La langue des choses cachées

Un texte comme un souffle – ou plutôt comme une transe – bouillant et fiévreux, comme l’explique l’autrice elle-même. On y conte l’intime, le trouble, le brutal, le secret, la douleur enfouie, le silence générationnel, les traces profondes du sang, le mystère des hameaux déchirés, l’espoir du cicatriciel.

On y suit un fils, un jeune guérisseur, appelé dans un village reculé, loin de la mère qui connait elle aussi la langue des choses cachées. Cette langue que peu savent entendre. Celles et ceux-là mêmes, ces êtres souterrains qui savent se mêler aux autres pour soigner, apaiser, maitriser les flammes.

Des chapitres cours comme des visions en flashback, comme des images que le rêve ou le cauchemar projettent contre nos paupières, qui tissent au fur et à mesure les contours de cet homme providentiel qui ne doit jamais laisser de traces, comme lui a toujours appris sa mère. Sauf cette nuit-là.

L’écriture sensible et brute de Cécile Coulon, encore une fois, qui nous ouvre le temps d’une nuit hypnotique un récit sombre et poétique.

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Le jardin de Baba

Encore une fois, une couverture m’éblouie au point de m’arrêter devant l’étal de ma librairie et de contempler cette image comme un tableau. Sans doute la lumière qui entoure le petit enfant et sa grand-mère convoque-t-elle le surgissement de souvenirs d’enfance. L’image comme prise sur le vif malgré le travail d’aquarelle est saisissante d’émotions.

Alors, on tourne la couverture de cet album pour retrouver les deux personnages avec des étoiles pleins les yeux.

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Le plus bel été du monde

C’est de saison, alors replongeons dans ce doux album qui sent bon l’enfance.

C’est l’histoire de l’été d’un enfant, dans cette maison de famille avec sa mère, lieu de liens et de souvenirs.

C’est l’histoire de ces petites joies qu’on partage ou qu’on vit tout seul, l’insecte qu’on trouve et qu’on conserve comme un bijou ou ces bonbons oubliés qu’on retrouve dans un placard, la découverte d’un oiseau, la cueillette des mûres, l’araignée dans la salle de bains… 

Ce sont ces moments de passage des membres de la famille, des moments de joie comme des moments plus graves.

C’est l’histoire d’une enfance, génération après génération finalement, de ces découvertes estivales que l’on fait dans un paysage aquarellé qui vous absorbe par la beauté de sa simplicité. De cette éternelle capacité d’émerveillement de l’enfance.

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La maison de la plage

Une histoire de famille qui vous happe et vous transporte entre les époques, en vous tenant par le bout du coeur.

L’émotion monte progressivement et intensément. 

Cette maison familiale vous ouvre les portes de ses souvenirs sensibles et touchants. Un travail sur le rythme et la couleur particulièrement soigné, jeux d’ombres et de lumières selon les heures de la journée, selon les tranches de vies des protagonistes et les humeurs. Oui, voilà, j’ai aimé, profondément.

Bientôt plus sur le blog car ces personnages et leurs destins croisés sont véritablement attachants, on a du mal à les quitter.

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Mon frère

Toujours une émotion vive à l’écoute d’une lecture si active, engagée, vibrante livrée par un auteur sensible qui vous prend par la main, et vous emmène avec lui au plus profond de ses souvenirs d’enfance, pour vous les confier. 

Une incursion dans la vie privée de Daniel Pennac, entre lui et son frère, entre lui et Bartleby de Melville qui vous enveloppe entre fiction et réalité.

Un livre comme une confession, un témoignage, un bout de vie commune posé là pour mémoire et hommage.

Je ne sais rien de mon frère mort si ce n’est que je l’ai aimé.
Il me manque comme personne mais je ne sais pas « Qui  » j’ai perdu.
J’ai perdu la gratuité de cette affection, l’agrément de cette compagnie, la profondeur de ce silence, la distance de cet humour, la délicatesse de cette attention, la sérénité de ce jugement , cette intelligence des situations , la paix. J’ai perdu ce qui restait de douceur au monde. Mais qui ai-je perdu ?

La narration alterne pans de vie personnelle et extraits choisis de Bartleby, mis en scène par le romancier. Les souvenirs en appellent d’autres, au fur et à mesure des chapitres.

En écoutant Daniel Pennac parler de son frère, on est instantanément projeté dans son univers, bien présent avec lui, partageant la lecture incantatoire qu’il prodigue au lecteur. Et ce lecteur nous semble être son frère lui-même. Ce frère qui s’incarne au fil des mots, des dialogues, des confidences. Tour à tour, le lecteur se fait spectateur, assis aux côtés du narrateur Pennac quand il parle de sa relation fraternelle, ou assis en face du comédien sur scène lorsqu’il convoque Melville.

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