 Imaginez « Il était une fois dans l’ouest » version « Le grand détournement » arrosé d’un soupçon de « Cinemastock » de Gotlib et du film « Le Magnifique » de Philippe de Broca, et vous aurez une petite idée de ce que j’ai ressenti à la lecture de ce petit bijou d’humour délicieusement loufoque.
Imaginez « Il était une fois dans l’ouest » version « Le grand détournement » arrosé d’un soupçon de « Cinemastock » de Gotlib et du film « Le Magnifique » de Philippe de Broca, et vous aurez une petite idée de ce que j’ai ressenti à la lecture de ce petit bijou d’humour délicieusement loufoque.
Une lecture à deux niveaux : une histoire drôle d’attaque de diligence pour tous les enfants amateurs des jeux de cowboys et d’indiens, mais également un récit farfelu, truffé de jeux de mots et de répliques de films les plus clichées les unes que les autres.
Tous les ingrédients du western spaghetti y sont réunis, version parodique, les rafales de coups de banane et le ketchup en plus. Deux chasseurs de prime aux noms résonnant comme « Smith et Wesson » (Smith et Nelson) mais pas tout à fait du même calibre (plutôt Owen Wilson et Ben Stiller) sont sur un coup fumant : le pire des Powboys sanguinaires Jack O’Magouille de mèche avec les vils Woodiens attaqueraient la Diligence chargée d’or reliant Little Town Town à Big City. Il faut agir et vite, les deux compères pas très fut-fut tentent de prévenir la Mairesse et le Shérif Mc Colty quand ils tombent sur une bande (enfin deux sauvages emplumés) de Hollywood : les Woodiens. Allez, ça y est, on plonge dans le délire absurde, un régal !
Du calme, du calme, jeune Woodien. Tu as l’air rusé comme un rhododendron. Alors, si j’étais toi, je poserai tout de suite cette banane sur le sol.
Nous attendrons le passage de la diligence du haut des falaises de Big Canyon pour l’assaillir. Nos épis transperceront leurs cache-poussière… Et leur vieux coeurs mouriront dans un frisson farouche.
 Alors là, on touche au sublime ! Comment amener dans cette impitoyable intrigue située au Farwest une touche de poésie (même si elle semble absurde) ? Et hop, une référence à Verlaine, là, d’un coup. Ça vous en bouche un coin non ? Je vous remets le poème en entier, ça vaut son pesant de cacahuètes. Rien que le titre, ça vous pose un héros en quelques secondes : Bon chevalier masqué qui chevauche en silence. Le bandit masqué ? Zorro ?
Alors là, on touche au sublime ! Comment amener dans cette impitoyable intrigue située au Farwest une touche de poésie (même si elle semble absurde) ? Et hop, une référence à Verlaine, là, d’un coup. Ça vous en bouche un coin non ? Je vous remets le poème en entier, ça vaut son pesant de cacahuètes. Rien que le titre, ça vous pose un héros en quelques secondes : Bon chevalier masqué qui chevauche en silence. Le bandit masqué ? Zorro ?
    Bon chevalier masqué qui chevauche en silence, 
 Le Malheur a percé mon vieux cœur de sa lance.
Le Malheur a percé mon vieux cœur de sa lance. 
 Le sang de mon vieux cœur n’a fait qu’un jet vermeil
Le sang de mon vieux cœur n’a fait qu’un jet vermeil 
 Puis s’est évaporé sur les fleurs, au soleil.
Puis s’est évaporé sur les fleurs, au soleil. 
 
  
 L’ombre éteignit mes yeux, un cri vint à ma bouche
L’ombre éteignit mes yeux, un cri vint à ma bouche 
 Et mon vieux cœur est mort dans un frisson farouche.
Et mon vieux cœur est mort dans un frisson farouche. 
 Alors le chevalier Malheur s’est rapproché,
Alors le chevalier Malheur s’est rapproché, 
 Il a mis pied à terre et sa main m’a touché.
Il a mis pied à terre et sa main m’a touché. 
 
  
 Son doigt ganté de fer entra dans ma blessure
Son doigt ganté de fer entra dans ma blessure 
 Tandis qu’il attestait sa loi d’une voix dure.
Tandis qu’il attestait sa loi d’une voix dure. 
 Et voici qu’au contact glacé du doigt de fer
Et voici qu’au contact glacé du doigt de fer 
 Un cœur me renaissait, tout un cœur pur et fier
Un cœur me renaissait, tout un cœur pur et fier 
 
  
 Et voici que, fervent d’une candeur divine,
Et voici que, fervent d’une candeur divine, 
 Tout un cœur jeune et bon battit dans ma poitrine !
Tout un cœur jeune et bon battit dans ma poitrine !
    Or je restais tremblant, ivre, incrédule un peu, 
 Comme un homme qui voit des visions de Dieu.
Comme un homme qui voit des visions de Dieu. 
 
  
 Mais le bon chevalier, remonté sur sa bête,
Mais le bon chevalier, remonté sur sa bête, 
 En s’éloignant me fit un signe de la tête
En s’éloignant me fit un signe de la tête  
  
 Et me cria (j’entends encore cette voix) :
Et me cria (j’entends encore cette voix) : 
 « Au moins, prudence ! Car c’est bon pour une fois. »
« Au moins, prudence ! Car c’est bon pour une fois. » 
 Désolée, Monsieur Verlaine, mais vu le contexte de l’histoire dans laquelle vous êtes propulsé malgré vous, je ne peux que sourire.
Désolée, Monsieur Verlaine, mais vu le contexte de l’histoire dans laquelle vous êtes propulsé malgré vous, je ne peux que sourire. 
Bref, quiproquo et rebondissements en tous genres avec la panoplie complète des acteurs de western : shérif corrompu, juge véreux, fausses attaques de diligence, smoothies frelatés, prison, dollars et chasseurs de primes. On entendrait presque John Wayne et Dean Martin : « Je crois que tu en dis un peu trop, Joe, espèce de vielle canaille ! T’as raison, Bill, y a un pied-tendre de trop dans ce saloon ». Un soupçon de Lucy Luke à Daisy Town, une larme de « Mon nom est personne », une louche de dramaturgie à la « Rio Bravo », une rasade de « Le bon la brute et le truand », et hop : succès garanti !
S’il vous plait, ne me tuez pas trop…
 Bravo à Anne-Sophie Tilly et Fabienne Brunner pour cet album-roman très efficace, mêlant humour et poésie pour peindre en technicolor et cinémascope l’imaginaire très manichéen des jeux enfantins et des westerns.
Bravo à Anne-Sophie Tilly et Fabienne Brunner pour cet album-roman très efficace, mêlant humour et poésie pour peindre en technicolor et cinémascope l’imaginaire très manichéen des jeux enfantins et des westerns. 
Du premier degré à déguster au quatrième degré : à se rouler par terre pour l’audace et la qualité du scénario. Jubilatoire !
Auteure : Anne-Sophie TILLY
 Illustratrice : Fabienne BRUNNER
 Edition :  Frimousse – Collection L’Album – Roman – 40 pages  – 13,50 euros
Année : Octobre 2016
 
															
Un commentaire
merci Blandine ! Oui un super moment de rigolade, pour une lecture à plusieurs niveaux.