Nous traverserons des orages

« Est-ce que le monde serait moins violent si les hommes pleuraient plus souvent ? »

C’est le constat que je fais depuis tant d’année, comme beaucoup, et qui, face à cette violence perpétuelle, alimente une colère intérieure que j’ai de plus en plus de mal à contenir. Mais la colère n’est pas constructive si elle n’est pas force de propositions, source de solutions et d’actions. La littérature est une source.

Et comme dirait le narrateur de cette fresque historique et familiale qui m’a tant émue : « Ecrire est une façon de reprendre un peu le dessus sur l’absurde violence du monde, tu ne penses pas ? »

Car encore une fois, Anne-Laure Bondoux nous offre un récit d’une grande intensité, ciselé avec justesse et qui touche au plus profond du cœur.

Après « L’aube sera grandiose » (cours lire ce texte incroyable stp si tu ne l’as pas déjà fait) où nous suivions essentiellement des parcours de femmes, l’autrice nous emmène ici au travers des époques suivre le destin des hommes d’une famille, la famille Balaguère, la bien nommée.

« C’est l’histoire d’une famille, d’une maison et d’un pays. Elle commence à la veille d’une guerre planétaire, dans une ferme de hameau qu’on appelle les Chaumes. Elle s’achèvera un siècle plus tard, au même endroit, à l’heure où une autre guerre menace de s’étendre.(…) » Entre ces deux époques, on verra vivre ici « quatre générations d’une famille tourmentée par des secrets et hantée par des morts sans sépulture. » Et « entre ces deux époques, nous traverserons des orages. »

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La fin de Velvet

« Au milieu de la nuit, à l’heure où les monstres se réveillent, Lima ouvre grand les yeux. Sa grande sœur Velvet est ici, dans leur chambre. Elle se tient courbée et muette. Elle regarde Lima avec les yeux de tous leurs instants sauvages passés ensemble. Ses yeux disent beaucoup et longtemps.  Qu’est-ce que tu fais ici ? s’étonne Lima. Hier après-midi, Velvet dormait encore à l’hôpital.»

Il a suffi de ces quelques lignes, simples et pourtant chargées d’une affection inestimable entre ces deux sœurs, pour faire trébucher mon cœur et déclencher une chamade alarmante. Dans ces quelques lignes, le danger et l’urgence sont déjà là, tapis dans l’ombre. Velvet demande à sa petite sœur encore plissée de sommeil de la suivre dehors dans la nuit, c’est important, il ne faut pas être en retard. Lima est un peu perdue mais « elle accompagnerait sa grande sœur jusqu’au bout du danger. C’est la force de leur amour. »

Vous l’aurez compris, cette relation sororale unique est un lien puissant qui tient Lima debout cette nuit-là. Ce n’est pas une nuit comme les autres, c’est l’histoire d’une fin qui arrive inexorablement et qu’on ne peut éviter. Même tout l’amour de Lima et les souvenirs les plus heureux ne peuvent retenir très longtemps Velvet de sa destination.

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Tous nos rêves ordinaires

Je comprends que ce roman se retrouve dans la belle sélection du Prix Vendredi…

J’avais beaucoup aimé « Et dans nos cœur un incendie » pour les voix percutantes des personnages à fleur de peau.

Ici, c’est Romane, Chris, Chloé, Lola, Gabriel, des adolescents écorchés vifs pris dans la chaleur d’un été dans une banlieue pavillonnaire.

Ce qui percute ici justement, ce n’est pas tant les protagonistes que le ton, le style du récit, comme une respiration, parfois lente et profonde, parfois chaotique frisant l’apnée.

Un texte qui palpite au rythme des chemins empruntés par ces ados en quête d’émotions vraies.

Au cœur d’une jeunesse ordinaire qui brûle de désir et de liberté, d’horizons nouveaux et de sensations fortes. Un texte en vers libres ciselé comme un long poème résolument moderne.

Une syntaxe créative qui pulse de sensualité, au plus près de leurs émois et de leurs angoisses, plongeant les lecteurices dans les abîmes de leur identité écartelée entre rêves-espoirs et réalité-crépi.

Étonnant. 

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Comme une famille

Le monde peut nous changer mais on peut toujours changer le monde… Bienvenue dans la famille Diangello : des premiers pas de l’homme sur la Lune en 1969 à l’incendie de la centrale de Tchernobyl en 1986, de la finale de la coupe du monde de football en 1998 aux attentats du Bataclan en 2015, de l’élection de Barack Obama à la crise du Covid, de la mort de leur mère au mariage de leur frère.

Rachel Corenblit traite souvent le thème de la famille dans ses écrits. Ce qui l’intéresse avant tout, comme elle nous l’a expliqué lors de la rencontre avec Babelio, c’est « la complexité des relations humaines qui se nouent au sein des familles ». Et c’est le cœur du sujet de son nouveau roman choral qui met en scène, sur 50 ans et 3 générations, la saga de la famille Diangello. 10 moments clés racontés par les membres de cette famille sur fond d’événements historiques qui ont façonné la société d’aujourd’hui et leur adolescence.

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La maison sous la maison

Dans un monde qui n’est pas toujours rose (franchement souvent rose méga sombre), on a la chance de pouvoir compter sur les livres pour s’évader, fuir la réalité moche-moche et voyager loin du nuisible.

Un livre, c’est une porte ouverte, une invitation à cheminer, un voyage qu’on accepte de faire depuis chez soi. Qu’est-ce qu’on risque à part un claquage de zygomatiques, un éblouissement de beauté, un tsunami de larmes, un serrage de cœur, un trouillomètre à zéro, un ouragan de tendresse ?

Une bonne dose de douceur et d’imaginaire enrobés d’un monde florissant mystérieusement vrombissant, ça vous dit ? Alors direction Barenbourg et la maisons (oui avec un s, vous comprendrez plus tard) que la sage vieille dame nommée Fiammetta Gordes donnera à la « famille qui saura l’aimer, l’écouter et en prendre soin ». Si ce nom et cette petite annonce ne sont pas déjà un sésame pour un conte fantastique, alors je ne sais pas ce qu’il vous faut. C’est au cœur de cette maisons énigmatique que va donc emménager la famille d’Albertine, 11 ans plutôt discrète et fragile, contrairement au reste de sa famille pleine de fantaisie, Vera Janvier, la mère, Pierrot le grand frère et Barnabé, le petit dernier de 2 ans.

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