No et moi

Encore une fois, il n’est jamais trop tard pour vivre ce type d’émotions.

Un truc étrange depuis quelques temps, l’enfance frappe à la porte de tout ce que je lis.

Pas si étrange, pas si étanche…

Sous la forme de chemin chaotique et inespéré comme la rencontre big-bang de cette fragile No et de cette incroyable Pépite, Lou, ce petit bout d’humain au grand coeur, porté par une maturité qui l’encombre parfois et lui donne cette force improbable, cet amour pur qui peut abattre les murs du silence et ouvrir le champs des possibles, parce que si on veut on peut, parce que lorsqu’on se promet d’être ensemble, on doit se battre pour cette promesse, une promesse pour la vie, pour le meilleur et pour le pire.

Après Les Loyautés (qui résonne encore par la force du propos, la finesse des sentiments retranscris, le cri d’alarme d’une adolescence qui tâtonne au point de se risquer de se brûler les ailes à tout prix), ce roman No et moi paru il y a déjà 12 ans n’a pas pris une ride. La justesse de la voix de cette jeune narratrice est troublante face au silence de sa mère, son abandon, l’urgence du coup de foudre avec No qui sombre.

Beaucoup de violence, beaucoup de tristesse, quelques éclairs de soleil qui rallume l’espoir et cette fureur de survivre qui vous emporte et vous chahute le coeur au fil des pages.

Une fillette hors norme, intellectuellement précoce, comme ils disent sans vraiment comprendre ce que cela signifie, une observatrice méticuleuse qui depuis son silence questionne la Vie, s’interroge sur ce et ceux qui l’entourent, cogite et ressent tout avec une folle et nouvelle intensité.

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Pull

(c) C. Lebourg

Malheur, Pull a commis une chose terrible !

Deux secondes à fureter dans la gare pour un petit pipi et le chien a perdu Francis. Pull s’en veut d’avoir abandonner son maître et, pour tenter de le rattraper, il se met à galoper derrière un train qui le mène… dans une petite gare de banlieue, à la campagne.

Heureusement la petite troupe canine autour de Groucho le recueille et lui redonne au fur et à mesure le goût de vivre.

Le vieux train décrépi devient sa nouvelle demeure, où il apprend la vie en collectivité. Mais chaque jour, il repart à la recherche de Francis, avec ce sentiment coupable d’être entièrement responsable de cette séparation. Malheureusement, ce n’est pas concluant, et malgré l’aide de ses nouveaux camarades du refuge, il doit se rendre à l’évidence : Francis ne reviendra pas. Il découvre alors que l’amitié est une force qui peut réchauffer le coeur, surtout autour d’une tarte aux poireaux-jus de poubelle.

Quelle délicate manière de parler de l’abandon de nos meilleurs amis l’été avant les vacances en imaginant que ce sont eux qui ont perdus leurs maîtres par inadvertance… Un joli clin d’oeil pour sensibiliser les plus jeunes à la responsabilité d’avoir un animal de compagnie.

Encore une fois, le travail sur les couleurs et la lumière des aquarelles de Claire Lebourg est magnifique, plein de douceur, empreint de poésie agrémenté d’une touche d’humour. Les expressions de cette brochette de chiens perdus sont brossées avec tendresse, les rendant très attachants. Une histoire de toutous un peu cabossés par la vie mais aux grands coeurs.

Un album comme une fable sur la force de l’amitié et l’esprit de famille, celle que Pull s’est choisie. 

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Palmir

(c) A.P.

« Parfois le courage, c’est partir… » 

Encore une fois, la force de la couverture, magnifiquement construire par Amandine Piu, m’a invitée à ouvrir les pages. Comment ce petit bout de dragonneau, cet enfant si fragile sous la valise qu’il porte, cerné par autant d’agressivité rouge sang, ne peut-il pas vous attendrir ? « Viens là, on va t’aider, n’aie pas peur, aie confiance », c’est ce qu’on a envie de lui souffler doucement à l’oreille.

Car l’histoire de Palmir, c’est l’histoire d’un voyage nécessaire : le parcours d’un enfant qui fuit son pays. Un sujet d’une triste actualité, et traité avec une grande sensibilité, à hauteur d’enfant. Un livre nécessaire.

Avec peu de mots, mais des mots forts de sens, Gilles Baum trace le chemin de cet enfant déraciné qui doit affronter des obstacles lui paraissant infranchissables, seul, loin de tout support et de tout réconfort. Sa force, c’est son courage, il doit avancer au péril du danger, parce que là-bas, dans ce lointain horizon, il pourra à nouveau trouver sa place.

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