Encore un roman dont il est difficile de sortir, complètement, indemne… Un bon livre, par définition. Un roman qui vous tient en alerte tout en vous kidnappant dans son univers fantastique. Un livre qui, une fois la dernière page tournée, reste ouvert dans votre esprit et continue de vous parler avec cette musique si particulière et envoûtante. Oui, j’ai aimé !
Dès les premières lignes, le lecteur est happé, pris à témoin. Une tension forte s’installe en quelques mots et nous plonge au coeur d’une angoisse palpable, un cauchemar qui paraît très réel. Les exergues de Poe et Stephen King nous avaient prévenus pourtant… Et d’un coup, tous les éléments pour créer l’état d’urgence sont là : cri de douleur, peur, terreur, impuissance, appel au secours.
Un samedi matin, Julie se réveille en hurlant de son rêve, un rêve étrange et déchirant. Elle est un petit garçon japonais perdu dans la forêt d’Hokkaido, volontairement et totalement abandonné. Mais est-ce vraiment un rêve ?
La frousse, la trouille, les miquettes, les jetons, les chocottes, les foies, les grelots… Ça vous parle à vous ? Parce que question peur, Max, il en connait un rayon, lui, et pas qu’un peu. D’ailleurs, il l’affirme haut et fort : « Moi, Max, je n’ai pas peur de le dire : j’ai peur. Le roi du stress, le prince de l’angoisse, ne cherchez pas : c’est moi. » Tiens, tiens… ça me rappelle quelqu’un… vaguement hein… (non pas que moi, j’ai des noms…)
Bref, dans la vie de ce jeune garçon de 10 ans, rêveur et nerveux, une peur indicible a pris bien trop de place et cela ne peut plus durer : il lui faut un remède. Devant cette urgence, un matin au petit-déjeuner à l’heure où la tartine tente le plongeon du 10m avec effroi, Max décide de s’ouvrir (non pas les veines) et d’en parler à ses parents. Mais voilà, quand on est considéré par ses géniteurs comme « un stressé de la vie depuis sa naissance », pas commode d’être écouté sérieusement, ils dédramatisent toujours tout. Surtout avec des parents à fond dans leur travail, dont les mains se sont transformées en smartphone à force de les tripoter en permanence et qui sont obnubilés par les devoirs. Passeraient-ils à côté de leur enfant ?
– Si tu travailles d’arrache-pied, m’assure mon père, tu iras loin, toi aussi.
Cette histoire de pieds arrachés m’a longtemps, elle aussi, paru mystérieuse. Et contradictoire avec le fait d’aller loin.
Max a du mal à se concentrer, il a la tête ailleurs, il pense à des choses, des choses préoccupantes. Son monde est peuplé de monstruosités en tous genres, de questions apparemment insolubles sur le sens de l’univers, et il n’arrive pas à en parler. Même à l’école, c’est la catastrophe dès qu’il tente de se confier. Et dès que la nuit arrive, le cortège d’Angoisse & Cie se pointe sous la forme de sanglots terrifiants venant du grenier. Rien à voir avec une question d’isolation défectueuse, Max est persuadé que ce sont des fantômes. Son imagination lui jouerait-elle des tours ?
Quand il me prend dans ses bras, qu’il me parle tout bas, je vois la vie en ROoooooooseuh… Ah oui ? Vraiment ? Et bien ce n’est pas le cas de tout le monde !
Dans la famille Machin-Chose, il y a six garçons : Arnaud, Basile, César, Dagobert, Evariste et Fernand.
Une famille Machin-Chose ? Dont les prénoms suivent un ordre alphabétique ? Tiens, tiens, ça me rappelle les aventures d’une sacrée brochette de bananes irrésistiblement narrées par le talentueux Jean-Philippe Arrou-Vignod (que si tu ne connais pas, et bien je te prie de courir tout de suite chez ton libraire pour acheter et dévorer ce livre, s’il te plait !) : les fameux Jean-Quelquechose ! (Joly clin d’oeil Mme Fanny !)
Bref. Des garçons, ça bouge, ça crie, ça se salit. Ahlalalala ! Quand soudain, voilà-t-i-pas qu’une mignonne vient juste d’éclore (toute référence avec un certain P. de R. et une histoire de rose qu’il faut aller voir déclore est absolument fétexpré). UNE FILLE !!!!!!!
Vous aimez les belles histoires d’aventures et de courage aux temps des samouraïs où une jeune héroïne dépasse ses peurs pour le bien commun ? Moi aussi ! Et ma licornette aussi !
Alors entrez vite dans l’univers de Tokoyo, une petite fille déterminée à braver les pires dangers pour sauver son père.
L’histoire de Tokoyo est une légende japonaise peu connue, mais cette jeune guerrière aventurière est largement reconnue pour sa bravoure et sa force.
Fille d’un samouraï, Tokoyo a grandi dans un petit village de pêcheurs. Un jour, un grand drame s’abat sur sa famille : accusé par un félon jaloux d’avoir empoisonné le Seigneur de Guerre en place, son père est banni sur les Îles Oki : un territoire éloigné, sauvage et entouré de monstres légendaires.
Tokoyo n’écoute que son amour pour son père et décide de tout quitter pour partir à sa recherche. Le voyage rempli d’embûches se révèle une véritable quête initiatique pour cette jeune combattante. En effet, comme dans toute bonne légende, le protagoniste est très vite confronté à son pire ennemi, que ce soit un danger réel ou ses propres peurs intimes.
C’est une maladie d’avoir deux papas ?
N’importe quoi, dit Violette.
Mes papas, ils s’occupent trop bien de moi.
Je les aime tous les deux, et puis c’est tout. »
Un album plein d’intelligence tout en tendresse et en finesse pour évoquer les familles homoparentales.
Joli coup de coeur pour ce texte en rimes légères mais qui sonnent juste de Emilie Chazerand et le trait subtil des illustrations délicates et parfois drôles de Gaëlle Souppart.