer ? C’est tout cela. Pas de définition arrêtée, c’est un peu de moi, un peu de l’autre et beaucoup de nous, ensemble.

Louise est fière et forte, comme une petite guerrière… Enfin, c’est ce que les autres croient… Car derrière sa taille imposante et sa longue chevelure, Louise dissimule une grande solitude. Derrière sa carapace de guerrière, Louise se cache pour pleurer et ne trouve de refuge que dans la nature.

Qui savait qu’elle rêvait de fuir en suivant la route des hirondelles ?

La couverture peut intriguer, peut être même inquiéter, comme un tableau post-moderne. Et pourtant, ce très bel album en noir et blanc parle d’un sujet qui préoccupe les petits comme les grands : l’acceptation de la différence et la confiance dans autrui. Prendre le pari que l’autre peut vous aider, vous accepter avec vos différences et vous ouvrir son coeur, quel beau challenge !

Car voilà : Louise rencontre Louise. Si les deux fillettes portent le même prénom, tout les oppose et pourtant le coup de foudre de l’amitié opère, sans avoir besoin de s’expliquer. « Parce que c’était elle, parce que c’était moi »…

Sans que l’on sache pourquoi, elles sont devenues amies.

Au contact de son double, de ce reflet vivant, Louise n’a plus peur du regarde des autres, et se métamorphose. Elle s’ouvre, se confie, partage ses peines et ses joies et se construit.

Ce qui est certain, c’est que depuis pour Louise, le monde est devenu plus doux.

Si le sujet peut paraître classique – la naissance d’une amitié entre enfants – le traité graphique singulier rend la lecture envoûtante. Le récit très épuré, telle une poésie avec des effets d’échos, entre en résonance avec le pouvoir d’évocation des illustrations. J’ai aimé le traité minimaliste façon fusain, en totale harmonie avec la force du message.

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Le petit chaperon rouge

Forcément en fouillant dans les bacs la couverture a fait tilt dans mon (petit) cerveau. « Ohhh mais ça me rappelle… Le Mot Interdit… bon sang mais c’est bien sûr ! » (vieux cerveau).

Vous avez sûrement lu ce fameux J’aime Lire écrit par Nicolas de Hirshching et été tourmenté vous aussi comme Thierry face à la société Tout-Gratis. Un univers fantastique dérangeant et qui marque la vie d’un jeune lecteur…

Ici, l’illustrateur passe au texte et revisite le conte traditionnel avec ce qu’il faut d’inquiétant. Pour se faire doucement peur mais sûrement…

J’ai été très troublée par la dédicace à l’ouverture « A la petite fille qui ne viendra pas… »

Ce livre m’a appelé.

Auteur / Illustrateur : Jean CLAVERIE
Edition : Mijade – Album – 32 pages – 5,20 euros
Année : 1994

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Charlotte et moi (Tome 1)

Très belle pépite découverte en bibliothèque !

Première BD d’Olivier Clert, qui a auparavant réalisé les story-boards des dessins animés « Un monstre à Paris » et « Le Petit Prince », et qui propose, ici, une histoire très bien rythmée, si bien… qu’IL FAUT VITE LE TOME 2 !!! Car cela s’arrête en plein suspens… (A priori en avril… patience, patience…)

Gus vient de déménager avec sa mère. Dans l’immeuble, il craint de passer à l’étage inférieur où se trouve une imposante femme qui l’impressionne beaucoup, Charlotte. Ce changement ne lui plait pas et fâché contre sa mère, il décide de partir à l’aventure.

De son côté, Charlotte est seule, après la mort de sa grand-mère qui l’a élevé un peu en ermite. Retranchée d’une certaine manière du monde réelle, Charlotte est introvertie et ne parle pas ou très peu. C’est une enfant dans un corps d’adulte bien trop grand pour elle.

Par un coup du sort incroyable, Gus et Charlotte vont se retrouver ensemble sur la route de Paris, l’un pour retrouver son père, l’autre pour connaître l’histoire de sa mère.

Une complicité commence à naître… Un traité graphique efficace, beaucoup de pudeur et de sensibilité, avec un vrai talent de coloriste. Gros coup de coeur !

À suivre…

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Alexandrin ou L’art de faire des vers à pied

Une jolie rencontre encore une fois… Au détour d’une table présentant quelques nouveautés à la Médiathèque Marguerite Yourcenar (Paris 15e, ehhh oui je suis une grande voyageuse… 😉 ), mon regard tombe sur ce personnage intrigant.

Un profil cyranesque (si, si, j’ai le droit, si je veux), ce rouge-gorge attentif posé sur cette épaule fatiguée, compagnon de route et d’infortune semble-t-il. Et ce doigt pressant une sonnette… L’action semble comme figée et pourtant j’entends presque le ding dong…

Un titre flamboyant présentant en un mot l’homme et son art… « L’art de faire des vers à pied »… Forcément, j’ai eu envie de pousser la porte de cette histoire… Et j’ai bien fait.

Alexandrin de Vanneville, poète des campagnes et des villes, arpentant les chemins et les villes, de terre ou de bitume, par vent et par la pluie, sans me taire et sans amertume, je survis en proposant ma poésie.

Poète ambulant, Alexandrin survit en faisant commerce des vers qu’il compose. Grand échalat au style aristo et sans le sou, il sonne aux portes, parfois chanceux d’une piécette, parfois chassé d’un coup de pied. Une vie qui ne rime à rien bien qu’il ne puisse pas faire autrement que parler en vers, même pour lui-même.

La chronique d’un vagabond au destin ordinaire ?

Sur sa route chaotique pour survivre, il croise Kévin, un jeune garçon qui vient de fuir sa famille. La faim rapproche les deux vagabonds, puis le dialogue commence, les mots de l’un tentent de soigner les maux de l’autre, ils s’apprivoisent. Une amitié nait doucement : Alexandrin décide d’initier ce jeune fugueur aux arts de la poésie et de la débrouille.

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