Une jolie surprise que ces deux albums sur un sujet souvent traité dans les romans jeunesse, sous un angle ado, ici, un peu plus original.
Même si la danse classique n’est pas votre tasse de thé (ça peut vite le devenir, ne vous désespérez pas), le récit de ces deux soeurs – confrontées à leur passion respective, à un choix de vie lié à une audition décisive, à leur construction personnelle que l’adolescence et ses atermoiements secoue – est captivant.
Et surtout, et c’est d’ailleurs ce qui m’a attiré dans le Tome 1, le travail graphique est exceptionnel : une recherche sur la lumière bluffante, un jeu des champs/contrechamps très cinématographique, une maîtrise du flou artistique et des jeux d’ombres et d’éblouissement.
Révolte, colère, rébellion, fureur, sentiment d’injustice, secrets, instabilité, hobbies bizarres, phobies hors du commun, jalousies, désarroi, critique acerbe, méchanceté gratuite, humiliations, honte, mensonges, humeur écrasante… autant de caractéristiques pour définir un chantier en pleine construction : l’adolescence.
Vania le sait bien, elle nage en plein de dedans, voire elle s’y noie presque. À quinze ans, le constat peut sembler rapide sur un aussi court chemin de vie parcouru ? Et bien non, pas pour certains échantillons du genre humain comme Vania Strudel, lancée de plein fouet contre le mur de la réalité et son crépis abrasif. Ça pique, ça mord, ça déchire, ça se débat… la vie quoi ? Une bonne dose de déceptions et de rêves avortés contenus avec difficulté dans un petit être en quête de devenir justement. Quand on pense être tombée sur la case banqueroute de la roue de la vie, on croit devoir en baver à chaque portion d’air inspiré.
Au fond, je suis surtout handicapée par une propension irrépressible à tout faire de travers.
En même temps, avec un œil mi-clos façon Colombo et « un blase de protège-slip accolé à une pâtisserie autrichienne bourrative » c’est pas gagné-gagné, vous me direz, ma bonne dame. Quitte à être nulle, autant être la présidente du Club des Minables et le revendiquer, non ? Mouaip…
Youpi. La moitié de mes chers camarades m’appelle Tampax et le reste opte pour Strud’ball.
Vous êtes bien accrochés ? Car, la Fourmi Rouge, c’est du lourd, coco, du dense, du sérieux. Un roman initiatique où l’héroïne vous embarque sur le grand huit de son adolescence : loopings de fous rires, dégringolades de hontes passagères, écrasement sous la douleur sourde d’une enfance traumatisante, coups de gueule bien hystériques et aux dommages collatéraux explosifs… Et toujours la mèche rebelle et le menton frondeur levé bien haut.
La couverture ne me faisait pas de l’oeil pourtant… Moi, les jeux vidéos, ce n’est pas trop mon truc… Mais le titre clin d’oeil évoquant des souvenirs cornéliens (Orage, ô désespoir 😉 ) m’a donné envie d’entrouvrir le livre et d’en savoir plus sur cette rage. La rage d’Alex, 10 ans, envers son père.
Peut-on détester son père et plonger dans la haine en quelques minutes ? Tout ça pour une partie de jeu vidéo abrégée un peu trop vite malgré les rappels insistants de l’autorité parentale pour cesser l’addiction qui rend le joueur absorbé sourd au reste du monde ?
Une page, puis une seconde, puis un chapitre… le style est enlevé et vous prend. La tension monte tout comme les pensées négatives de ce jeune Alex débordé par sa colère, enfermé dans sa rancoeur qui le tient dans un mutisme borné. Or, un événement incroyable lors du spectacle où est forcé d’aller Alex avec sa famille va renverser la situation et réveiller le coeur du jeune garçon. Quelque chose de magique 😉
Tout d’abord c’est le titre qui m’a intrigué, attiré. Forcément, les secrets d’une Brune (même si elle n’est pas du Lac), cela m’interpelle en tant qu’obscure chevelue que je suis.
Et puis les premiers croquis m’ont séduit et emportée, en douceur et gravité, dans l’univers instable de cette adolescente, qui se cherche.
Une ado, pensive, un brin lascive, un peu à la dérive, vaporeuse… rêveuse.
Brune change de collège pour une autre vie, choisie, enfin presque. La peur de l’inconnu, bien sûr, mais également l’envie de la découverte la tiraille. Partagée entre l’attirance vers ces autres, ces mêmes autres qu’elle, qui lui ressemblent quelque part et le désir de se pelotonner, de se cacher, au fond des couettes, loin sous les draps, coupée de la réalité si dure et si rêche. Une amitié parfaite, cela existe ?
Être un peu rebelle à l’âge de l’adolescence, cela n’est pas surprenant, ce serait même un passage obligé pour certains, une raison d’être pour franchir cette étape de vie. Que l’on soit une adolescente au cœur d’une famille à problèmes comme Alia ou d’une famille à secrets comme Judith, le malaise est le même. Il faut passer le cap, s’affranchir de l’innocence de l’enfance et se cogner à l’âpre réalité du monde des adultes.
Judith vit avec son père Pierre, et Laure, une autre femme. Pas de mère mais une complicité forte entre le père et la fille… Enfin presque. Cet amour inconditionnel empli de joie, c’était avant. Aujourd’hui, ce n’est plus qu’un souvenir fugace, le conflit est devenu leur quotidien.