No et moi

Encore une fois, il n’est jamais trop tard pour vivre ce type d’émotions.

Un truc étrange depuis quelques temps, l’enfance frappe à la porte de tout ce que je lis.

Pas si étrange, pas si étanche…

Sous la forme de chemin chaotique et inespéré comme la rencontre big-bang de cette fragile No et de cette incroyable Pépite, Lou, ce petit bout d’humain au grand coeur, porté par une maturité qui l’encombre parfois et lui donne cette force improbable, cet amour pur qui peut abattre les murs du silence et ouvrir le champs des possibles, parce que si on veut on peut, parce que lorsqu’on se promet d’être ensemble, on doit se battre pour cette promesse, une promesse pour la vie, pour le meilleur et pour le pire.

Après Les Loyautés (qui résonne encore par la force du propos, la finesse des sentiments retranscris, le cri d’alarme d’une adolescence qui tâtonne au point de se risquer de se brûler les ailes à tout prix), ce roman No et moi paru il y a déjà 12 ans n’a pas pris une ride. La justesse de la voix de cette jeune narratrice est troublante face au silence de sa mère, son abandon, l’urgence du coup de foudre avec No qui sombre.

Beaucoup de violence, beaucoup de tristesse, quelques éclairs de soleil qui rallume l’espoir et cette fureur de survivre qui vous emporte et vous chahute le coeur au fil des pages.

Une fillette hors norme, intellectuellement précoce, comme ils disent sans vraiment comprendre ce que cela signifie, une observatrice méticuleuse qui depuis son silence questionne la Vie, s’interroge sur ce et ceux qui l’entourent, cogite et ressent tout avec une folle et nouvelle intensité.

Une figure de père, qui tient le coup dans la tourmente, pilier confident patient, homme gouvernail, tuteur qui permet de pousser haut. Une mère en morceaux qui se met en pause le temps d’une reconstruction. Un camarade de classe qui en a justement, un alter égo aux épaules solides et qui voit juste.

Une histoire d’amour forcément, un amour sororal au-delà du sang, un cri d’alarme pour ouvrir les yeux au monde et à la richesse de l’altérité.

Tout ce que je lis me parle de ce regard de l’enfance sur le monde, sur cette viscérale nécessité à ne pas fermer les yeux et à ouvrir son coeur. Eric Pessan, Timothée de Fombelle, Cécile Coulon, Joanne Richoux, Anne Loyer, Vincent Villeminot, Clémentine Beauvais, Vincent Mondiot, Florence Hinkel, Stephane Servant, Yves Grevet, Marie Desplechin, Aylin Manço et tant d’autre… ces traces de l’adolescence n’en finisse pas de m’emporter loin…

Elle avait l’air si jeune. En même temps il m’avait semblé qu’elle connaissait vraiment la vie, ou plutôt qu’elle connaissait de la vie quelque chose qui faisait peur.

Résumé Editeur : Adolescente surdouée, Lou Bertignac rêve d’amour, observe les gens, collectionne les mots, multiplie les expériences domestiques et les théories fantaisistes. Jusqu’au jour où elle rencontre No, une jeune fille à peine plus âgée qu’elle. No, ses vêtements sales, son visage fatigué, No dont la solitude et l’errance questionnent le monde. Pour la sauver, Lou se lance alors dans une expérience de grande envergure menée contre le destin.
Mais nul n’est à l’abri…

Autrice : Delphine de VIGAN
Edition : Edition JC Lattès – Version Livre de poche – 6,40 euros
Année : 2007

De la même autrice : 
– Les Gratitudes
– Les loyautés (chroniqué ici)
– Rien ne s’oppose à la nuit
– D’après une histoire vraie
– Les heures souterraines
– Un soir de décembre
– Les jolis garçons

 

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