Et le ciel se voila de fureur

Quel titre, quelle lecture, quel souffle, quelle épopée ! Un voyage chaotique au XIXe siècle qui laisse un goût de poudre sur la langue, l’écho de cavalcades enfiévrées dans les oreilles, la poussière des terres de l’Ouest américain au creux des mains, l’odeur métallique du sang versé au nom d’une vengeance à fleur de narines et la chaleur d’un amour familial qui palpite plus fort malgré tout au fond du cœur.

« Tout a commencé par une roue brisée. »

Quel incipit ! Quasiment aussi puissant qu’ « Au commencement était le Verbe », n’est-ce pas ? Et cette référence n’est pas un hasard.

Le récit s’ouvre sur un horizon : la confidence d’une femme à une autre femme, une transmission exclusive après plus de 100 ans, le dépôt d’une mémoire familiale incroyable. Nous sommes en 1977, et ce que Lisbeth, 116 ans, s’apprête à confier à cette jeune journaliste pourrait bien être plus que le récit d’une simple femme… Les souvenirs remontent progressivement et vont emporter les récipiendaires, reporter comme lecteur, dans une aventure explosive à couper le souffle.

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Grand silence

Depuis sa sortie en juin dernier, ce livre me hante. Beaucoup d’avis enthousiastes, des libraires, des lecteurs et pourtant un malaise qui persistait.

Une peur, plutôt. La peur de se confronter à un sujet si grave et qu’il ne faut pourtant absolument pas taire : les violences sexuelles commises sur les enfants.

La postface de Théa Rodjzman est édifiante, les chiffres sont insupportables et pourtant ce roman graphique a trouvé la manière d’aborder le sujet sans voyeurisme ni violence. 

« Sur une île inconnue où vivent des humains qui nous ressemblent, une sorte d’usine géante œuvre depuis toujours. Cette étrange usine a pour mission d’avaler les cris rendus muets des enfants. Elle s’appelle Grand Silence… »

Dès les premières pages, le ton est donné, un parti pris chromatique enveloppant, parfois inquiétant, parfois bienveillant, toujours empreint d’intelligence. Ce « conte » tel qu’il a été défini par l’autrice traite ce sujet si délicat et grave sans brutalité ni complaisance.

Un ouvrage puissant qu’il est nécessaire d’ouvrir pour se plonger dans ces douleurs dont on étouffe les cris et nous aider à libérer la parole, la voie/x qui permettra de dire l’indicible, de dénoncer l’insupportable, d’ouvrir les yeux sur une réalité qui ne devrait pas l’être.

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La pouilleuse

(c) Sarbacane

Besoin d’air !

Je termine à l’instant la lecture de ce roman coup de poing : ma gorge est serrée, mon regard sur la 4e de couverture reste comme bloqué, le malaise qui me prend a un arrière goût nauséeux. Heureusement que c’est une fiction et non un article de presse car comment continuer à espérer dans l’humanité quand on lit ce genre d’histoire d’une violence gratuite aussi glaciale. Inspiré d’un fait divers ? Ok, je vais vomir, je reviens.

C’était le dernier Clémentine Beauvais que je n’avais pas lu, et je crois qu’il va me hanter pendant un certains temps encore…

Cela paraissait commencer en toute légèreté : un matin, 5 élèves d’un lycée parisien chic décident de sécher les cours. Certes, encore une fois. Blasés, imbus d’eux mêmes, indifférents à tout, ce n’est pas un journée de cours off qui changera la face de leur vie. Et pourtant… Il va suffire d’un instant, le croisement de deux trajectoires qui n’avaient aucune raison d’entrer en collision et c’est le dérapage ultime vers le cauchemar. Sur un coup de tête, ils kidnappent une fillette de 6 ans d’origine africaine à l’entrée de la piscine municipale. Elle avait un pou sur la tête et ils vont la bousculer verbalement puis physiquement, pour s’amuser, sans aucune morale ni arrière pensée.

Le récit est porté par l’un des lycéens, David, qui a rejoint la bande récemment. Devant la bande décidée à torturer la gamine, il doute mais ne sait pas vraiment pourquoi il n’intervient pas, cela semble le dépasser. Ils sont peu concernés par leurs actes, ça fait froid dans le dos.

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L’instant de la fracture

Quelle gifle ! 

UNE LECTURE EN APNÉE…

40 pages d’une forte tension, un monologue intérieur douloureux, une catharsis en ébullition.
Une écriture directe qui vous gifle et vous plaque contre le mur.
On a envie de hurler, de se débattre mais on est lié au narrateur, pris par la main par cet enfant, cet ado, cet adulte dans cette spirale infernale sans pouvoir dire quelque chose…

Un texte dense, une ode millimétré, qui vous égratigne, qui vous sort de votre torpeur confortable, qui vous rappelle que la vie ce n’est pas toujours un bonbon sucré hein, jamais en fait. Un texte comme un cri, un appel au secours intérieur, un cri étouffé, qu’on veut entendre et qui s’étrangle. Et ce bout d’enfance qu’on piétine, qu’on bafoue, qu’on éteint, qu’on tarit… 


UN SILENCE FORCÉ.
Le coeur au bord de lèvres, à en pleurer.

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