Je suis leur silence

J’avais été séduite par la série « Les Beaux Etés » et conquise par « Malgré Tout », alors c’est avec impatience que j’ai suivi les étapes jusqu’à la sortie du nouvel album de Jordi Lafebre.

Ce que j’aime ? Hmmm, tout, je pense. Son talent pour détailler les expressions des personnages, les montrant au quotidien dans toute leur humanité, brossant leurs petits défauts comme leurs atours. Les cadrages, les jeux de lumière, les petits détails plein de tendresse, les pleine pages comme les constructions de cases ciselées. Et surtout un scénario très bien ficelé qui embarque le lecteur / la lectrice dans un voyage intense aux côtés des protagonistes.

Et ici, avec « Je suis leur silence » (quel titre !), c’est tout d’abord un coup de cœur pour l’héroïne principale : Eva Rojas, une psychanalyste qui se retrouve au milieu d’un imbroglio familial au coeur du Domaine viticole Monturos. Comme le dit le sous-titre, il s’agit d’un polar à Barcelone. Le ton est donné.

On marche alors aux côtés de la craquante Eva qui, obligée de suivre une analyse avec le Dr Llull (personnage éminemment important), dresse jour après jour, quasiment heure par heure l’incroyable la semaine qu’elle vient de vivre. Cet homme est chargé d’évaluer sa santé mentale, du fait de son comportement jugé « excentrique » ces derniers temps. Sur le mode d’une enquête policière, Eva explique comment elle a découvert un cadavre au sein de ce domaine viticole célèbre et trouvé l’assassin. Elle est très douée pour résoudre des énigmes, et a priori des crimes. Petit bémol, elle entend des voix, mais qui sont-elles ?

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Les larmes de l’assassin

La rencontre avec cet ouvrage tient à l’intervention de Anne-Laure Bondoux lors de la soirée virtuelle de lancement du guide En quête d’un grand peut-être de Tom et Nathan Lévêque.
Tous les formats qui peuvent donner aux plus jeunes l’envie d’entrer en lecture sont les bienvenus. Et la BD ou le roman graphique en font partie.

Thierry Murat repart du texte pour y apporter son ressenti, sa lumière. Sans rien connaître de l’histoire de Paolo et d’Angel, je me suis laissée porter par l’univers graphique de cette contrée aride, presque hostile, au sud extrême du Chili.

Entre ombre et éblouissement, le décor planté par Thierry Murat saisi dès les premières planches. On suit la route de ce petit Paolo arraché à l’enfance par la brutalité d’un homme énigmatique, qui n’a pas d’autre choix que de survivre à ses côtés. Les jours ocre et terre de sienne chassent les nuits bleu ardoise.

Et toujours cette voix, ce narrateur intérieur qui revient sur cette relation étrange en train de se tisser entre les deux personnages. Deux solitudes qui s’accrochent l’une à l’autre, malgré la peur et le danger, malgré la noirceur du coeur de l’un et les rêves de liberté de l’autre. Deux vies que tout devrait opposer, liées pourtant comme les deux bouts d’une même histoire, la fin de l’un, le début de l’autre.

Un roman graphique qui touche au coeur, interroge, secoue et laisse l’impression d’avoir fait un bout de chemin auprès des personnages, bercé par les souvenirs de cet enfant déraciné.

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