Son héroïne

Quel talent pour dire en quelques mots subtils la force destructrice de l’emprise ! Un tour de force déjà brillamment réussi avec le précédent « Des Astres ».

Toute la puissance de ce court récit happant tient à la construction du caractère des personnages et de l’intrigue. On ne se méfie pas, on se laisse entrainer, par innocence, comme Jessica qui ne voit comment Rosalie s’insinue progressivement dans sa vie. C’est froid de machiavélisme inconscient car certes la prédatrice a choisi sa proie, mais c’est pour son bien, pour la sauver : la mission d’une vie. Et la mécanique pour atteindre son but est bien huilée.

Tour à tour dans l’esprit des deux protagonistes qui se découvrent et s’entrechoquent, le lecteur / la lectrice suit le cheminement par ressentis interposés, lui donnant à voir les deux côtés du miroir, impuissant.e face à la toxicité de la relation qui est en train de se mettre en place. L’obsession de Rosalie, sa Jessica, son « héroïne », dans tous les sens du terme.

C’est troublant de justesse, glaçant de réalité. Un cauchemar éveillé dont on voudrait extraire Jessica. Une lecture en apnée, écoutée en mode audio pour plus d’immersion dans le texte, et qui vous prend telle une vrille, creusant profondément pour s’enfoncer insidieusement dans les limbes de la folie. Coup de cœur !

 
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Orageuse

Avouez que le goût d’Arpège vous manquait. Son sillage aux effluves de chèvrefeuille, son regard obscur à l’éclat magnétique, cette inéluctable attraction qui vrille les sens et étourdit l’esprit. Violette sait de quoi je parle, au plus profond d’elle.

🌿« Son prénom. Son prénom au bout de la langue. Arpège. Deux syllabes balles de fusils. »

Car la douleur la hante maintenant : une plaie immense qui palpite sans cesse et étouffe sa raison, un supplice qui renait au moindre ressenti de cette fragrance envoûtante, au moindre souvenir de ce pays des Muses où il vit, lui, sans elle.

Déracinée, bancale, incomplète, Violette est désaccordée. Le chagrin d’amour, issu d’une rupture violente et inéluctable, est comme un poison qui la gangraine. Une passion brisée en plein vol, séparant deux mondes, deux êtres, deux corps, deux cœurs. « Cousus l’un à l’autre ».

Il suffit d’un bref regard sur cette couverture dont la sensualité inquiétante électrise un peu pour qu’on replonge, éperdument dans la poésie des mots de Joanne Richoux.

 
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Celle que je suis

En Inde, naître fille reste encore un handicap. Terre de modernité, ce pays continent recèle des traditions qui pèsent toujours lourdement. Anoki a 16 ans et vit au sein d’une famille qu’elle croit moderne et juste, des frères qui font des études, voyagent à l’étranger, des filles qui sont encouragées dans leurs apprentissages, et une certaine liberté de parole. Mais même au sein de cette famille aimante et alors qu’elle pense pouvoir choisir son avenir, Anoki se heurte à l’hostilité des siens. Rebelle et furieusement éprise d’une liberté qui la différencie de ceux autour d’elle, Anoki ne lâche rien, son combat sera dur et intense, secrètement partagé par un frère qui la soutient à distance et une petite soeur qui s’affirme déjà.

« Dressée face à eux qui voulaient m’enchaîner, je me cabrais de tout mon corps, de toute mon âme. »

Tout au long de ce récit initiatique, la voix de cette jeune fille se fait l’écho de toutes les femmes du monde, celles qui luttent pour davantage d’égalité, de liberté d’agir et de penser, tout simplement. Tout bouillonne en Anoki, traversée de doutes et d’espoirs. Ses désirs la portent mais prendra-t-elle tous les risques pour vivre tel qu’elle le souhaite, malgré la colère et le mépris de ses parents ? Trouvera-t-elle des alliés parmi ses frères et soeurs ? Et cet amour passionnel qui semble la révéler sera-il possible ? Son souhait vital : être l’actrice de son avenir, mais pourra-t-elle s’affranchir des traditions ?

Un livre à mettre entre les mais de tous les adolescents, filles comme garçons, pour éveiller toujours et encore plus les consciences.

« Jamais je ne m’étais sentie aussi en accord avec moi-même. Convaincue d’aller vers celle que j’étais. »


Autrice : Anne LOYER
Edition : Slalom – 304 pages – 14,90 euros
Année : Novembre 2019

 
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Bordeterre

Voilà quelques semaines que j’ai plongé dans Bordeterre, j’attendais ce voyage inédit, j’attendais de découvrir l’imaginaire de Julia Thévenot via sa plume, j’attendais d’être séduite par un univers que je connais peu, ces mondes fantasy où les références font souvent échos pour les initiés. Les temps sombres ont passé depuis ces jours de mars et la trace du passage d’Inès, de Tristan, d’Alma, de Philadèlphe est toujours présente en moi. Mais un peu de pression à vouloir retranscrire cette expérience littéraire. Et chaque semaine en voyant fleurir les chroniques, je me disais « mais si, toi aussi, dis le ! » Qu’importe d’être initiée ou non, la magie opère avec ce premier roman car elle est ici source de nouveauté, et ça vous embarque abyssallement. Voilà, je le dis.

Oui, les ingrédients du fantastique sont au rendez-vous : un univers étrange, décalé et parfois dérageant, où des mystérieux êtres inquiétants rôdent. Et tout ça dès les premières pages, accroche toi ! Dès la bascule d’Inès et Tristan, l’électrochoc de leur arrivée dans ce monde parallèle produit sur le lecteur un effet d’immersion totale. Tout comme les personnages, on est plongé brutalement et sans explication dans l’univers de Bordeterre, cette ville perchée sur une faille entre deux plans de réalité. Premier mystère : arrivés dans ces contrées totalement inconnues, nos deux héros deviennent… transparents et leurs souvenirs s’effacent doucement, inexorablement. (T’es encore là ou tu es déjà parti lire la suite ? Je ne t’en voudrai pas)

 
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Jeannot

Ayant suivi semaine après semaine la création des illustrations de Carole Maurel , j’attendais avec impatience de tenir entre mes mains les pages de l’univers de Jeannot, ce nouveau personnage créé par Loïc Clément.

Après Chaussette, Le Voleur de souhaits et Chaque jour Dracula, voici donc l’histoire d’un autre conte des cœurs perdus.

🍃 Avant, pour Jeannot, la vie était belle, simple, heureuse. Et puis après un drame terrible, sa vie bascule. Phénomène étrange, à partir de ce moment là, il se met à entendre ce que disent les plantes, les arbres.

Devient-il fou ou entend-il réellement ces voix végétales ? Cela pourrait paraître féérique, mais pour Jeannot c’est une malédiction, tant leur paroles lui semblent inutiles, voire nuisibles : « bêtes comme leurs racines ».

 
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