Monsieur Firmin

Encore une fois, je me suis fait alpaguée par une couverture. La lumière du décor urbain baigné d’un soleil étrange m’a captivée, m’invitant à m’attarder sur la discussion entre ce jeune garçon et ce vieil homme. Un titre énigmatique qui, forcément, donne envie d’en savoir plus.

Si on approche l’oreille, on pourrait presque entendre ce qu’ils chuchotent. Un secret entre amis ? Une confidence ? Un passage de relais entre deux mondes ? 

Monsieur Firmin n’est plus tout jeune, son coeur est malade, c’est le « Kardiologiste » qui le dit, et on ne peut pas le réparer, alors il doit se ménager. D’un coup, par ces premiers mots posés sur la page de gauche, par la force de l’écriture manuscrite de cet enfant, on entre dans son univers, son imaginaire, son quotidien, auprès de cet ancêtre qui pourrait être son arrière-grand-père.

Les mots sont simples, des constats des petites choses de la vie, à  sa hauteur d’enfant. Au travers de ces mots presque banals qui s’enchaînent un peu maladroitement, témoin d’un pure naïveté, semble poindre une sensibilité à fleur de peau, un émerveillement progressif. Ce garçon qu’on surnomme Microbe découvre l’univers de ce Monsieur Firmin, un personnage qui va compter pour lui.

Il nous a raconté qu’un jour avec la Fanfare Militaire du Bataillon d’Altkirsh Cérémonie du Souvenir, il a joué de la musique avec les autres. Alors ils ont arrêté la bataille.

Tout au long de l’ouvrage, en bas des pages, un « fil rouge » graphique donne le rythme : un « bip » qui résonne, un battement de coeur, celui d’un coeur qu’on surveille car il semble ne pas avoir un rythme régulier.

Si les images et le ton du récit – des mots d’enfants placés ça et là à son gré – peuvent donner une atmosphère légère, le fond de l’histoire est tragique, émouvante. Car, d’un coup, le « BIP » n’est plus là. Un accident. 

Un jour, c’est à cause du chien de Monsieur Firmin. Il voulait attraper un papillon, mais à la place, il m’a fait tombé de vélo et je suis tombé. Alors les pompiers sont venus et ils m’ont emmené.

Ce n’est pas le coeur de Monsieur Firmin qui s’est arrêté mais la vie de l’enfant qui est en suspens. La scène de cet enfant sur un lit d’hôpital, dont l’une des mains est entre celle du vieil homme, inquiet, est d’une grande émotion. 

La vie reprendra-t-elle son son cours et permetra-t-elle aux deux amis de fêter à eux deux, leurs 100 ans ? Il faut aller lire le livre pour le découvrir !

Le travail sur la construction des pages d’illustrations, toujours dans les mêmes couleurs chaudes, est très soigné, comme des toiles de peintures. Les ombres et touches de lumière participent à créer une atmosphère particulière qui rend les personnages très attachants.

Une jolie et émouvante histoire d’amitié entre un enfant de 7 ans et un vieil homme de 93 ans. Chacun à l’un des bouts de la vie. Un récit doux et tendre vu à hauteur d’enfant, pour faire passer un message sur la tolérance, l’amitié quelle qu’elle soit.

Bilboquet, ça vous dit quelque chose non ? Mais oui ! Vous connaissez cet éditeur, c’est celui de La Petite Casserole d’Anatole : un grand coup de coeur pour cet album qui traite avec talent du handicap et son traitement en animation très touchant.

Auteur / Illustrateur : Laurent TARDY
Edition : Collection Les messagers – Editions Bilboquet – Texte illustré – 40 pages  – 14 euros
Année : 2016

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Du même auteur : 
– Hansel et Gretel
– J’sais pas lire et écrire, c’est pareil
– L’autre histoire de Blanche-Neige
– Simon une histoire de poisson
– Lettre à ma douce

 

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